En 2008, le militant espagnol anticapitaliste Enric Durán a emprunté 492 000 € à 39 organismes de crédits différents. Sans aucune intention de les rembourser, il a reversé son argent à des associations.
Enric Duran promeut la création de « coopératives intégrales » permettant au moyen d’une monnaie locale de fournir du travail autogéré à des personnes au chômage ou insolvables. Avec cette action, souhaitait dénoncer le système financier comme quelque chose d’insoutenable et montrer que l’on pouvait être désobéissants, courageux, et se responsabiliser.
Il s’est alors renseigné sur les rouages du système d’emprunts pour exploiter les failles. La Banque d’Espagne communique les informations sur les prêts aux autres banques mais seulement pour les prêts supérieurs à 6 000 €. Du coup, il n’a demandé que des prêts inférieurs à ce montant pendant deux ans et il transférait systématiquement l’argent pour ne pas que l’on contrôle ses comptes.
Un Hold-up sans haine et sans violence de 492 000 € ! Le militant a reversé tout l’argent des banques à quelques causes anticapitalistes indéterminées et le reste à « Crisi », un journal gratuit qui a détaillé sa façon de procéder et encouragé la population à faire pareil.
Les médias alors ont compris que ce journal était distribué dans la rue et comme ils ne voulaient pas passer à côté de cette histoire, cela a permis à l’activiste de toucher un maximum de monde et ainsi de faire passer son message au plus grand nombre.
Ce geste de Robin des Bois des temps modernes a fait de lui un héros du jour au lendemain, mais Enric Durán a passé deux mois en prison en 2011 avant d’être relâché en attendant son procès, qui s’est tenu fin le mois dernier. Au minimum, il risquait 8 ans de prison, ce qui explique sûrement pourquoi il a refusé d’assister aux premières convocations. Durán est en fuite et un mandat d’arrêt a donc été émis à son encontre.
Illustrations © Enric Durán - VIA