... ou le Dîner de cons !
[réédition]
Dans le cadre du plan hôpital 2007, la "T2A" est le doux nom attribué à la tarification hospitalière dite "à l’activité". Ainsi les budgets hospitaliers présentent maintenant un état prévisionnel des recettes et des dépenses, se rapprochant des comptabilités commerciales.
La T2A est inflationniste. En effet le fait de définir des tarifs par pathologie aboutit à favoriser les activités jugées rentables au détriment de celles qui apparaissent pénalisantes financièrement. Poussons le raisonnement : soigner cher permet d’augmenter les recettes escomptées pour son service, son pôle. En revanche si les activités d’un service sont « peu cotées » elles pénaliseront le pôle tout entier.
Les impératifs de santé publique sont bien éloignés de ces "formules" héritées de Bercy. Il est clair que les missions de service public (permanence des soins, accueil de tous les patients sans distinction de revenus ou de pathologie) sont très peu valorisées dans un système presque uniquement fondé sur le coût unitaire des soins.
Dans «l’aspiration» de cette réforme financière, un bouleversement des structures s’est mis en place avec la réorganisation en pôles dont l’objectif est d’aboutir à une gestion dite « contractualisée ». Là encore la bureaucratie l’emporte sur les impératifs ressentis de santé. Le «chef de pôle» laissant au vestiaire sa blouse de soignant, devra veiller au bon équilibre financier de son pôle et au respect du « contrat » qu’il s’est engagé à remplir : belle vocation ! Il devient sous la surveillance du directeur de l’hôpital et du conseil exécutif l’otage d’engagements et "l’exécuteur" de ses collègues les moins «rentables». Le Ministère appelle ça : une plus grande "médicalisation" du financement! Le "piège" est inscrit noir sur blanc : "médecins, vous allez cautionner la pénurie ..."
Ce concept de contractualisation, de nouvelle «gouvernance», encore un joli mot, ignore une fois de plus la légitimité d’actions issues de la notion de service public. Elle renforce une hiérarchisation plus comptable que médicale entre les soignants, avec toutes les conséquences sur les rapports entre les «faibles» et les «forts».
En devenant "comptables", beaucoup de nos collègues, tournent le dos à Hippocrate.
La "note oubliée"
[Photos : L'inspecteur des impôts Daniel Prévost /"dîner de cons" / Hippocrate]
[Première publication en novembre 2007, mais toujours d'actualité]