J’ai toujours un peu peur d’aller voir un film encensé, au risque de placer mes attentes trop haut et d’être déçue au bout du compte. Mais d’un autre côté, j’aime trop la science-fiction pour laisser passer un tel film. Et j’ai bien fait de me laisser tenter, parce que Gravity est largement à la hauteur des attentes et de l’expérience promise. Pas tant pour l’histoire qu’il raconte – un survival plutôt classique dans l’espace – mais pour la façon dont il le raconte et surtout dont il le montre.
De ce point de vue là, la claque est monumentale : au premier rang de la salle, lunettes 3D sur le nez, l’expérience sensorielle est inédite et impressionnante, et ce dès les premières images du film. Un premier plan-séquence d’une longueur jamais vue dans un film de SF, une 3D magnifique qui sert admirablement le film, une ambiance sonore plus vraie que nature, des images de la Terre d’une incroyable beauté, tout contribue à nous couper le souffle tant tout est fluide et réaliste, et on subodore rapidement que cette sensation durera pendant tout le film.
Ainsi, dès la première pluie de débris, l’intensité dramatique monte de plusieurs crans et ne se relâchera qu’à la dernière image du film. Pendant ce temps, nous aurons vécu une aventure hors du commun pendant 1h30 d’immersion totale, à travers le regard d’une Sandra Bullock confrontée à sa propre mortalité, à ses ressources ultimes et à ses choix. Son jeu d’actrice (excellent même en VF), et certains plans angoissants au possible – de la caméra placée dans le casque pour une vision subjective à la caméra fixe qui la regarde dériver dans l’espace infini – nous font vivre chaque seconde quasiment en apnée et dans une tension extrême, contrebalancée par la touche d’humour bienvenue apportée par George Clooney.
Au niveau de sa structure, le film offre un bon équilibre entre action pure, moments de suspense intense et scènes d’émotion plus intimistes. Même si j’avoue que j’aurais aimé que les scènes contemplatives soient plus longues (le spectacle est si beau !) et que le film fasse plus de place à l’intériorité et à l’angoisse existentielle des personnages, ce qui aurait pu apporter un peu plus de profondeur à l’ensemble. Mais en fin de compte, ce n’est pas sur ce terrain, celui de 2001 ou de Solaris, auquel on a parfois comparé le film, qu’Alfonso Cuaron voulait amener son spectateur et la fan de SF que je suis est malgré tout sortie tout à fait repue de ce spectacle.
Que l’on aime ou pas la SF, une chose est sûre, il ne faut pas louper l’expérience Gravity sur grand écran : à n’en pas douter, vous n’avez vu jamais ça au cinéma.