Il y a un peu moins d’une semaine, je suis allée voir les anglais de Foals qui ont livré un bon set, ni mauvais, ni exceptionnel. Le minimum syndical. Tout l’inverse de The Dodos, en somme.
The Dodos, c’est deux californiens, 7 albums depuis 2005, dont le dernier, Carrier, qui est pour moi un des meilleurs albums de cette année. À mi chemin entre la folk et l’expérimental, mêlant le son cristallin des guitares à des rythmiques on ne peut plus alambiquées, il était clair que l’on allait passer un bon moment.
Et c’est dans un Français quasi parfait (bon, pas vraiment, mais l’intention y était) que Meric Long, le chanteur, lance un "Bonjouur ! Comment vous allez ? Non, comment vous allez-vous ?", le sourire aux lèvres. On apprendra par la suite que c’était le deuxième soir d’affilée qu’ils jouaient à bord d’un bateau (ils avaient sévi la veille sur La Péniche lilloise). On apprendra d’ailleurs plein d’autres choses, parce que monsieur était très causant et surtout très sympathique ce soir là. La bonne humeur contagieuse de Meric aura donc raison de nous. Tout comme leur assurance déconcertante. On se plante ? Pas grave. Ca fait des grimaces, c’est complice entre eux, ça imite le monstre avec la reverb jusqu’au point d’empêcher la chanson de commencer … Le cadre était donc posé.
Je vous ai dit un peu plus haut que Carrier était excellent, ce à quoi j’ajoute que leur discographie toute entière est l’une des plus intéressantes de ces dernières années. Et en live, elle prend une autre dimension. C’est tout bête. C’est ça un bon groupe. Tu sens que les mecs sont à fond, entre le clavieriste/guitariste qui gigote et qui saute dans tous les sens, le chanteur qui a des spasmes musculaires aux refrains de Black Knight, pas de doute. Les litres de sueur versés viennent facilement confirmer ma théorie. Aucune histoire de montée en puissance dans la prestation, puisque dès le début avec "Confidence", la qualité était au rendez-vous. Quand d’autres groupes te perdent dans leurs expérimentations, eux, t’emportent. On est comme hypnotisés par les rythmiques alambiquées et les couches de guitares. Pas une seconde de répit. Par contre, ne faites pas la bêtise inouïe d’oublier les bouchons d’oreilles, les typants mangent sévèrement vers la fin des chansons. Côté setlist, ils ont joué majoritairement des chansons issues du dernier opus (nor-mal quoi), quelques unes de l’avant dernier (No color), mais ils n’ont pas fait "Fables". Et ça, c’est difficilement pardonnable.
Le fait marquant de ce concert, c’était les rappels. Oui, "LES" rappels. Deux pour être précise. Ca faisait des années que je n’avais pas eu le loisir d’assister à DEUX rappels. Dont le dernier était à base de "qu’est-ce que vous voulez qu’on vous joue ?". Enfin de vrais et bons artistes, généreux, qui sont avant tout là pour leur public et non pour faire le job car c’est dans le contrat (coucou Foals, Vampire Weekend et les autres). C’est donc en formation initiale (batteur + guitariste) qu’ils ont magistralement fini le travail, achevant ainsi nos ouïes qui ne demandaient pourtant qu’à en avoir encore plus.
Un concert dont on ressort inévitablement un sourire d’ahuri collé aux lèvres et qui ne nous donne qu’une envie : aller s’acheter des wagons de pédales sur la côte west.