Faut-il interdire les licenciements ?
Publié Par Baptiste Créteur, le 13 novembre 2013 dans Travail & emploiAlors que les plans sociaux se multiplient, l’interdiction des licenciements est régulièrement proposée comme une solution. En est-elle une ?
Par Baptiste Créteur.
Les plans sociaux se multiplient et chacun d’entre eux constitue, pour beaucoup, un drame, un accident de la vie qui les précipite dans le chômage. Syndicats et partis politiques démagogiques n’hésitent pas à proposer leurs solutions miracles : interdire les licenciements. Quand les entreprises font du profit, ou quand elles sont cotées, ou dans tous les cas, le raisonnement est simple : si on interdit les licenciements, il n’y aura plus de licenciements.
Un peu comme la consommation de cannabis d’ailleurs : c’est interdit, et… Ah. Comment, même en prison, dites-vous ? Comment diantre est-ce possible ?!
Interdire les licenciements n’est pas une solution ; et si l’idée farfelue effleurait l’esprit des démagauchistes (voir le Petit Dictionnaire Incorrect mais vaillamment illustré, d’H16 et Olivier Vitri) d’interdire le chômage, il faudrait équiper la planète entière de rires en boîte. On ne peut pas plus interdire le chômage qu’on ne peut interdire la pluie.
L’idée aurait au moins le mérite de recentrer le débat sur le réel enjeu, celui de l’emploi, comme expliqué face à Nathalie Arthaud sur Europe 1 (à partir de 40:30 sur l’enregistrement) le 8 novembre :
Le vrai drame, ce n’est pas de tomber dans le chômage. Le licenciement c’est un accident, aussi bien dans le parcours de vie d’une personne que pour une entreprise. Le vrai drame, ce n’est pas cet accident, c’est de ne pas pouvoir se relever après cet accident, c’est de ne pas pouvoir retrouver un emploi.
Interdire les licenciements quand une entreprise fait du profit, c’est lui interdire d’anticiper en ne lui laissant la possibilité de s’ajuster que lorsqu’il est trop tard et qu’elle réalise des pertes. Et surtout, interdire les licenciements ne résoudra pas le problème du chômage.
La vraie question, c’est le solde des emplois créés, c’est-à-dire la différence entre les créations d’emplois et les destructions d’emploi. Quand on ne peut pas licencier, on embauche moins car l’employeur sait qu’il se trouvera fort dépourvu une fois la crise venue.
Et il y a pire : ces emplois qui auraient pu être créés mais ne le sont pas en auraient créé d’autres. L’activité crée l’activité, et la productivité et l’innovation permettent de progressivement augmenter la valeur ajoutée, de réduire le temps consacré aux activités basiques et répétitives, et d’offrir de nouveaux produits et services. C’est pour cette raison qu’une vision malthusienne de l’économie et du monde, qui considère que le temps de travail doit être « partagé », génère du chômage et du sous-emploi. Les salariés et les employeurs y perdent. La demande de travail est infinie.
Et interdire les licenciements ne résorbera pas le chômage ; l’entreprise qui aurait dû licencier et réduire la voilure en attendant des jours meilleurs ou pour se recentrer sur ses activités cœur fera faillite et non pas une partie, mais tous les salariés seront sur le carreau.
Pour résoudre le problème du chômage, il faut laisser les entreprises se créer et développer leur potentiel ; il faut cesser de les entraver par des taxes et des réglementations. Le chômage augmente en même temps que grossissent les différents codes qui régissent la vie des entreprises, pourtant censés protéger les salariés et réguler un marché réputé inefficace.
Si on taxe les cigarettes pour dissuader les fumeurs, pourquoi taxer le travail ?
Mais laisser les entreprises et leurs salariés prospérer rendrait redondants les partis et syndicats, qui évidemment s’y opposent et jouent les vautours, tournent en cercle à chaque plan social autour du futur cadavre de l’entreprise dont ils prétendent défendre les salariés.
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