Sébastien Tellier en est parfaitement conscient, c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure confiture. A l’occasion de ce septième album, il renoue avec les ingrédients et les vieilles recettes qui ont fait les succès d’antan, s’entourant de nouveau de ses complices, ceux de l’épopée Politics et Sexuality : Tonny Allen à la batterie, Emmanuel d’Orlando aux arrangements de cordes, Rob aux claviers, qui joue également avec Phoenix, et Philippe Zdar au mixage.
Sébastien Tellier c’est cette espèce d’uluberlu qui floue les codes et joue avec. Orfèvre mélomane de son état, l’artiste a l’art et la manière de nous surprendre et de nous déstabiliser. Il est là où on ne l’attend pas. A chaque album correspond un univers, un personnage différent. On se souvient dernièrement de la sortie en avril 2012 de My God is Blue, un concentré de chansons aux thématiques toutes plus perchées les unes que les autres dépeignant un univers fantasmagorique très singulier. Album difficile à s’approprier et plutôt creux en définitive. Avec Confection, on est très loin de l’atmosphère farfelue de My God is Blue et de son Cochon Ville, tout aussi déglingué.
C’est un album d’une grande délicatesse où la thématique de l’amour est omniprésente, à l’image de la pochette et du clip de L’Amour naissant, signés Jean-Baptiste Mondino, dans lequel on voit apparaître l’actrice Anna Mouglalis. Musiques solennelles et mélodieuses, pleines de poésie, empreintes d’un lyrisme profond et nostalgique et marquées par la présence entêtante de violons, violoncelles, flûtes et clarinettes. Sur cet album chaque titre se fait écho, à la façon d’une symphonie : L’Amour naissant, L’Amour naissant II, Curiosa, Curiosa II … Sébastien Tellier nous démontre une fois de plus ses talents de mélomane et d’instrumentiste en jouant la carte de l’exacerbation des sentiments, n’hésitant pas à nous transporter sur Le Delta des Amours. C’est émouvant et touchant. Seuls bémols, un album beaucoup trop court ( 34 minutes seulement ) et sans réelle prise de risque. Sébastien Tellier a préféré jouer la carte de la sobriété en réutilisant les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de La Ritournelle, renonçant à nous emmener hors des sentiers battus, comme il a tant l’habitude de le faire.