"L'Occident décroché : Enquête sur les postcolonialismes" de Jean-Loup Amselle

"L'Occident décroché : Enquête sur les postcolonialismes" de Jean-Loup Amselle

Date : 2008

Stock (un ordre d'idées)

336 pages

Prix conseillé : 22€

   Ce livre n'est pas vraiment le plus abordable qu'il me fût permis de lire. Ce n'est pas comme si analyser du Derrida, du Saïd, du Foucault ou encore du Heidegger à chaque lignes soit dérangeant, mais à force, on s'y perd assez rapidement. Personnes qui aborderaient seulement le sujet du postcolonialisme passez donc vôtre chemin !
Mais outre ce facteur qui porte un coup sérieux à la lecture, le Moyen-Orient (de même que le Proche) n'est pas vraiment le maître-mot de l'ouvrage, et seule une très faible partie y est dédié. L'auteur a préféré faire la part belle à tout ce qui touche le continent africain, et pour tous les amoureux de la région c'est une véritable mine d'informations sur la philosophie, la psychologie et la pensée des auteurs postcoloniaux.

   Certaines parties du livre (celles qui nous intéressent plus particulièrement ici) portent pourtant rapidement à la réflexion.
Ainsi, même si quelques phrases peuvent passer inaperçues dans la globalité de l'ouvrage, un oeil acéré qui traque en particulier les informations sur cette région du monde ne pourra les omettre.
On peut citer entre autres certaines à proprement parler assassines : "Que l'état israélien soit colonial de fondation et de fonctionnement, qui le nierait à l'heure actuelle où les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie périssent par milliers sous les balles et les bombardements israéliens [...] Que la non-reconnaissance d'Israël par le Hamas ne soit qu'un prétexte à la poursuite de la politique d'écrasement du peuple palestinien menée par l'Etat hébreu, qui oserait le contester ?"
Une part belle est d'ailleurs faite au "décrochage juif", titre du troisième chapitre, qui s'étale sur près d'une trentaine de pages. Le quasi-continent indien est aussi bien présent, mais le "paradigme africain" reste le maître mot de l'ouvrage.
A noter, une annexe assez intéressante sur l'Inde et la Bolivie, alliant récit d'analyse et interview, de même qu'une longue partie dédiée à la vision de Gramsci.