La résistance à toute réforme en France est une évidence
Publié Par Bernard Martoïa, le 13 novembre 2013 dans PolitiqueIl est facile de comprendre pourquoi l’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé la solvabilité de ce pays. La France ne parvient pas à faire la moindre réforme. Cela a aussi des implications pour l’ensemble de l’Europe.
Par Christoph B. Schiltz, depuis l’Allemagne.
Traduction : Bernard Martoïa
François Hollande épaulé par Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale. Est-ce de la compassion ?
La France est un bel exemple de la façon dont l’auto-évaluation d’un pays peut diverger avec la réalité1 : la « grande nation » est depuis longtemps un gros problème. Le nouveau déclassement de sa note de crédit n’est pas une surprise.
Les allégations arrogantes du Premier ministre Ayrault envers l’agence de notation Standard & Poor’s qui n’aurait pas pris suffisamment en considération toutes les réformes que le gouvernement a menées jusque là, étaient malheureusement également prévisibles. Elles montrent clairement que le sommet de la classe politique en France constitue une partie du malaise2.
Du point de vue allemand, le développement politique et économique en France est une source de grande préoccupation. Comme la France est avec l’Allemagne le leader de l’Europe, un gouvernement qui n’est pas à la hauteur de sa tâche dans sa propre maison, ne peut plus prétendre conduire l’Europe. En outre s’ajoute le fait que la protection déjà chancelante de l’UE pour sauver l’euro va empirer avec le déclassement de la solvabilité de la France parce que Paris avec Berlin sont les deux plus grands contributeurs du Fonds européen de stabilité financière.
Les violations continues des exigences contenues dans le pacte de stabilité
Mais Berlin a une raison supplémentaire d’être en colère vis-à-vis de Paris : les nombreux changements législatifs concédés à Bruxelles par la chancelière Merkel en faveur d’une « union de stabilité » s’avèrent un salmigondis de paragraphes en caoutchouc : la France répudie le nouvel endettement, renie gaillardement toute obligation, et s’en tire en plus sans dommage. Elle donne toujours le mauvais exemple aux autres nations endettées.
Est-ce qu’une amélioration substantielle de nos voisins est en vue ? Non ! La France a non seulement un gouvernement faible, mais aussi une population rétive à toute réforme. Même les plus petits changements provoquent de vives protestations.
La fonction publique doit demeurer pléthorique3. Les coûts élevés de main-d’œuvre, la faible capacité d’exportation et la rigidité du marché du travail rigide ne devraient pas également changer dans un avenir plus ou moins rapproché. Ce sont de mauvaises perspectives non seulement pour la France, mais aussi pour l’Allemagne et l’Europe4.—
« Reformresistente Franzosen verkennen sich selbst » publié par Die Welt le 08.11.2013.
Notes du traducteur :
- Cela fait longtemps que les Français sont atteints de schizophrénie. Tout le monde le sait à l’exception d’eux-mêmes. ↩
- La classe dirigeante technocratique, issue de l’ENA, est doublement atteinte de schizophrénie car elle reste persuadée que son modèle socio-économique est le meilleur du monde et qu’elle a toujours raison envers et contre toute évidence prouvant le contraire. Sa réaction après la dégradation de Standard & Poor’s le prouve une fois de plus. ↩
- Pas plus la fausse droite que la vraie gauche n’a réussi à faire maigrir le mammouth qui est une chasse gardée des syndicats. ↩
- Dans cette affaire de pacte de stabilité comme en d’autres concernant les traités européens ou tout dernièrement la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne avec l’abrogation du monopole de la sécurité sociale par l’arrêt n° 59/12, la France a autant de considérations pour ceux-ci que pour les dix-sept constitutions dont elle s’est dotée depuis sa révolution de 1789. Avant de se marier avec les Français en 1992, les Allemands auraient dû y réfléchir à deux fois. Les filles vertueuses ne se marient pas avec des libertins narcissiques qui n’en ont cure de leur contrat de mariage. ↩