La Tour Paris 13, exemple de transmedia activism

Publié le 12 novembre 2013 par Marclindner @Socialtvfrance

C’est l’histoire d’un projet transmédia et artistique ambitieux, un peu fou et résolument intéressant : La Tour 13. Un bâtiment condamné à une fin proche mais investie dans l’urgence par une centaine d’artistes du street art sur plus de 11 niveaux. Le street art, par définition éphémère et condamné à disparaître,  trouvait de fait un écho important avec la disparition programmée de l’édifice.

Les visites ont débuté le 1er octobre et le bouche à oreille (grandement amplifié par le système de tags twitter et instagram) a été tel qu’il fallait attendre parfois près de 8h avant de pouvoir commencer la visite de la tour. Les visites se terminaient le 31 octobre (plus de 15000 visiteurs) c’est donc virtuellement, sur un site éphémère que la découverte des œuvres se poursuit. Celui-ci présenté un peu comme un webdocumentaire en terme de navigation propose une visite virtuelle de la tour en 360°, étage par étage, avec en prime des captations sonores ainsi que des vidéos.

Comme le reste du dispositif transmedia mis en place (hashtag Twitter et Instagram, application iPad), le site web éphémère a un but bien précis, outre celui de venir enrichir la visite réelle du projet : sauver les œuvres et leur offrir une seconde vie durable, cette fois sur Internet. De cette façon l’internaute est sensibilisé à une cause, d’autant plus que l’urgence du projet  constitue un important facteur de motivation qui va le pousser à ré(agir).

En cela, il représente un bel exemple d’une forme émergente du transmedia : le ‘transmedia activism’. En avril 2013, l’UCLA School of Theater, Film and Television, l’USC Annenberg School of Communication et l’USC School of Cinématic Arts proposaient lors d’un colloque une définition du terme: ‘There has been an increased amount of experimentation in ways that transmedia tactics can be deployed to encourage civic engagement and social awareness’. L’idée étant donc de permettre à une cause (sociétale, artistique etc.) de se déployer à travers un dispositif transmedia encourageant l’internaute à s’engager et à aboutir sur une action réelle.. Il ne s’agit donc plus d’utiliser le transmedia comme moyen de raconter une histoire mais plutôt de l’utiliser comme moyen de raconter une cause.

Cet appel à action va passer par des étapes cruciales : le ressenti émotionnel de la communauté, l’aide à la création et son aide à la diffusion. Dans le cas de la Tour13, le ressenti émotionnel est amené par le sentiment d’urgence vis-à-vis des œuvres. L’aide à la création (contributions photographiques) va de pair avec l’aide à la diffusion du contenu. Ce projet se caractérise par une utilisation notable des réseaux sociaux. L’engouement pour le projet  a amené les internautes à utiliser d’autres outils que ceux proposés initialement, utilisant le hashtag «#TourParis13» sur Twitter (4 500 tweets) et Instagram (15 000 photos) mais également sur Flickr, Facebook, Pinterest, Foursquare etc. L’intérêt de ces réseaux est leur capacité à capter un moment précis et à apporter de la réactivité qui prend tout son sens dans un projet artistique éphémère comme la Tour13 et qui est, d’une façon générale, bienvenue dans l’activisme.

Cinq jours avant la date fatidique, l’intégralité de la tour a été sauvée virtuellement par les internautes. L’aventure n’est pas totalement close pour autant et un documentaire sur France O sera diffusé à la rentrée 2014.