Peu de temps après l’affaire Fuzz vs Olivier Martinez et alors que la responsabilité juridique des acteurs du web reste en chantier, l’intérêt pour la protection de l’identité numérique témoigne de la prise de conscience des internautes et des entreprises sur leur fragilité face au Web.
Un article de Rue89 s’intéresse au sujet et à le mérite de mettre les choses au point, comme le rappelle Marie sur Veille 2.0. Les sociétés comme Reputation Defender n’ont pas de techniques miracles pour gérer ou stopper une crise réputationnelle, d’autant plus brutale et imprévisible que le web communautaire a étendu son influence ces derniers temps. En réalité, elles se contentent de demander aux éditeurs de supprimer le contenu diffamatoire.
Le nombre de sources et de relais d’informations a considérablement augmenté et rend incontournable la gestion de l’identité numérique pour une personne comme pour une entreprise. Outre les blogs et sites communautaires traditionnels qui sont déjà des supports d’opinion influents à surveiller, il faut également tenir compte des récentes évolutions du risque en rapport avec les usages du net:
- Risques de rumeur supplémentaire avec les aggrégateurs éditorialisés [Bakchich info, Rue89, Mediapart, @si] qui travaillent de manière plus réactifs, remontent plus d’infos du web 2.0 et produisent un contenu souvent moins consensuel que la presse en ligne.
- Risque de viralité accru par les aggrégateurs de blogs [Wikio, Fuzz, Digg...] et les réseaux sociaux [Facebook, MySpace...] qui peuvent transformer une info anecdotique sensée appartenir à la longue tail en un buzz d’envergure en peu de temps.
- Risque de visibilité démuliplié par l’apparition des sites de notation [Notetontentreprise, Justacôté, Demedica] et par les passerelles de plus en plus évidentes entre le Web et les médias traditionnels [presse, tv, radio].
Les moyens de protection sont, dans ce contexte, essentiellement préventifs et passent par un travail de veille plus ou moins conséquent selon la notoriété de la personne ou de l’entreprise. Le but sera d’anticiper la génèse d’une crise par la détection de signaux faibles [émergence d'une rumeur], de connaître les moyens de défense juridique à actionner et de constituer un réseau de relais d’information pour répondre rapidement aux attaques:
- Veille d’opinion, pour repérer les communautés d’internautes s’exprimant sur la personne ou l’entreprise, la teneur et le contexte des conversations, les leaders d’opinion et réseaux éventuels de diffusion. La surveillance, la cartographie et l’analyse de ces conversations permettra de concevoir des axes de contre-argumentation et de baliser les zones éventuels d’apparition de crise.
- Veille juridique, pour suivre la jurisprudence concernant la responsabilité éditeur-hébergeur ainsi que les recours juridiques existant pour supprimer un contenu diffamatoire. Ces connaissances doivent pouvoir être mobilisées rapidement en cas de dénigrement pour éviter la propagation du contenu, d’autant plus que le déréférencement des moteurs est lent.
- Veille de réseau, pour repérer, contacter et dialoguer avec des sites et interlocuteurs amis susceptibles de publier rapidement un contre-argumentaire [car il est vital d'être la 1ère source d'info à commenter l'évènement]. Ce travail de veille s’inscrit aussi dans la préparation d’un référencement de crise dont j’ai déjà parlé. A ce sujet, la stratégie agressive de Hington Klarsey et sa nébuleuses de sites miroirs peut s’avérer intéressante, puisque le message sera repris de multiples fois avec les mots clés stratégiques de la crise. A confirmer lorsqu’un client de HK rencontrera une crise.
En résumé, le risque de réputation sur Internet doit être intégré dans une démarche de gestion de crise calculée et assumée par une cellule d’intelligence économique, de veille ou de communication. Ce travail préparatoire est la meilleure garantie de protection de l’identité numérique pour une entreprise.