Qu’est-ce que j’aurais voulu aimer ce livre ! A la base, il avait tout pour me plaire. Un écrivain autodidacte, digne représentant de la littérature prolétarienne que je chéris tant depuis mes études de lettres et ma découverte d’Henry Poulaille. Un écorché vif, gamin maltraité par les salauds d’adultes entre les mains desquels il aura passé toute son enfance. Un révolté, un réfractaire, un esprit aussi libre qu’incontrôlable, bref le genre de personnage qui me fait particulièrement kiffer comme disent les jeunes. Las, je n’ai pas été séduit le moins du monde par cette autobiographie.
L’ensemble est tellement misérabiliste. A coté de Confusion des peines, Sans famille est une gentille comédie. Le problème c’est que les malheurs de Julien Blanc s’enchaînent dans une suite ininterrompue et finissent par perdre toute force d’évocation. A la longue on frôle l’overdose. Et puis le jeune homme ne m’a pas touché. Il n’a certes pas eu une vie facile (c’est le moins que l’on puisse dire) mais on se rend compte qu’il n’a pas non plus fait grand-chose pour s’en sortir, notamment en rechignant à la tâche à chaque fois qu’on lui proposait un emploi. Surtout, l’écriture est d’une grande platitude. La révolte devrait selon moi aller de pair avec une certaine forme d’éructation verbale. Le hurlement d’un homme face à l’injustice d'une jeunesse ruinée par sa condition sociale et le comportement inadmissible des adultes, Louis Calaferte en a fait un chef d'oeuvre avec « Le requiem des innocents ». Là, pour le coup, on en est loin, très loin même.
Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, j’en sors d’autant plus déçu. Le second volume de la trilogie de Julien Blanc attend sagement dans ma pal depuis un certain temps. Il risque d’y rester encore longtemps.
Confusion des peines de Julien Blanc. Libretto, 2013. 280 pages. 9,70 €