Il fut un temps où la République Tchèque était connue pour son patrimoine architectural, son cinéma ou encore sa consommation de cannabis. Désormais, on ne la voit plus que comme l’eldorado du porno au rabais. Ce dont on est sûr, c’est qu’on ne nous en a jamais parlé comme d’une terre de handball. Avec raison : ils sont mauvais. Tous, sauf un irrésistible petit Jicha. Osons poser les questions : Est-ce que czech handballeur do vraiment everything for money ? Est-ce que parler de Filip Jicha uniquement pour caser une photo de « czech streets« , ça va se voir ?
Filip Jicha est probablement l’un des plus grands handballeurs de la dernière décennie – et pas seulement parce qu’il mesure 2 mètres au garrot pour une centaine de kilos. En termes de talent et de polyvalence, on peut le considérer comme l’un des 3 meilleurs mondiaux. Hansen, Karabatic, Jicha : trois mousquetaires aptes à faire frétiller la moustache de papa Dumas. Bref, un beau bébé tchèque représentant l’élite de son sport. Le lecteur attentif du Vestiaire – l’œil vif, une main sur sa souris, l’autre sur sa bière – ne se pose donc qu’une seule question : mais pourquoi que donc qu’il est totalement inconnu ?
2be or not 2be3
Premier élément de réponse, Jicha a beau être un grand sportif, ça ne reste que du handball. Pour les cancres du fond enchainés au radiateur qui n’auraient pas suivi, il s’agit d’un sport souffrant d’un sacré manque de médiatisation. Et non, le hand star game ne changera pas grand-chose à l’affaire. Sa renommée étant ce quelle est, les vierges amourachées ont toutes les chances du monde de confondre le petit Filip avec l’un des derniers grands penseurs français du siècle dernier.
Jicha bien qui rira le dernier
Lorsque l’on n’est pas français et que l’on ne joue pas en France, la seule solution pour être un handballeur connu est de se construire un palmarès international. Et là, gros handicap pour Filip Jicha, il a vu le jour à Plzeň. Naitre en République Tchèque n’est pas uniquement synonyme de mafia, d’alcoolisme notoire ou de corruption. En handball, ça veut aussi dire pas d’équipe nationale. Sauf si participer aux championnats du monde tous les 12 ans et d’Europe tous les 8 est considéré comme un brillant palmarès.
Oppa gonzo style
Filip l’a bien compris, il ne peut compter que sur lui-même pour faire carrière. Après quelques saisons dans son pays natal, l’enfant prodige s’exile. Précurseur de la mode actuelle, il file du côté du moyen orient se remplir les poches, puis dépose ses valises (de billets) en Suisse. Il s’envole ensuite vers la Bundesliga, affute son physique, aiguise ses lames et se taille une réputation au couteau du côté de Lemgo. Boucher en défense, artilleur en attaque : un gout de poilu qui séduit Kiel et lui vaudra le titre de meilleur handballeur IHF en 2010, 2 ligues des champions, 5 titres de champion et 5 coupes d’Allemagne.
Sauf changement de nationalité, Filip Jicha ne sera jamais champion du monde, d’Europe ou olympique. Vous aurez d’ailleurs oublié son nom dès la semaine prochaine. Si c’est la reconnaissance médiatique qu’il cherche, une reconversion dans le Gonzo est toujours possible du côté de Prague.
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