Un album qui mesure 6 pieds 4, pèse 234 livres et qui va générer beaucoup de hate. Mais aussi beaucoup de love.
F
À la différence de Collation Vol.1, Montréal $ud est conçu comme un album à part à entière. Chaque morceau s’écoute en soi, mais l’album a un storytelling bien précis, de Trafic à Tony Hawk. On passe de faire du cash et être pogné dans le trafic à faire le party, pour conclure sur un hangover et des regrets. En plus des sujets abordés par les rappeurs, les chansons s’enchaînent merveilleusement bien grâce à l’impeccable production de VNCE.
D’ailleurs, la production est l’un des points forts de l’album. On peut écouter Montréal $ud en auto avec de la grosse bass, dans le salon pour feeler les lyrics ou dans des écouteurs pour entendre les détails méticuleusement arrangés des beats.
Outre la production, les gars de Dead Obies se partagent le micro avec une aise peu commune. C’est fluide, ça coule et c’est très musical, chose rare dans le hip-hop. On est loin du simple « drop un beat et je rappe par-dessus ». Les beats sont arrangés pour suivre les rappeurs, et vice versa, ce qui donne un résultat beaucoup plus mélodique que dans le rap conventionnel. Il y a même une référence à Kraftwerk (Dead Obies Express), qui fait le pont entre Runnin’ et Montréal $ud.
Montréal $ud est par contre un peu long. Quand ton album fait 17 morceaux et dure plus de 70 minutes, c’est normal de trouver quelques points faibles. Mais c’est vite oublié grâce à Tony Hawk, qui termine l’album comme un middle finger envoyé au monde (probablement à tous ces bien-pensants qui ont attaqué le groupe pour leur utilisation du franglais). Et c’est tant mieux.
Montréal $ud, c’est un gros 4×4 pogné dans le trafic sur le pont Jacques-Cartier avec 6 gars qui font des middle fingers aux autres conducteurs et ce, en fumant du weed. C’est gros, c’est dérangeant, ça fasse, mais ça fonctionne. Ça fonctionne très bien.