Cet homme, ou ce groupe d'homme, proche de la cour du roi du Cachemire, connaissait toute la littérature de son temps. On croit encore aujourd'hui qu'il s'agit d'un texte védântique, mais il suffit de feuilleter le sanskrit quelques minutes pour s'apercevoir qu'il n'en est rien. Outre le shivaïsme du Cachemire (les Stances sur la vibration, Spanda-kârikâ en particulier), sa source principale, c'est le bouddhisme. Il n'existe pas, à ma connaissance, de base de textes bouddhistes sanskrits cherchable. Sur le GRETIL, par exemple, il faut y aller texte par texte. Ce qui est bien dommage. De l'autre côté, le texte du Yoga selon Vasistha n'est pas non plus sur le Net. Malgré ce handicap, je tombe régulièrement sur des éléments troublants.
Dernier exemple en date : l'histoire du roi Lavana. Je savais qu'elle s'inspirait de la légende du roi Harishchandra conté dans le Mârkandeya Purâna, mais voici que je la retrouve dans un texte bouddhiste... tibétain. Il s'agit des Instructions d'Avalokiteshvara : l'union du Grand Sceau et de la Grande perfection, par Karma Chagmet (c. 1650) et traduit en anglais par Allan Wallace. Page 93 du volume I (fol. 631), il est raconté qu'un jour, en Inde, un roi voulait se racheter en convertissant son fils au dharma du Bouddha. Il convoqua un magicien. Celui-ci offrit au prince un beau cheval. A peine monté, il entraîna au loin le pauvre prince, qui se retrouva bientôt de l'autre côté de l'océan, à raconter son histoire à une vieille cannibale. Elle le força à épouser l'une de ses filles. Ils vécurent heureux au début, mais ils furent bientôt frappés par la maladie et la famine. Le prince était devenu un vieillard, et il avait oublié qu'il était un prince. Sur le point de mourrir, il se réveilla alors à la cour de son père le roi. Quelques instants à peine s'étaient écoulés. Persuadé de la nature illusoire de toutes choses, le prince renonça au monde. On peut lire une traduction française de l'historie de Lavana dans Sept récits initiatiques tirés du Yoga Vasistha, par Michel Hulin.Ma question est la suivante : quelqu'un sait-il quelle est la source (bouddhiste) de ce conte ? En l'absence de réponse, je me verrais dans l'obligation de conclure que la source n'est pas bouddhiste ce qui, vous en conviendrez, serait fort embarrassant.Petites musiques royales indo-persanes :