Orthodontie: un appareil dentaire révolutionnaire?

Dernière modification le 12-11-2013

Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents parus aux éditions Luigi Castelli 

Alors que les Journées de l'Orthodontie viennent de se terminer, on apprend qu'un nouvel appareil dentaire pourrait révolutionner la pratique de l'orthodontie.

Petite histoire des appareils d’orthodontie

Pour rappel, l’orthodontie cherche à déplacer les dents pour les aligner le plus parfaitement possible. Elle est différente de l’orthopédie dento-faciale qui agit sur les mâchoires. L’orthodontie peut se pratiquer à tout âge, même chez des adultes, alors que l’orthopédie est réservée aux enfants en croissance.

Les premiers appareils d’orthodontie étaient amovibles et agissaient grâce à des vérins et/ou à des ressorts intégrés à une plaque en résine fixée sur les dents par des crochets.

Ensuite sont venus les bagues et brackets ou attaches métalliques collées sur les dents, les fameux « rails de chemin de fer » . Encore appelés multibagues ou multi-attaches, ces dispositifs fixes permettent des déplacements dentaires plus précis car mieux contrôlés, mais ont d’autres inconvénients et effets secondaires décrits dans Orthodontie, halte au massacre, dont ceux de créer des contraintes permanentes sur les dents et les mâchoires. De plus, le métal placé en bouche se corrode au contact de la salive et peut ainsi créer des réactions allergiques (en particulier à cause du nickel contenu dans beaucoup de dispositifs) et/ou des phénomènes d’intoxication chronique.

Derniers venus sur le marché des appareils orthodontiques, les aligneurs transparents type « Invisalign » n’ont pas cet inconvénient car dépourvus de tout métal.

L’appareil pneumatique, une révolution en orthodontie

Créé, développé et mis au point par la société israélienne Aerodentis, après sept années de recherche fruit de la collaboration entre ingénieurs et orthodontistes, ce nouveau dispositif orthodontique est présenté comme « un appareil dentaire pneumatique à impulsions électriques ».

En pratique, tout débute par une consultation classique chez son dentiste ou son orthodontiste qui, après avoir réalisé et posé un diagnostique précis, prend des empreintes des mâchoires de son patient. A partir de celle-ci, un laboratoire spécialisé dans cette technologie réalise un moule en silicone de l’arcade dentaire. Porté par le patient durant la nuit, le moule orthodontique est relié à une console qui (c’est là toute l’originalité de ce système) délivre des forces douces, régulières et contrôlées, par le biais d’un système pneumatique. Les « forces pulsatoires orthodontiques » (pulsating orthodontic force) seraient, d’après les concepteurs de cet appareil, plus efficaces et d’action plus rapide que les forces constantes délivrées par les appareils classiques, car, plus proches de la physiologie du corps, ces forces ne lèsent pas le ligament alvéolo-dentaire qui unit la dent à l’os et autorise le déplacement dentaire (des forces trop lourdes empêchent au contraire le déplacement de la dent).

Pour le patient, cet appareil présente l’avantage de ne devoir être porté que la nuit et à la maison (soit une dizaine d’heures par jour). L’appareil élimine également les autres inconvénients liés au port de métal en bouche (allergies, santé...), ainsi que tous les autres inconvénients et effets secondaires liés aux bagues, détaillés dans Orthodontie, halte au massacre.

Pour l’orthodontiste, c’est une petite révolution car l’activation de l’appareil ne se fait plus en agissant sur le fil métallique inséré dans les gorges des boîtiers ou « bagues », mais en modifiant directement le programme de la console en fonction des besoins. Il semble donc bien qu’une nouvelle ère s’annonce. Pour autant, bagues, attaches et fils métalliques sont-ils amenés à disparaître de la bouche des ados ? L’avenir le dira.

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