Le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) est un collectif d’associations agréé pour la représentation des usagers dans le système de santé. Il réunit une quarantaine d’associations françaises d’usagers de la santé concernés par les questions relatives à la grossesse, à la naissance et aux premiers jours de la vie. Le CIANE a développé une expertise collective appuyée sur l’expérience des associations, valorisée dans des partenariats avec des professionnels (HAS, CNGOF), milite auprès des pouvoirs publics pour le respect des parents, de leurs droits et de leurs choix, et réclame une information complète et loyale sur les choix qui se présentent aux parents. L’épisiotomie, incision pratiquée dans le périnée pour faciliter la sortie du bébé, est un sujet de mobilisation pour le Ciane depuis sa création en 2003.
En 2005, le Collège national desgynécologues obstétriciens français (CNGOF) avait publié des recommandations dans lesquelles ilprend acte qu’il n’y a pas d’indications prouvées à l’épisiotomie systématique et avait proposé des pistes pour réduire l’incidence des épisiotomies. Le CNGOF faisait état d’un taux global d’épisiotomies en France, rapporté aux accouchements par les voies naturelles, en décroissance depuis 1996-1997, mais toujours de 47 % en 2002-2003 dont 68 % chez la primipare et 31 % chez la multipare. Des chiffres jugés élevés comparativement à certaines données internationales et variables selon les caractéristiques sociodémographiques des patientes et les conditions obstétricales. L’analgésie péridurale est associée à un recours plus fréquent à l’épisiotomie, probablement du fait de l’augmentation des extractions instrumentales qu’elle induit. L’extraction par ventouse est associée à un moindre recours à l’épisiotomie que l’extraction par forceps.
Quelle pratique de l’épisiotomie en France ?
L’étude du Ciane, qui repose sur 9.783 accouchements par voie basse dont 6.300 depuis 2010, confirme
· une baisse du taux d’épisiotomie à 30% sur la période 2010-2013 soit 47% pour un premier accouchement, 16% pour les suivants,
· dont un recours sensiblement moindre à l’épisiotomie dans les espaces physiologiques ou les « salles nature »,
· une meilleure information des femmes sur cet acte,
· mais l’absence de consentement dans 85% des cas,
· l’association entre l’extraction instrumentale (forceps, ventouse) qui concerne 30% des primipares avec des taux élevés d’épisiotomie (70% des primipares avec extraction instrumentale),
· l’association de la liberté de mouvement et de position durant l’accouchement à un taux d’épisiotomie plus faible (29% des primipares qui ont toute liberté vs 56%.
· 3 femmes sur 4 ayant eu une épisiotomie disent en avoir souffert et parmi elles, 61% en ont souffert plus d’une semaine.
Quelles recommandations ?
Le Ciane appelle à la demande effective et systématique de consentement pour toutes les femmes, en accord avec la loi de 2002 sur les droits des patients qui précise qu’ » aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et à une meilleure transparence de l’information avec l’obligation de publication des taux d’épisiotomie par les établissements. Mais, au-delà, alors que l’objectif de 30% semble atteint, le Ciane voudrait aller plus loin dans la réduction des taux d’épisiotomies, en particulier par l’amélioration des pratiques associées à l’extraction instrumentale.
Sources:
Communiqué CIANE Episiotomie: taux en baisse, mais tout reste à faire en matière de consentement et de transparence des établissements
CNGOF L’épisiotomie
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