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11 novembre 1918: comment critiquer Hollande.

Publié le 11 novembre 2013 par Juan

Les célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale n'interrompent le Hollande-bashing.

Ce lundi férié en France, François Hollande célèbrera, comme chaque année, pour chaque président de la République, à la même date, l'armistice du 11 novembre 1918. En ces temps de confusions de valeurs et d'amnésie collective, il est bon de rappeler parfois quelques faits historiques.
Jeudi dernier, le même président avait lancé l'année-anniversaire de cette boucherie européenne, par un discours au Palais de l'Elysée. Il célébra la "mémoire partagée". En août prochain, le président allemand sera en France à l'anniversaire du déclenchement du Grand Massacre.
Il s'est trouvé quelques esprits malins, grincheux ou obsessionnels pour chercher la critique. De certains, on ne sera pas surpris. D'autres, on l'est davantage.
Pendant le discours, quelques néo-frontistes sur Twitter raillèrent l'allusion à la seconde guerre mondiale. Ils n'avaient pas compris, ni lu, ni entendu que le propos présidentiel commença justement par une référence aux deux conflits mondiaux.
Sur Mediapart, la salve fut plus soutenue.
Il y eut par exemple ce billet d'un producteur d'émissions pour France Culture, Antoine Perraud, énervé par le discours de Hollande: "En commémorant la prétendue «Grande » guerre, François Hollande a perdu l'occasion non pas de se taire – ce qu'il ne cesse de faire en articulant ! –, mais de parler, enfin haut et fort. Pour fustiger ce carnage industriel au lieu de l'exalter, en petit notable conformiste de la République…" Le titre de l'article était encore plus ridicule que le propos général: "Hollande a tranché au profit des baïonnettes." Ben voyons ! L'homme avait peut-être mal lu, ou mal entendu.  On comprend d'Antoine Perraud qu'il ne supportait pas que le discours dénonce l'absurdité de la guerre ET le courage des poilus.
"Revenir sur les deux chaos du XXème siècle, sur ces deux épouvantables saignées, c’est rendre justice à l’Union européenne, à cette grande aventure humaine, à cette conquête inédite qui a assuré la paix et la démocratie entre des pays qui s’étaient si atrocement déchirés. (...) la France ne peut oublier, un siècle plus tard, ceux des siens qui sont descendus au fond de cet abîme et beaucoup n’en sont pas revenus. Plus de 8 millions de Français – un cinquième de la population ! - furent appelés sous les drapeaux. 1 million quatre cent mille sont morts. Des centaines de milliers ont été blessés  « gueules cassées », amputés, brûlés, gazés, qui ont porté tout au long de leur vie des stigmates, dans leur chair, sur leur visage, la marque indélébile de l’épreuve. "
François Hollande, 7 novembre 2013
On comprend donc que même cet exercice de mémoire ne saurait être une trêve dans le bashing généralisé.
Il y a donc fort à parier que le dépôt de gerbe devant la statue de Georges Clemenceau relancera des comparaisons fumeuses avec le temps présent. La méteo de la remontée des Champs-Elysées avec l’escorte mixte de la Garde républicaine sera scrutée comme pour y voir un éventuel signe du destin. Le salut aux familles de soldats morts pour la France en opération extérieure durant l'année écoulée, on pense à l'intervention malienne déclenchée en janvier dernier, sera l'occasion pour quelques-uns de de se féliciter que François Hollande ait été empêché d'intervenir en Syrie.
[NDR: il y a suffisamment à faire et à critiquer dans l'action du gouvernement pour qu'on épargne les rares moments de mémoire nationale. Car se disputer aujourd'hui sur un conflit vieux d'un siècle, sur la base d'un discours très pondéré et rassembleur du chef de l'Etat, a quelque chose de dérisoire, de minable et de triste pour la démocratie.]
Lire le discours dans son intégralité.


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