Quatrième de couverture :« Et toi, Lou, mon amour, avec quelle violence ressens-tu ces morceaux de vie ? »
Une famille. Il y a dix-sept ans, tout était là, le désir, la chambre, les biberons et les couches. Un hasard génétique a mis au premier jour sur le chemin de leur vie commune un invité-surprise. Une singularité qui fait que l’enfant Lou présente « des troubles sévères du langage et quelques diffi cultés associées ». La vie est facétieuse : maman fait des livres et papa travaille à la télé. L’histoire peut commencer. On y trouvera ce qu’il faut d’effi cacité et d’errances hospitalières, d’usines à gaz et de belles solidarités, d’anges gardiens et de crétins patentés, une soeur aux petits soins et beaucoup d’amitiés, quelques mots venus de loin, la langue des signes et le sens du geste, la question de la transmission et celle d’une place à trouver pour chacun. Le chaos et l’amour. Et il y a Lou et ses yeux bleus, une héroïne rayonnante qui a révolutionné leur quotidien. C’est à elle qu’une mère et un père adressent ce dialogue.
Extrait LE P'TIT BAL
Nous dansons tous les trois. Nous dansons le bonheur au creux de notre coeur, le bonheur gagné de nos aventures respectives, et celui de cette journée exceptionnelle. Légers, heureux, concentrés, portés par notre histoire. C'est à l'exacte mesure de l'amour qui nous lie, qui nous tient et que nous pouvons ce soir exprimer devant nos familles et nos amis. C'est le théâtre de notre intimité qui ne pourra jamais se dire autrement ni un autre jour.
Pour ouvrir la fête, nous avons choisi «Le P'tit Bal perdu» de Bourvil parce que sa mélodie est si douce et qu'il raconte l'amour, la guerre et la solitude. Parce que surtout nous avons décidé que ce serait notre «p'tit bal» à tous les trois. Et tu danses, Lou, avec nous. Nous n'improvisons pas. Nous avons préparé et longtemps répété notre chorégraphie. C'est en langue des signes que nous reprenons le refrain. Et la ronde que nous formons, complices et espiègles, main dans la main, «les yeux au fond des yeux», est le symbole de notre force.
Un clin d'oeil à notre histoire, mais à bien y réfléchir, c'est plus que cela : le résumé de notre vie. Joyeuse, tourmentée, lumineuse, catastrophique, magnifique, singulière, passionnelle.
Notre public est presque aussi ému que nous. Un «grand bal», dira notre ami Rémy. Le plaisir que nous ressentons tous les trois ce soir-là est notre joyau.
C'est le jour de notre mariage, celui de «papa é maman», ma Lou, le 25 septembre 2010. Il fait très beau. La lumière sur le bassin est radieuse, comme celle de notre coeur. À la mairie, tu as, toi aussi, signé le registre.
(Refrain :) Non je ne me souviens plus Du nom du bal perdu. Ce dont je me souviens Ce sont ces amoureux Qui ne regardaient rien autour d'eux. Y avait tant d'insouciance Dans leurs gestes émus, Alors quelle importance Le nom du bal perdu ? Non je ne me souviens plus Du nom du bal perdu. Ce dont je me souviens C'est qu'ils étaient heureux Les yeux au fond des yeux. Et c'était bien... Et c'était bien...