Quai d'orsay

de Bertrand Tavernier
Comédie dramatique - 2h
Sortie salles France - 6 novembre 2013
avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Anaïs Demoustier...

Le jeune Arthur Vlaminck, fraîchement sorti de l'Ena,  entre au Ministère des Affaires Etrangères. Chaperonné par le directeur de cabinet Claude Maupas, et averti par M. Le Ministre Alexandre Taillard que la tâche est ardue : il s'agit du "langage". Travailler les discours du flamboyant Ministre, demander des avis, retravailler les discours, faire face à l'actualité sans cesse changeante, reprendre les discours, s'adapter aux changements d'humeurs et aux avis non partagés, recommencer la rédaction des discours. S'atteler à d'autres dans l'urgence. Au programme de l'actualité : une tribune prévue aux Nations Unies, une guerre civile larvée en Oubanga,  la crise du Lousdémistan qui incite les Etats-Unis à engager une guerre, la poétesse et prix Nobel Molly Hutschinson qu'il faudra recevoir, l'ourse Cannelle qui a disparu...

Immersion vitaminée au sein du prestigieux ministère des Affaires Etrangères qui cache bien son inertie, ses archaïsmes (le code au lieu d'un réseau internet), ses labyrinthes baroques et désuets, ses hypocrisies traditionnelles, son humour infantile.
Bertand Tavernier a su être assez fidèle à la bande dessinée, depuis l'affiche qui reprend la couverture du 1e tome. Notre jeune héros ingénu est bien interprété par Raphaël Personnaz, Thierry Lhermitte insuffle l'énergie débordante d'un Dominique de Villepin survolté, les portes claquent et les feuilles A4 volent, on s'y retrouve.

Mais c'est Niels Arestrup qui comme d'habitude, est bluffant de modestie et de justesse, sa voix toute en retenue, son corps tout en économie, ses paroles pesées. Il transpire le professionnalisme d'un vieux loup rompu à tous les conflits, maniant avec discrétion la diplomatie externe mais aussi celle nécessaire à la collaboration avec un personnage comme le Ministre Taillard.

C'est drôle, léger par les situations comiques, c'est également tendu, de par les situations politiques et les enjeux. C'est instructif aussi puisque cela retrace la période d'exercice de Dominique de Villepin à ce ministère, en 2003. On apprend un peu des rouages de ce quai d'Orsay mystérieux, on s'aperçoit aussi à quel point ses fonctionnaires bossent, jours et nuits, voués à leur mission, coincés entre l'efficacité nécessaire dans l'urgence et les méthodes protocolaires diplomatiques.Adaptation réussie, foisonnante et chargée comme la série, qui intéressera les amateurs de politique davantage que ceux que les discours et les conflits mondiaux lassent.
"J'ai vu "Quai d'Orsay" avec un spécialiste de la crise irakienne" - Rue89
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