Charlotte Parfois

Publié le 13 novembre 2013 par Hunterjones
Une dame du nom de Sarah, dont la mère avait aussi fréquenté ce même internat, avait fait visiter à Charlotte sa nouvelle école.
Le lendemain toutefois, Charlotte se réveilla sur place mais trouva soudainement le lieux quelque peu changés. Sensiblement la même décoration austère, mais une odeur, une atmosphère, un ton plus sombre. Comme si la vie était soudainement en noir et blanc. En gris surtout.
Au passage d'une pièce où on lui avait montré un petit salon garnie de trois divans et d'une télévision, se trouvait maintenant simplement deux fauteuils anciens et une vieille radio. Sur le mur, un calendrier...de 1918...
Charlotte s'était couchée en 2013 et s'était réveillée en 1918...

Pendant sa classe du jour, elle ne reconnut personne. Une jeune fille, bien vite imposée comme amie, allait toutefois la reconnaître...enfin, presque...puisqu'elle l'appelait Claire et qu'elle se présentait comme sa soeur, Émilie. En 1918, Charlotte serait Claire. Charlotte écrira ses états d'âmes dans un cahier d'exercice qu'elle cachera dans la patte du lit dans lequel elle se couchera. Une lettre de Charlotte à Claire. Qui es-tu? Comment suis-je arrivée ici? Que se passe-t-il?
Le lendemain, lorsqu'elle se réveillera à nouveau, mais cette fois en 2013, elle relira ce qu'elle avait écrit la veille dans son cahier d'exercice, confirmant bien que la veille, elle avait vécu une journée de 1918 au même endroit. Elle passera une journée scolaire de 2013 sans dire mot à quiconque de son aventure.
Je crois que je deviens folle...

Convaincue d'être de retour en 2013 pour toujours, Charlotte se réveillera toutefois le lendemain, encore en 1918. Cette fois, elle semblera prisonnière de 1918. Elle se réveillera encore le surlendemain en 1918, avec Émilie "sa soeur" et toujours empruntant l'identité de Claire puisque c'est comme ça qu'Émilie l'appelait. Émilie lui parlera de leur frère Arthur, décédé à la guerre, de leur père, se battant dans cette même guerre, au front, peut-être encore vivant et de leur mère, inexistante, morte de tristesse.
Charlotte, en 2013, avait également une famille, qui ne la voyait pas souvent car elle était à l'internat, mais elle avait aussi une soeur, Emma, au même internat, et qui devait s'inquiéter de son absence. Charlotte était en conflit interne avec elle-même. Son identité devenait de plus en plus brouillée. Elle luttait, en 1918, afin de rester Charlotte mais on l'appelait Claire...Elle allait faire la connaissance de plein de nouvelles amies. Tant de nouveaux noms, de nouveaux visages, si anciens...
Une nuit, avec sa soeur Émilie, elles tenteront d'évoquer l'esprit d'Arthur. Elles ne réussiront pas mais entendront tout de même une voix de fille, étouffée au loin. Un cri d'angoisse. Charlotte/Claire, rusée,  proposera d'évoquer une amie à elle, disparue: Charlotte. Émilie ne comprendra pas car elle connaissait toutes les amies de Claire et savait qu'aucune d'entre elles ne se prénommait Charlotte, ni n'était disparue. Mais elle se prêterait au jeu. L'évocation sera interrompue par une jeune surveillante de nuit, Miss Shields, qui les sommera d'aller se coucher en silence.

Continuant d'écrire dans son cahier d'exercice ce qui lui arrive, ses états d'âmes, Suis-je la mère réincarnée de cette Sarah de 2013? la réincarnation n'est-ce pas une fantaisie placée dans le futur? Charlotte se réveillera chaque matin en 1918,  jusqu'à l'armistice de novembre.
Cette nuit-là, se rendant se coucher, elle dormira pour la dernière fois en 1918. Le lendemain matin, le 12 novembre 2013, elle sera de retour à notre époque, dans le même dortoir, avec cette fois une amie, Élizabeth, dans la même chambre qu'elle et sa soeur Emma, de deux ans son ainée, qui ne semblera pas avoir noté son absence du tout.
Charlotte ne parlera à personne de son expérience. Elle découvrira que son enseignante est la vieille Miss Shields, adolescente, de 1918.

Elle ira voir dans la patte de son lit si ses écrits y étaient bien toujours, si elle n'était pas folle.
Ses écrits y seront.
Claire quelque temps, Charlotte maintenant.
Elizabeth la surprendra devant son cahier d'exercice. Elle la regardera comme si elle savait exactement ce qui se passait. Drôle de jeu de regard. L'avait-elle connue sous une autre forme en 1918? Tant de noms à se rappeler, tant de rêves inachevés...

Charlotte se rendra voir Sarah, celle qui lui avait fait visiter l'internat. Sarah lui expliquera que sa mère se prénommait Émilie...
Et que la soeur de sa mère, Claire, était décédée subitement le lendemain de l'armistice...
Charlotte aura un flou-à-l'âme.
Ce qu'on appelle des fois un déjà vu.