L'austérité pour tous ! (sur l'Irlande)

Publié le 12 novembre 2013 par Omelette Seizeoeufs
 

Dans mon billet d'avant hier, j'ai mis en lien cet article sur l'Irlande. Voyons un peu plus près comment l'austérité se passe quand un pays veut vraiment tout faire pour 1) sauver ses banques en avalant leurs dettes 2) miser complètement sur l'austérité pour se sortir du trou.

 

Le titre, d'abord : "Irlande: satisfecit de la troïka qui relève quelques fragilités". Tout va bien, donc ? La Troïka est contente, et c'est ce qui compte le plus.

Il y a de quoi être satisfait. Car, d'après la Commission, la BCE et l'FMI : "le programme irlandais reste sur les rails dans un contexte de retour à la croissance". Car, en effet, pour la première fois depuis longtemps, le pays connaît une croissance de 0,4 % :

The economy grew by 0.4% in the second quarter of the year, although this was much weaker than many economists had forecast.

Economists had expected growth of at least 0.8%.

En traduisant de l'anglais : bof. Les spécialistes continuent de croire que toute cette douleur va enfin avoir ses effets. Quand une petite amélioration arrive (et c'est une série d'environ… un seul trimestre), ils ont tendance à déboucher le champagne un peu tôt.

Et ces fragilités ?

Malgré cet examen de passage réussi, la troïka met en garde contre plusieurs risques, à commencer par celui d'un dérapage budgétaire si les dépenses ne sont pas maîtrisées cette année, notamment dans le domaine de la santé.

Si l'austérité échoue maintenant, ce sera la faute aux dépenses. Surtout la santé. Donc pas question d'essayer d'améliorer la vie des gens qui ont doublement souffert : 1) de l'austérité 2) de la récession. Le chômage est à 13 %, contre à peine 4 % avant la crise.

Mais le chômage… c'est la faute des chômeurs en général, non ? Pas celle de la Troïka, qui pense, malgré tout, à ces pauvres gens :

Quant au chômage, "il a commencé à refluer, mais reste très élevé", souligne encore la troïka, qui incite les pouvoirs publics à mieux accompagner les chômeurs vers le marché du travail.

Car évidemment, il y a beaucoup de boulot dans ce pays dont la croissance vient d'être positif depuis une poignée de semaines. Le problème, c'est que les chômeurs ne le voient pas. Il faut les accompagner, c'est tout.

Et maintenant que cette question est règlé, il y a autre chose ?

Eh bien, selon l'article de la BBC que j'ai mis en lien plus haut, 17 % des propriétaires de maisons sont en difficulté pour continuer à rembourser leurs prêts.

Vous n'allez quand même pas me dire qu'à cause de la récession il pourrait y avoir de nouveaux problèmes pour les banques ?

Espérons que non, car l'Irlande veut une "ligne de crédit de précaution".

La question qui se pose désormais pour Dublin est celle de l'attribution d'une ligne de crédit de précaution, afin d'éviter toute turbulence lors de son retour sur les marchés mais le gouvernement irlandais pourrait décider de s'en passer. Ce sujet fera partie des discussions de l'Eurogroupe jeudi à Bruxelles.

 

Et puis cette croissance :

"L'économie irlandaise connaît une croissance supérieure à la moyenne de la zone euro depuis 2011", souligne le communiqué, qui énumère les améliorations constatées, qu'il s'agisse des exportations, du commerce de détail, de la confiance des consommateurs ou des créations d'emplois.

Une croissance supérieure à la moyenne… à la moyenne d'une Europe complètement aux abois, au bord de la déflation.

Autrement dit, si l'Europe avait suivi l'exemple rigoriste de l'Irlande, elle serait peut-être… au même point ?