John W waterhouse : la boule de cristal, 1902. Huile sur toile, 121,6 cm x 79,7. Studio Sébert photographes.
Dès que j’ai vu l’affiche, j’ai eu envie de voir cette exposition !! Une femme au teint diaphane de porcelaine, les yeux chastement baissés… mais laissant entrevoir une nudité suggestive et une volupté à peine sous-jacente…
John W Waterhause : Le chant du printemps, 1913. Huile sur toile, 92,4 cm x 71,5. Studio Sébert photographes.
On connaît finalement assez peu cette énergie créative anglaise de la fin du XIXème : j’avoue avoir connu et étudié Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti ainsi que le Préraphaélisme, mouvement artistique né au Royaume-Uni en 1848 qui tient la peinture des maîtres italiens du XVème siècle, prédécesseurs de Raphaël, comme les modèles à imiter ; mais je reconnais sans complexe mon ignorance quant aux autres peintres présentés issus de la collection Pérez Simon.
La joueuse de Saz par Wontner – « Désirs & volupté à l’époque victorienne » – Musée Jacquemart-André
Le Musée Jacquemart-André invite le grand public à découvrir les célèbres artistes de l’Angleterre de la reine Victoria au XIXème siècle, dont Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), Sir Frederic Leighton (1830-1896), Edward Burne-Jones (1833-1898) ou encore Albert Moore (1841-1893). A travers une cinquantaine d’œuvres exposées, les artistes de cette période ont en commun de célébrer le « culte de la beauté », à l’ère victorienne.
Frederic Lord Leighton : Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle, 1880.Huile sur toile, 76,8 cm x 27,2. Studio Sébert photographes.
Un peu d’histoire pour expliquer le contexte : couronnée en 1837, la Reine Victoria, surnommée « La Grand-mère de l’Europe » en raison de tous ses enfants placés sur différents trônes européens, constitue la figure centrale de la suprématie britannique. C’est sous son règne que l’Empire connaît son apogée, symbolisée entre autres par le déroulement à Londres de la Première Exposition Universelle en 1851. Mais la Grande Dépression des années 1870-1880 vient ébranler l’hégémonie britannique. Le modèle libéral est remis en cause. La peur du déclin de l’Empire est croissante. La Reine Victoria conserve un rôle politique essentiel mais s’écarte de la vie publique depuis la mort de son mari Albert de Saxe-Cobourg en 1861, son deuil s’accompagnant de plus du décès successif de plusieurs de ses enfants. La popularité de la monarchie décline au profit d’idées républicaines. C’est dans ce contexte de fin de siècle, caractérisé par l’angoisse du déclin, une forte rigueur morale et un monde ayant subi en peu de temps des transformations fulgurantes qu’ont été réalisées les œuvres de l’exposition, entre les années 1860 et 1914.
Sir Lawrence Alma – Tadena : Les roses d’ Héliogabale, 1888. Huile sur toile, 214,4 cm x 132,7. Studio Sébert Photographes.
Me voilà donc devant les œuvres de peintres, héritiers des préraphaélites dissous en 1852 et parfois associés à la seconde vague de ce courant : ces artistes de l’Aesthetic Movement tendant à davantage se recentrer sur la quête du Beau et mettant la Femme au cœur de leur travail. L’Antiquité les inspirent par ailleurs fortement : cette réminiscence de l’Antique et du Classicisme marquant un retour au luxe, à la volupté et au raffinement, en réaction aux transformations issues de la Révolution Industrielle et la rudesse de leur temps.
Albert J. Moore : Le Quatuor, hommage du peintre à l’art de la musique, 1868. huile sur toile, 88,7 cm x 61,8. Studio Sébert photographes.
Nue, désirable, sensuelle et séductrice, telle une sorcière prenant l’homme entre ses filets, "la Femme" se trouve donc au centre des préoccupations esthétiques de ces artistes exerçant en Angleterre à la fin du XIXème siècle. Drapée à la romaine, cette dernière représente le cœur de la passion amoureuse et du lien, et l’objet même du Désir.
J’ai ainsi découvert les œuvres de Lawrence Alma-Tadema, John William Godward, Frederick Goodall, Frederic Leighton, Albert Joseph Moore, et bien d’autres… Des œuvres inspirées par l’imaginaire de la littérature de William Shakespeare et les poèmes d’Alfred Tennyson (1809-1892), renouant avec la légende arthurienne : elles ont ravi mes yeux !
Musée Jacquemart – André : 158 boulevard Haussmann. 75008 Paris.
Ouvert tous les jours de 10h à 18h; Nocturne les lundis et samedis jusqu’à 20h30.
Entrée : 11 euros.