Eh oui, si surmonter son bégaiement est une chose, devenir fluent après des années de bégaiement en est une autre, et comporte parfois quelques surprises !
Car si tout le monde s'accordera à dire que le bégaiement nous pourrit la vie, il fait malgré tout partie de nous (qu'on le veuille ou non...), et s'en débarrasser (où du moins tout faire pour) veux peut-être aussi dire "se débarrasser d'une partie de nous"... C'est un débat qui me semble assez intéressant, mais je laisse la parole à Céline qui va nous faire part de son expérience :
Bonjour,
Je m'appelle Céline, j'ai 32 ans, je suis bègue depuis toute petite. Comme beaucoup de bègues, j'ai été suivie très vite par des psychologues, des orthophonistes, sans succès. Un jour j'ai décidé que je devais être normale.
J'ai eu ce déclic qui me manquait. Je me suis souvenue de ce que l'orthophoniste m'avait appris, et je me suis concentrée sur ma parole, me testant dans différentes situations et essayant chaque jour de bégayer le moins possible.
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Le jour de mes 18 ans, (22 octobre 2000) j'ai pris connaissance qu'il existait depuis peu la journée du bégaiement. Journée très instructive, je n'étais plus "seule", nous avions nous aussi une journée a nous, que je ne risquais pas d'oublier !
J'ai parcouru les sites sur le bégaiement et je trouve le tiens vraiment super, enfin quelqu'un qui nous aide à aller mieux.
Par contre, le gros problème que j'ai eu, c'est "l'après bégaiement" !
Je m'explique, durant toute mon enfance, je me suis crée un monde, des passions, des activités en relation avec mon bégaiement. Je m'y sentais bien, j'étais heureuse, mais un jour, j'ai pris la décision de vaincre cette prison virtuelle qui m'empêchait de m'exprimer par la parole. J'ai réussi.
Super, mais que devais-je faire? Quitter mes passions car j'étais devenue "normale"? J'avais atteins mon rêve, je n'avais alors plus d'objectif dans la vie. Cette situation a durée quelques années.
En faite, à chaque "retour" de mon bégaiement, je me sentais bien dans un sens car je retrouvais mes passions abandonnées suite à ma nouvelle vie, mais mal parce que je retrouvais ma prison virtuelle qui m'empêchait de parler. J'ai mis du temps à comprendre que mon bégaiement faisait partie intégrante de ma vie ainsi que mes passions.
A la manière de Freud, j'ai appris à régler mon problème par l'auto-analyse et ça n'a pas été simple. C'est pourquoi je pense qu'on ne parle pas assez de "l'après bégaiement" qui est aussi important que de parler du bégaiement.
Aujourd'hui, je vis normalement, j'ai pris conscience que le bégaiement était une force, et que tout ce que j'ai construis autour de lui fait et fera toujours partie de ma vie. J'ai appris à lire sur les lèvres pendant ma longue période de bégaiement, tant mieux.
Je n'ai pas à me sentir coupable d'avoir profité de mon handicap pour développer des qualités. Même si parfois les mots sont bloqués, tant pis, j'ai d'autres façons de m'exprimer. Je suis mi-bègue, mi-normale, et ça fait partie de mes qualités.
J'espère que mon témoignage sera utile.
Céline Merci à Céline pour ce témoignage ! Vous vous sentez concerné ? Vous souhaitez réagir ?
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