Du côté de Saul, je suis content qu'il puisse sincèrement dire à la fin de l'épisode qu'il a passé une bonne journée. Le personnage méritait cette bouffée d'air, cette victoire à la fois personnelle en renversant l'équilibre entre Javadi et lui, mais aussi professionnelle face à un Lockhart plus véhément que jamais. Les scènes avec Javadi donnent l'occasion de montrer la souffrance de Saul face au passé et aux actions de l'homme qu'il considérait comme un ami, mais aussi d'un mal bien plus proche, celui de l'attentat qui a tué ses amis, comme il l'explique si bien. En plus de ça, on nous donne surtout l'occasion de voir Saul en pleine action. Alors que depuis le début de la série c'était Carrie sur le devant de la scène, c'est Saul qui nous en met plein les yeux. Mandy Patinkin est un acteur fantastique et je me régale de cette douceur agressive qu'il dégage. Ses face à face avec Shaun Toub, qui joue Javadi, sont géniaux et la relation, le passé entre ses deux hommes est plus que crédible, il en devient palpable. J'ai trouvé la façon qu'à Saul de gérer Lockhart était à la fois ingénieuse et hilarante. D'autant plus lorsque Dar Adal comprend le fin mot de l'histoire et se range du côté de Saul. J'ignore si c'était un résidu d'allégeance avant de le poignarder dans le dos lors de la passation de pouvoirs, mais Adal remonte un peu dans mon estime. Il est désormais clair que cette saison aborde un thème intéressant au niveau de la fonction de la CIA. Alors que les vieux agents comme Saul ou Adal voient un intérêt majeur à posséder des éléments comme Javadi, des nouveaux comme Fara ou Lockhart ne pensent qu'au résultat immédiat, à l'importance de la punition, du message public, plus que le long terme et l'impact sur le futur de l'agence. Pour finir avec Saul, j'ai vraiment été attristé à l'idée qu'il ait réussit un coup de maître avec Javadi mais reste complètement aveugle vis à vis de ce qu'il se passe avec sa femme. C'est assez horrible, même si prévisible. J'apprécie cependant que cela ne prenne pas une place trop grande dans l'histoire et que ça s'inscrive dans l'ensemble de l'épisode.
La troisième intrigue m'a étonné au premier abord mais j'ai finalement trouvé que c'était la plus marquante des trois. Je parle bien entendu de la scène de crime de Javadi et l'implication de Quinn, malgré lui soupçonné de meurtre. Cet aspect de l'épisode n'est en lui même pas spécialement intense ou haletant. Bien au contraire, on ne joue pas l'aspect paniqué mais cette violence passive inhérente aux agences gouvernementales. On a tous vu des tonnes de films ou séries où la CIA, le FBI ou autres grosses initiales viennent flasher leurs badges et mettre des bâtons dans les roues des locaux pour une question de "sécurité nationale". L'exaspération et la colère de l'inspecteur montre cette violence et la réaction de Quinn en fin d'épisode illustre bien l'épuisement moral qu'un agent peut avoir à force de faire disparaître la réalité, n'être qu'une ombre dans un monde de secrets. Quinn montre tristement qu'il avoue un meurtre qu'il n'a pas commis et ne peut simplement pas être arrêté car il est de la CIA. On nous explique que tout ça est un système bancal et destructeur qui invalide tout semblant de justice.
Un très bon épisode, passionnant du début à la fin et explorant de nouvelles choses. Homeland est en plein mouvement et parvient pour le moment à proposer une troisième saison de qualité. L'absence de Dana dans l'intrigue est rafraichissant et l'absence de Brody m'a moins ennuyé que les fois précédents. J'ignore totalement vers quoi on se dirige pour la suite mais je suis persuadé que je ne suis pas au bout de mes surprises.