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Concert : Franz Welser-Möst et le Cleveland Orchestra à la Salle Pleyel

Publié le 12 novembre 2013 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
© Maia C - Flirck

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Soirée américaine hier à la Salle Pleyel avec le Cleveland Orchestra. Mais surtout soirée autrichienne avec à la direction Franz Welser-Möst et en ouverture de programme la Messe en ut majeur de Beethoven qui bénéficie en plus d’une très belle anecdote au sujet de sa création.

Cette messe a été commandé par le Prince Nicolas II Esterházy à l’occasion de la fête de son épouse. La famille Esterházy était à l’époque une famille très puissante dans l’Empire Austro-Hongrois. Le Prince avait l’habitude de commander une messe tous les ans pour son épouse. Habituellement c’est Haydn qui s’en chargeait. Mais cette année-là, en 1807, Haydn à la retraite c’est au tour de Beethoven de recevoir cette commande. Sauf que l’oeuvre reçoit un accueil glacial au point que le Prince déclarera au pauvre Ludwig à la sortie de la Messe : "Mais mon cher Beethoven, qu’avez-vous fait là ?" alors que si Beethoven avait eu des doutes lors de l’écriture, le résultat final était lui inspirait une certaine satisfaction au point qu’il déclara "J’estime avoir traité le texte comme on l’a rarement fait".

Après l’entracte la soirée se poursuit avec la Symphonie n°6 de Chostakovitch. Une autre oeuvre qui n’a pas du tout fait l’unanimité lors de sa création en 1939. Si le public est a priori enthousiaste c’est la profession qui reproche au compositeur un déséquilibre excessif. L’oeuvre est composée de trois mouvements, et démarre par un mouvement lent et long pour s’achever par deux mouvements plus courts et plus vifs… Bref, entre les fameuses cinquième et septième symphonies, Chostakovitch a surpris, peut-être un peu trop. Et pourtant, l’oeuvre est très attachante, vivante et moderne !

Pour diriger ce programme, le chef autrichien Franz Welser-Möst, directeur musical du Cleveland Orchestra depuis maintenant 12 ans mais aussi ancien directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Londres, de l’Opéra de Zurich et aujourd’hui du Staatsoper de Vienne. Et récemment, vous avez pu l’entendre pour le concert du Nouvel An 2013. Nous avions alors découvert un chef élégant et sûr de lui. Avec son orchestre, le Cleveland Orchestra, il file le parfait amour. Cet ensemble, dirigé par Pierre Boulez et Lorin Maazel, fait aujourd’hui partie des prestigieux orchestres américains et Franz Welser-Möst n’y est pas étranger.

Dès le début du concert et en arrivant au Gloria de la Messe en ut de Beethoven, le doute n’est plus permis : si l’ensemble est très juste, il manque cruellement de puissance. L’acoustique de la salle y est même pour quelque chose et montre ses limites. Chœur et orchestre sont impeccables mais lisses, agréables mais sans surprises. Mention spéciale tout de même pour les solistes surtout la soprano Luba Orgonasova et le basse Ruben Drole qui sont d’une très belle clarté et qui apportent une vraie couleur à l’oeuvre (il en fallait au moins une…). Dans le Sanctus, le chœur montre un peu plus ses compétences dans la maîtrise des nuances mais rien n’y fait. Jusque dans l’Agnus Dei, le tout manque d’éclat chromatique. A la fin de la Messe, le chœur est très acclamé. Admettons, nous remettons la faute sur le chef qui dirige de loin.

Après l’entracte la Symphonie de Chostakovitch offre un beau contraste avec l’oeuvre précédente de Beethoven. Mais l’illusion n’est que de courte durée. On ose le dire, on finit par s’ennuyer. Les défauts entendus dans la Messe se confirment. Tout est uniforme, extrêmement juste, pour ça rien à dire, mais sans vraiment de vie. L’énergie des deux derniers mouvements et le bis, ne sauvent pas la soirée. Le chef aura été lointain tout au long du concert et donne même parfois l’impression de s’agiter et de battre la mesure plus que de diriger et d’habiter les œuvres.

Bref, une soirée décevante.

Les orchestres américains, on vous en avait déjà parlé



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