Pierre Marie Akeum, directeur de la Promotion et de la Protection de la famille et des droits de l’enfant au Minproff. Quels sont les résultats des efforts faits par le ministère de la Promotion de la femme et de la Famille pour encourager les mariages légaux ?
Depuis 2007, nous avons mis en place un programme national de préparation au mariage couplé de célébrations collectives. Dans ce programme, nous interpellons la responsabilité des parents qui abdiquent devant leurs devoirs d’encadrement. Faut-il le rappeler, le mariage est une exigence citoyenne. A ce jour, nous sommes à 15 000 mariages déjà célébrés. Ce programme répond au besoin social. Initialement, il était destiné aux couples indigents qui désiraient se marier.
Aujourd’hui, d’autres couches se sont intéressées. Aujourd’hui, par exemple, nous célébrerons le mariage collectif dans le corps de la Garde présidentielle. C’est une vaste opération qui va couvrir toutes les casernes.
Combien coûte cette opération à l’Etat ?
Pour l’exercice 2013, 40 millions de F ont été alloués pour ce projet. Ce budget reste très modeste par rapport à l’envergure du programme. Je rappelle que c’est près de 56% de couples au Cameroun qui vivent en union libre. Ce concubinage ne confère aucun droit à la femme. Les enfants issus de ces unions ont un statut complexe.
Il est surtout urgent d’infléchir les données actuelles. Les couples que nous marions ne dépensent rien. Le ministère offre le banquet nuptial.
On concède aux couples de porter leurs habits de dimanche et de venir avec la bague qu’ils veulent en guise d’alliance. Ce qui est important dans l’opération, c’est la préservation des droits de la femme et des enfants.
Pourquoi le « viens on reste » prospère-t-il tant au Cameroun ?
L’union libre ne date pas d’aujourd’hui. Le dernier recensement de l’habitat et de la population de 2005 révèle que seulement 43,7% de Camerounais âgés de plus de 15 ans sont légalement mariés. On peut trouver plusieurs explications à cette situation. Le mariage n’est plus un statut dont on rêve en priorité du fait de la pauvreté.
Les jeunes évitent ce statut parce qu’ils estiment qu’ils n’ont pas les moyens pour en assumer les responsabilités. De plus en plus, ils pensent que c’est une aventure sans lendemain. Les déviances sexuelles détournent aussi les jeunes du mariage. Devant cette situation, notre ministère a pensé qu’il fallait agir. C’est pourquoi depuis 2007, nous faisons de la sensibilisation au niveau national pour montrer l’importance des actes d’état civil. Nous avons pu identifier des couples qui vivent depuis 30 ans dans le concubinage. Dans certaines régions, l’opinion croit que l’acte de mariage embrigade la femme.