La lettre du Ministre Fame Ndongo que nous publions en intégralité dans ce journal, montre la détermination de ce dernier à détruire l'université des montagnes située à l'Ouest du Cameroun. Non content d'avoir participé à celle de notre système universitaire, il s'attaque à l'une des rares institutions qui marchait à peu près bien dans ce pays.
Depuis quelques temps, on se demande ce qui ne va pas avec ceux qui font semblant de nous gouverner à Yaoundé. Si ce n'est un prélat, visiblement dans une période où il hésite entre le temporel et le spirituel qui s'attaque à des journaux régionaux sur instructions dont celle du Délégué Général à la sûreté nationale, c'est le Président d'un parti politique - Maurice Kamto — qui est convoqué par la police nationale pour une puérile tentative d'intimidation.
La dernière correspondance sous réf: V/1 n° 2013/175/AED/BE du 02/11/2013 ayant pour objet: «Conditions de formation des filières Médicale, pharmaceutique et Odontostomatologique» signée par la principale créature de Paul Biya Jacques Fame Ndongo et adressée à l'Institut Supérieur des Sciences et de la santé ISSS est un véritable modèle d'imbécilité intellectuelle et politique.
Une volonté claire de pousser cette institution à la fermeture.
Qu'un homme qui aura été parmi l'un des fossoyeurs de l'enseignement universitaire en vienne, pour des motifs que tout le monde imagine, à fragiliser de la sorte l'une des rares initiatives qui marche relativement bien dans ce pays en dit long sur le peu d'épaisseur du personnage.
Un personnage qui fait parti d'un clan tribal qui depuis 31 années procède, à une destruction quasi scientifique des fondements de la République mis en place, quoi qu'on pense du personnage, par l'ex Président de la République Ahmadou Ahidjo.
Des camerounais, constatant ce déclin dans le domaine universitaire, ont forcé le pouvoir, de par la qualité de leur travail et celle des équipements, à leur donner une autorisation d'exercer dans la formation notamment celle du personnel hospitalier. Après des investissements colossaux dont un financement pas loin d'une demi-douzaine de milliards de FCFA, on vient modifier brutalement en chemin les règles sans même se soucier de la difficulté qui sera désormais celle des promoteurs de cette institution.
Plus grave, on leur interdit de «pleurer»; on brandit tout de suite la menace alors que des gens à peu près normaux comprendraient l'indispensable nécessité de dialoguer. Avec une hargne suspecte, le Ministre Fame Ndongo, comme tout individu à qui on a confié un pouvoir mais qui n'a aucun sens de l'Etat, menace: «par ailleurs, je tiens à rappeler que le non-respect, par vous, des dispositions réglementaires en vigueur entraînerait le retrait de l'habilitation à dispenser la formation médicales, pharmaceutique et symptomatologique et l'agrément du gouvernement en ce qui concerne ces filières». Autrement dit, la fin de l'Université des montagnes.
Pourquoi la création de l'Université des Montagnes?
Même si certains ont peur de le dire, nous affirmons que la création de l'université des montages vient de la «tribalisation» extrême des concours administratifs et de la dégradation de la formation universitaire dans le Cameroun de Paul Biya. Il faut dire que depuis le départ du pouvoir du Président Ahmadou Ahidjo, la politique des quotas réfléchie dans les concours d'entrée dans les grandes écoles a laissé place à une vaste escroquerie dans laquelle les ressortissants de l'ancienne province du Centre Sud sont toujours les plus grands vainqueurs. On peut s'étonner d'ailleurs, que les résultats desdits concours donnent une répartition régionale des résultats qui ne se vérifient ni au primaire, ni au secondaire. Mais le «Renouveau» ne s'arrête pas à de tels détails.
A l'époque d'Ahidjo, les choses, à défaut d'être justes, avaient au moins le mérite d'être claires. Les meilleurs aux meilleures places. Pour le reste, un quota bien précis de places était réservé à chaque province afin de «corriger» un certain équilibre en partie dû au développement inégal du pays. Le «Renouveau», dans un élan boulimique qui fera date, est venu détruire ce compromis pourtant bancal, en instaurant une «égalité dans les candidatures» toujours en faveur des ressortissants de l'ancienne province du Centre Sud. Lorsque les résultats du concours de l'Enam sont lus dans les médias audio visuels, on a la mauvaise im-pression qu'il s'agit d'une cérémonie quelque part dans le Centre et surtout le Sud au cours de laquelle un «patriarche» appelle successivement ses enfants pour leur donner sa bénédiction.
Des actions anti bamilékés qui se succèdent
On va encore nous accuser de voir le tribalisme partout. Mais si on ajoute à cette dernière «grande réalisation» de régime, la destruction spectaculaire de l'institut Monthé sans raisons valables, celle d'Intelar de Djeukam Tchameni, la Cbc... Les mises à mort de la Cofinest, Amity Bank, de l'imprimerie Rotoprint... cela commence à faire beaucoup.
Déjà Victor Tonyè Bakot, il y a quelques mois a montré la voie à suivre. On peut dire ce que l'on veut de ce prélat «déchu», mais personne ne peut nier sa «science» en matière de chasse aux Bamileké à l'Université Catholique d'Afrique Centrale. On peut être des critiques acerbes comme nous et reconnaître le «talent pur». Quel Camerounais ne se rappelle pas qu'il avait prétendu que les étudiants et les professeurs originaires de la Région de l'Ouest n'étaient que des tricheurs, les uns étant favorisés par les autres à travers des méthodes sophistiquées comme à la «technique» des signes sur les copies. Les conséquences, d’une telle sortie avaient conduit à la déportation du père Lado en Côte d'Ivoire et la mise à l'écart du père Ndongmo coupables de ne pas «s'appeler autrement».
Aujourd'hui, le Pape a mis hors d'état de nuire Monseigneur Tonyè Bakot ne partageant pas notre appréciation de son «immense» talent. Les journaux ont du coup moins de choses à dire. Mais pour atteindre le même niveau de cynisme «tribal», Fame Ndongo a encore du chemin.
Cependant, l'ensemble de son œuvre n'est pas mal de telle sorte qu'il est difficile de trouver mieux que lui au sein du pouvoir, à l'exception de «son créateur» qui comme tout bon créateur, est à la base de toute chose. Parmi ses créations„ il y a le tribalisme. La toute prochaine du «Renouveau» ne risque pas de lui donner le temps de «s'améliorer»? Par prudence, nous lui conseillons de préparer son mémoire de défense parce qu'à la fin du «biyaisme», nous serons nombreux à lui réclamer des comptes.
Mais à quelque chose malheur est bon. On va voir ce que valent les élus de l'Ouest qui poussent du monde à soutenir le Rdpc de Monsieur Biya. C'est bien beau de passer son temps à raconter des âneries sur les supposés bienfaits de la politique de ce dernier, feignant de ne pas voir que celle-ci, notamment avec la pratique des quotas, la division des camerounais en allogènes et autochtones.., ne visent qu'une seule Région de ce pays. Ceux qui ont organisé une gigantesque fête lors de la «nomination» de Niat Njifenji au Sénat n'ont qu'à aller lui demander de faire quelque chose pour son département d'origine qu'on est entrain de tuer. Ils constateront qu'au sein du Rdpc, le bamiléké n'est même pas relégué au rang de faire valoir. Que si on en a mis un au Secrétariat du parti, on a pris le «plus inoffensif» qui soit avec une mission claire: aider à tuer l'Ouest à petit feu.