Un réseau international de trafic d'êtres humains, créé au Nigéria il y a plus de vingt ans, a été démantelé en Espagne, affirme la police espagnole qui a annoncé, ce lundi 11 novembre, l'arrestation de 25 personnes. Ces arrestations ont eu lieu dans plusieurs villes espagnoles. Cette opération a également permis la libération de cinq femmes.
Les personnes arrêtées sont soupçonnées d'appartenir à un réseau international qui recrutait des femmes au Nigeria. Celles-ci, trompées par la promesse d'un travail en Europe, étaient à l'arrivée obligées de se prostituer. Selon la police espagnole, le réseau a été créé dans des universités au Nigeria en 1990. Une nouvelle qui inquiète Joy Ezeilo, explique le rapporteur spécial des Nations unies sur la traite des êtres humains, joint par RFI.
« Même si on sait que les trafiquants peuvent venir de n'importe quel milieu, le fait que des étudiants seraient peut-être impliqués est très inquiétant, il faudrait agir d'urgence pour sensibiliser la société civile, pour qu'elle sache qu'il existe une loi contre le trafic d'êtres humains », a déclaré à RFI Joy Ezeilo.
Une loi a effectivement été votée, il y a 10 ans au Nigéria, mais elle a été peu appliquée depuis. C’est ce qu’affirme Abiola Akiyode-Afolabi, responsable d'un centre de recherche pour femmes, à Lagos.
« Le Nigeria a voté une loi, en 2003, contre le trafic d'êtres humains mais malheureusement très peu de gens ont été condamnés depuis. Personne n'a reçu la peine maximale. Ceux qui ont été punis ont reçu des peines de prison de un ou deux ans. La condamnation la plus sévère était de cinq ans ».
Les trafiquants opèrent donc au Nigéria en toute impunité ou presque. Et même si les plus démunis sont une cible privilégiée, les étudiantes sont aussi vulnérables. Beaucoup d’entre elles peinent à payer leurs études et redoutent le chômage à leur sortie de l'université. Les trafiquants - qui proposent des emplois bien rémunérés en Europe - le savent.
Source: RFI