Sur
la une de ce matin de Página/12 (ci-dessus), vous avez reconnu la
Présidente argentine, Cristina de Kirchner, qui vient de subir
avec succès une lourde opération chirurgicale pour lui
éviter un accident cérébral. Un mois plus tard,
elle va bien et les médecins l'ont autorisée à
reprendre ses activités progressivement, avec retour au rythme
normal lundi prochain. C'est à ce retour au travail (trabajo)
que fait allusion ce gros titre : de la maison au travail. Reprise
d'une chanson de l'auteur-compositeur interprète Facundo
Cabral, De casa al trabajo del trabajo a casa. La chanson, très
entraînante et au refrain obsédant, raconte l'aliénation
par le travail d'une femme du peuple pas vraiment aidée par
son entourage.
Donc
cette fois-ci, la citation du gros titre n'est pas tirée d'un
tango. Il faut de tous les genres pour faire une culture nationale et
Facundo Cabral, qui n'était ni tanguero, ni rockero, ni
folclorista, fait désormais partie du panthéon des
grands de la culture argentine depuis qu'hélas une rafale
d'arme automatique a mis fin à sa vie à Managua dans
des circonstances jamais tirées au clair (voir mon article du 10 juillet 2011). Or le choix de cette référence
est d'autant plus drôle que la Présidente ne fait pas à
proprement parler partie de la classe laborieuse (même si ses
partisans de Página/12 l'y assimile volontiers) et qu'on sait
qu'elle n'a jamais vécu à la Casa Rosada, qui lui sert
de bureau, mais qu'elle a emménagé, dès
l'élection de son mari aux fonctions suprêmes en 2003, à
la résidence d'Olivos, séparée de Buenos Aires
par des kilomètres et des kilomètres d'inextricables
embouteillage sur la grande Avenida del Libertador. Pour se rendre
de l'un à l'autre lieu, elle prend donc l'hélicoptère,
à heures presque fixes, matin et soir, presque tous les jours
(1)
De casa al trabajo, del trabajo a casa, interprété par Facundo Cabral
En
manchette, la vignette de Rudy et Paz fait allusion à des
propos scandaleux (en tout cas dans l'interprétation polémique
qui en est faite) d'un conseiller en communication de Mauricio Macri,
qui a prétendu qu'Hitler était un type "formidable"
(espectacular). Aussitôt toute la gauche et la militance des
droits de l'homme (c'est tout un en Argentine) s'est levé pour
exiger des excuses, voire des poursuites judiciaires. Même les
ténors du PRO, le parti de Macri, ont désavoué
le conseiller en question. Or parmi ces ténors, il y a un
rabbin, très mondain et passablement bling bling, une vraie
publicité pour dentifrice ultra-bright, Sergio Bergman, qui
vient tout juste d'être élu député à
la Legislatura et qui en avale ses très exotiques kippas.
Bergman, outré (il y a de quoi), a déclaré qu'il
exigerait des excuses dès le retour au pays du conseiller
nazifiant (qui s'est barré à l'étranger après
ses propos explosifs). Même le frère de Macri, maire
dans la banlieue de Buenos Aires, a rejeté ces dires
inqualifiables (voir l'article de Página/12). Il est possible
que l'homme soit appelé à répondre de ses
déclarations devant la justice argentine. Tout cela a donné
une idée à nos duettistes de manchette :
Macri
à sa secrétaire : A noter sur mon agenda pour demain.
Chercher un conseiller image à mon conseiller image.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Sur
l'autre manchette, à droite, le titre fait référence
à la vente à une société financière,
le Fonds Fietech, de la société Telecom Argentina par
le groupe Italia Telecom qui se désengage du marché
argentin.
(1)
Quand je séjourne à Buenos Aires, je vis à
Monserrat et très régulièrement, j'entends le
vrombissement de l'engin qui passe au-dessus de nos têtes...