Le phare de Chassiron

Publié le 11 novembre 2013 par Zappeuse

Comme je l’écrivais récemment, la navigation dans le pertuis d’Antioche n’a jamais été chose aisée. S’il fallut baliser les routes maritimes pour sécuriser le commerce, l’Etat mis même un certain zèle dès lors qu’il fallut en plus protéger l’arsenal de Rochefort : d’où la construction de fortifications (les citadelles et autres constructions de même type), mais aussi le signalement de récifs périlleux pour une navigation dont on n’imaginait pas alors qu’elle puisse un jour être assistée par l’électronique, alors que l’estran rocheux, lui, était déjà bien là :

La pointe de Chassiron, dans le nord de l’île de l’Oléron, fut ainsi équipée d’un feu à la fin du XVIe siècle. Dans L’île d’Oléron à travers les siècles, paru en 1926 et réédité depuis (ouvrage disponible à l’excellente Libraire des Pertuis, à St-Pierre-d’oléron), Paul THOMAS indique qu’un premier phare a été construit sur les ordres de Colbert à la fin du XVIIe siècle. Le coût de cette tour était alors à la charge des propriétaires de navires d’au-moins 30 tonneaux dont les bateaux accostaient régulièrement à Oléron, mais aussi à Ré, à La Rochelle et dans les ports de la Seudre et de la presqu’île d’Arvert. C’était une tour ronde de 33 mètres de haut, bâtie en pierre, et alimentée par un feu de bois et de goudron ininterrompu, du moins en théorie.
Bien évidemment, ce feu-là ne portait pas bien loin, d’autant plus qu’il s’éteignait dès que le bois venait à manquer, ce que ne manquait pas de noter les habitants et surtout les navigateurs. C’est ainsi que Paul THOMAS rapporte le témoignage d’un pilote et lamaneur de La Rochelle qui, au début du XVIIIe siècle, signale "qu’il y a huit jours, pilotant un navire suédois de La Rochelle en la rivière de Bordeaux, passant devant la tour de Chassiron à minuit, il ne vit pas de feu de toute la nuit, ce qui lui fit beaucoup de peine".
Il fallut néanmoins attendre le XIXe siècle pour qu’un phare moderne puisse être édifié, un peu en retrait de la côté car, déjà, et alors que le réchauffement climatique n’animait ni les conversations ni les JT de 20 heures, la falaise reculait. La première pierre du phare que nous connaissons aujourd’hui fut posée en 1834, l’ouvrage fut achevé en décembre 1836. Ainsi, depuis le milieu du XIXe siècle, le pertuis d’Antioche est signalé au sud par le phare de Chassiron, qui s’élève à 50 mètres au-dessus de la mer, et au nord par celui des Baleines, sur l’île de Ré.
D’abord aussi blanc que son homologue rétais, le phare de Chassiron s’est paré de rayures noires en 1926. Solidement assis sur une large base, il est visible jusqu’à 52 km par temps clair.

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Photos attrapées le 3 novembre 2013