Je vous montre sans attendre sa spécialité (ci-contre) que j'ai failli engloutir dans le métro ... C'est le pain fétiche de la maison, qui porte le nom de chaque boutique (on l'appelle le Clichy rue de Clichy), façonné de façon anarchique. La forte hydratation de la pâte accentue l’alvéolage de la mie et favorise le développement des arômes.
Les restaurants apprécient ce pain d'antan pour son goût acidulé, sa mie dense, sa croûte épaisse très caramélisée. Il est fabriqué avec un levain naturel plus acide, qui se conserve plusieurs jours.
L'homme est un peu "à part" dans l'univers. A plus d'un titre. De par sa formation, puisqu'il a passé un Bac scientifique. Il aurait pu devenir ingénieur des Eaux et Forêts ou botaniste. Rien ne le prédisposait à travailler dans la gastronomie. Il ne vous racontera pas la légende du petit garçon qui léchait la cuillère en bois de sa mamie en rêvant un jour de cuisiner pour les têtes couronnées.
Le succès n'est pas arrivé par hasard. Quand Rodolphe dit avoir travaillé 15 heures par jour, 7 jours sur 7 pendant 10 ans on le croit aisément. Son parcours le confirme et il demeure loin des projecteurs qui hypnotisent les pipoles.
Parmi les relations paternelles il y avait en effet Monsieur Valadon qui n'est pas "que" boulanger à Pontoise, mais aussi Président de la Fédération de la Boulangerie, Pâtisserie & Chocolaterie auprès de qui Rodolphe effectuera ses deux ans d'apprentissage après le Bac Pro Alimentation, histoire de ne pas se spécialiser trop vite. Il enchaine ensuite avec les Compagnons du devoir pendant 3 ans, à Paris, Bruxelles et Reims, aux côtés d'artisans passionnés. Puis Ladurée auprès de Pierre Hermé pendant 2 ans, Paul Bocuse à Lyon, le restaurant gastronomique Lucas Carton (aujourd’hui Senderens), l’hôtel Bristol ou encore le traiteur Raynier-Marchetti.
Il s'installera d'abord en gérance dans le quartier de Tolbiac, en 2004, et à seulement 26 ans. Il s'accordera ensuite une année sabbatique et puis fera ce qu'il appelle "le grand saut". Il avait effectué un stage dans la maison Feyeux, à l’enseigne des Poilpré, 56 rue de Clichy. Si bien que lorsqu'il appris que cette boulangerie de la rue de Clichy était à reprendre il sauta sur l'occasion, en ayant à coeur de remonter la boutique tombée en désuétude, ce qu'il fait avec sa femme Yoshimi Ishikawa,début 2007. La recherche de qualité y est quotidienne, avec intransigeance. Cela se joue à une cinquantaine de détails. Mais c'est le prix pour un succès grandissant qui a permis de doubler le nombre de collaborateurs en deux ans. Ils sont 140 à travailler dans les diverses Maisons Landemaine.
C'est dans le 9ème arrondissement que se trouve aujourd'hui le laboratoire Landemaine. Les sous-sols de la boutique commencent à être insuffisants et il est probable que la croissance passera par un déménagement.
Rodolphe Landemaine est fier de faire marcher l'ascenseur social. Il accueille les stagiaires en leur rappelant qu'il était à leur place il y a dix ans. "Le monde vous attend" leur promet-il ... à condition de ne pas ménager ses efforts.
On trouve aussi des chocolats, et des sorbets artisanaux. Mais le plus étonnant fut, lors de ma visite, la découverte de l'intense activité d'une équipe de pâtissiers déjà à l'oeuvre pour les galettes des Rois. Il faudra en faire 10 000. Ce n'est pas en une semaine que ce serait possible.
Les Maisons Landemaine parisiennes :56 rue de Clichy, 75009 Paris, 01 48 74 37 6426 rue des Martyrs, 75009 Paris, 01 40 16 03 42130 rue de la Roquette (le pain s'y appelle le Voltaire) 75011 Paris, 01 43 79 98 03121 Rue de Charonne, 75011 Paris, 01 43 71 33 062 rue Crozatier, 75012 Pariset la dernière, dite Jules Joffrin, au 4 Rue du Poteau, 75018 Paris, 01 42 64 87 78