L’itinéraire musical de Llewyn Davis, un musicien précepteur de la folk, sous l’angle des frères Coen. Une pépite.
True Grit avait surpris. Par sa forme comme par son succès, le western devint rapidement le long-métrage le plus rentable de la filmo des frères Coen avec près de 250 millions de dollars de recettes au box-office mondial. Adapté du roman de Charles Portis, le film respectait les codes du western tout en ayant tendance à s’éloigner des thèmes de prédilection des frères Coen, du type Arizona Junior, The Big Lebowski ou encore Fargo.
À mi-chemin entre The Commitments et Walk The Line
Inside Llewyn Davis, lui, s’intéresse au personnage de Llewyn Davis, interprété par Oscar Isaac (Drive, Sucker Punch, Che 1ère Partie). Il est doué mais traîne sa non-reconnaissance dans le milieu.
Oscillant entre scènes musicales (qui peuvent paraître longues si on n’accroche pas particulièrement à la folk) et rencontres entre des personnages coeniens, les cinéastes font pourtant l’effort de ne pas tomber dans le cliché du film musical en faisant de leur long-métrage une succession de clips.
Des rencontres pour une route à tracer
Car tout au long du film, Llewyn Davis va rencontrer des personnages aussi divers et variés que le couple de musiciens porté à l’écran par Justin Timberlake et Carey Mulligan, ou encore le producteur interprété par un des acteurs fétiches des frères Coen, John Goodman. Celui qui jouait Walter dans The Big Lebowski expose toujours ses grandes théories, interprétant un personnage similaire à celui qu’il avait joué dans Barton Fink.
L’intérêt de cette flopée de rencontres ? Montrer que Llewyn Davis n’est pas de leur monde. Lui veut changer le sien en perçant dans l’industrie musicale. Comme le personnage de John Turturro le faisait dans Barton Fink (des Coen également, Palme d’Or à Cannes en 1991), Llewyn Davis doit faire ses preuves. Alors que Turturro devait montrer à Hollywood qu’il était capable d’écrire un bon scénario pour le cinéma, Llewyn doit se surpasser, se prouver à lui-même qu’il est capable d’arriver à quelque chose qui lui ressemble.
La reconstitution est remarquablement réussie. Bénéficiant de la présence d’un chef opérateur français reconnu – Bruno Delbonnel (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé, Dark Shadows), les frères Coen parviennent à partager à l’écran l’ambiance des années 60. Qu’elle soit terne ou chaleureuse, la photographie plonge le spectateur dans une histoire singulière.
Quant à Oscar Isaac, convaincant aussi bien dans ses chansons que dans des scènes plus intimes, il porte le film jusqu’au bout. Entouré d’acteurs établis (John Goodman, Justin Timberlake et Carey Mulligan), l’interprète du musicien en soif de reconnaissance nous livre une performance incroyable. Peut-être le meilleur film des frères Coen.
Article co-écrit avec Théo Leroyer.