Ouvrons ce Pot par une triste nouvelle dont nul ou presque n’a parlé ces derniers jours.
Pleyel, fondé en 1807, va fermer son dernier atelier de Saint Denis en dépit d'un recentrage stratégique opéré en 2007 vers la fabrication de pianos haut de gamme. A quoi bon faire des efforts de design et d’inventivité quand le taux de change meurtrier de l’euro plombe la compétitivité de toutes les activités françaises ?
La Confédération française des métiers d'art (CFMA) est claire et nette : "Cette disparition est symptomatique du plan social de grande ampleur actuellement à l'oeuvre dans le secteur des métiers d'art. Chaque jour, des ateliers et des savoir-faire ancestraux, constitutifs de l'ADN économique et culturel de notre pays, disparaissent". Vous pouvez légitimement être inquiets, chers lecteurs. Pleyel vient d’interpréter notre chant du cygne mais vous ne l’avez pas encore entendu.
2 - Sapin l’avait senti !
«Il y a un État (en France), mais c'est un État totalement en faillite » déclarait Michel Sapin en janvier. Il aura fallu onze mois à Standard & Poor’s pour commencer à se ranger à l’avis de cet initié. Commencer car pourquoi «AA» seulement ? Prenons pour une fois un peu d’avance et allons directement au classement «D», celui précisément de la faillite consommée. Çà sent le sapin ...
3 - L’offensé offensif
Juillet 2013 : le Parlement, à l’instigation de l’Enfumeur, abroge le délit d’offense au chef de l’Etat. Novembre 2013 : 70 personnes sont interpellées sur les Champs-Elysées pour avoir hué le chef de l’Etat. La cohérence, il n’y a que cela de vrai.
4 - Lire Eugène Ionesco pour comprendre François Hollande
«Lorsque la parole est usée, c’est que l’esprit est usé» notait Ionesco dans «Amédée ou comment s’en débarrasser», charmante élucubration écrite au milieu des années 1950.
Il y était question d’un homme qui n’osait plus sortir de chez lui, claquemuré dans l’impuissance, ravagé par la peur d’une paire de jambes funeste qui grossissait inexorablement dans la pièce d’à côté, sombre allégorie du péril qui guette celui qui ne tente rien. Tel est notre Mou-Président, qui ne peut ânonner que des platitudes, dans des discours désormais couverts par le bruit des huées.
François Hollande ... mais comment s’en débarrasser ? A l’évidence, le président qui voulait être normal fera tout pour rester à l’Elysée, n’en déplaise aux poseurs de banderoles, manifestants et blogueurs ulcérés. Il sait qu’il n’a politiquement droit qu’à un changement de gouvernement jusqu’en 2017. Il va donc ramper avec Jean-Marc Ayrault jusqu’aux élections municipales, priant le Ciel et les compagnies de CRS pour que la violence ne s’empare pas de la France d’ici là. L’exercice est compliqué : il faut réprimer les protestataires, chaque jour un peu plus nerveux, plus nombreux, plus déterminés. Mais la moindre bavure, le premier bonnet rouge ratatiné par un coup de matraque trop violent et ce sera l’escalade.
Le régionalisme intransigeant fait pour l’occasion son retour, rappelant soudain à la République une et indivisible qu’elle ne l’est pas tant que cela. Aujourd’hui la Bretagne, demain le Nord, la Lorraine, l’Alsace. La gauche, désemparée, traite les protestataires du 11 novembre de factieux. Mais qui sont les ennemis de la République sinon ceux qui la gouvernent si mal et qui lui ont menti si effrontément ? Amusant jeu de contre-emploi où l’on dénie aux courroucés le droit de crier leur colère sur la voie publique en les déclarant fascistes.
Au milieu, comme des pantins perdus, s’agitent les Malek Boutih, les Ségolène Royal, les Anne Hidalgo, qui savonnent la planche de leurs chefs. Quand on a des amis comme ceux-là on n’a pas besoin d’ennemis ... C’est la chienlit, aurait déclaré De Gaulle. Mais aujourd’hui, elle est au pouvoir.
Car nul remaniement ministériel ne parviendra désormais à traiter le mal dont souffre la France : une économie en voie de paralysie, tétanisée par la peur du lendemain, des charges, des faillites. Nul nouveau Premier ministre ne sera populaire plus de quelques semaines. François Hollande le sait et il est probable qu’il aura du mal à trouver un masochiste pour remplacer Ayrault, ce qui doit d’ailleurs constituer le seul motif de satisfaction de ce dernier.
D’où viendra alors l’étincelle ? Comme souvent, des anciens soutiens du pouvoir qui seront soudain ses opposants les plus enragés. Dès que, dans la disette budgétaire et face à la remontée des taux d’intérêt, l’Etat commencera à différer le paiement des traitement de certains fonctionnaires, le sol se dérobera sous les pas du gouvernement. Le «mur fiscal», que les Américains ont connu pour des raisons politiques, aura en France une cause directement financière. La stagnation du PIB, sa décroissance même, que l’Insee nous annonce à nouveau depuis hier malgré les discours lénifiants tenus par Bercy, ne laissent aujourd’hui à François Hollande aucune chance d’atteindre 2017 sans troubles graves.
Chez Ionesco, Amédée finissait par découper le corps envahissant mais lui-même n’en réchappait pas. Il vient un moment où la crise est salutaire, aussi douloureuse soit elle.
5 - La preuve par Hirsch
Après avoir obtenu des galons de bonne conscience dans le «Charity-business», vogué de droite à gauche, fréquenté le gouvernement Fillon puis tenté de le faire oublier, Martin Hirsch reprend du service chez ses ex-nouveaux-ré-ex amis du PS. C’est la France des petits malins dans toute sa splendeur.
Sa mission ? Remettre de l’ordre à l’Assistance publique de Paris selon les canons socialistes, c’est à dire ne pas effaroucher les syndicats, différer les mutations, ne pas gêner la candidate Hidalgo à la mairie. Faute de l’avoir fait, la précédente directrice a été congédiée. Il suffit de lire le communiqué satisfait de la CGT pour comprendre le pourquoi du comment : «L’USAP-CGT salue la décision de démettre Mireille Faugère de son poste de Directrice Générale. Cette mesure prise par le gouvernement est la conséquence de la pression constante mise par notre organisation syndicale et les personnels en lutte qui depuis 5 ans se battent contre la politique d’austérité et de casse de l’AP-HP mise en place avec zèle par Mireille FAUGERE.»
En ville, on retourne sa veste, à l’hôpital on retourne sa blouse ?