Le billet de JPROCK:
Personne ne conteste le génie de Robert Zimmerman mieux connu sous le nom de Bob Dylan.
L'homme a écrit moult titres majeurs de l'histoire du rock et son incomparable discographie contient plusieurs chefs-d'oeuvres.
Pourtant hier soir à Forest National à moins d'être un inconditionnel de l'artiste on s'est ennuyé ferme...
L'exactitude est la politesse des rois.
A 20h précises, Bob Dylan et son band font leur entrée sur scène alors que les derniers retardataires tentent de se placer dans une fosse en configuration assise où il n'est pas bon d'avoir de
grandes jambes ou un peu d'embonpoint tant l'espace entre les rangées est réduit.
Debout, campé derrière son micro Dylan s'empare de son harmonica et fait frissonner la salle. Ce sera la quasi seule émotion véritable d'un concert qui va au fil des titres s'avérer souvent
ennuyeux.
Bob, voix nasillarde, éructe ses textes plus qu'il ne les chante, change parfois les paroles et estropie la plupart de ses mélodies au point que certains titres sont méconnaissables. Derrière
lui, le groupe excellent au demeurant, se contente d'accompagner très conventionnellement le natif du Minnesota. Pas d'écran géant, pas de mise en scène, juste quelques spots statiques orangés
baignant la scène dans une quasi pénombre où l'on peut à peine apercevoir le visage du chanteur.
Après quarante cinq minutes et neuf titres joués sans aucun contact avec son public, il s'approche du micro et annonce un entracte de trente minutes.
Ce seront ses seuls mots de la soirée.
21h15, retour sur les planches avec "High Water" suivi de "Simple Twist of Fate", et on stage aucun changement. Toujours ces mêmes sept spots orangés, chaque musicien a repris sa place à
l'identique et des morceaux qui se suivent entrecoupés des applaudissements polis de la foule. S'il sort un dvd live dans les mois qui viennent il ne sera pas compliqué d'intervertir l'ordre des
chansons tant il ne se passe rien durant le spectacle.
On est très loin du Dylan de Before the Flood live mythique accompagné par the Band ! Ici on s'ennuie ferme sous les sept lampions fixes et tamisés qui constituent le seul éclairage du
spectacle pour une salle qui contient quand même pas loin de neuf mille personnes !
Seul "Forgetful Heart" me sortira quelques instants de la léthargie qui m'a envahi grâce à une émotion enfin naissante.
Même "All Along the Watchtower" et " Blowin in the Wind" joués en rappel ne parviennent pas à convaincre dans des versions fort éloignées des originaux et peu embalantes.
Il est 22h15 les lumières se rallument, et dans les travées de Forest National on surprend quelques réflexions: "I'm so disappointed" dit une femme à son compagnon... un autre homme déplore
l'absence d'écrans géants...un troisième critique la setlist et regrette le peu d'ambiance dans le public.
Ce soir dans la pénombre il n'y avait que l'ombre du grand Dylan que nous aimons tous, car le mythe est toujours vivant dans le coeur de ses admirateurs, mais l'artiste lui ,sur scène, n'a plus
grand chose à dire.
Bob Dylan nous revient environ tous les deux ans, et tant qu'il y aura un public prêt à casser son cochon pour aller assister à cette parodie de concert bien inférieure en qualité à l'écoute d'un
album studio du maître sur votre chaîne hi-fi préférée, il aurait tort de s'en priver.
Texte et photos: JPROCK
SETLIST:
Things Have Changed
She Belongs to Me
Beyond Here Lies Nothin'
What Good Am I?
Duquesne Whistle
Waiting for You
Pay in Blood
Tangled Up in Blue
Love Sick
Intermission
High Water (For Charley Patton)
Simple Twist of Fate
Early Roman Kings
Forgetful Heart
Spirit on the Water
Scarlet Town
Soon after Midnight
Long and Wasted Years
Encore:
All Along the Watchtower
Blowin' in the Wind