Un décret en date du 17 septembre 2013 a été publié au Journal officiel du 19 septembre 2013. Ce texte est notamment censé faciliter l’insertion professionnelle des enfants de harkis en assurant une prise en charge partielle de certaines formations qui leur sont dispensées.
Un manque d’imagination et d’ambition…
Ce décret, qui paraît à quelques mois des élections européennes et municipales, veut nous faire croire que le Gouvernement s’occupe réellement de nous.
En réalité, les mesures de ce texte ne sont pas nouvelles : le Gouvernement ne fait que ressortir des dispositions anciennes prévues par la circulaire du 30 juin 2010 et annulées par une décision du Conseil d’Etat en date du 16 avril 2012.
C’est là un manque patent d’imagination, en dépit des moyens humains dont dispose l’Etat depuis de nombreuses années pour faciliter notre intégration. Les services de l’Etat (Secrétariat d’Etat délégué aux anciens combattants et Mission interministérielle aux rapatriés en tête) ont cruellement manqué d’idées et nous servi un plat réchauffé et indigeste, que nous n’apprécions guère et qu’on s’entête à nous faire avaler depuis des lustres.
L’Etat a manqué aussi d’ambition en proposant un texte minable et inapplicable. Minable parce les mesures spécifiques font des harkis des assistés, voire des privilégiés pour le reste de la population. Inapplicable parce qu’il ne touche qu’une infime partie de bénéficiaires potentiels : les enfants de harkis, nés avant les années 80, sont aujourd’hui plus proches de la retraite que d’un nouveau départ dans la vie active.
Les harkis et leurs enfants, opposés aux mesures spécifiques, qui ont pourtant démontré en 30 ans leur inefficacité, réclament simplement que l’Etat français reconnaisse, dans le cadre d’une loi, sa responsabilité dans l’abandon et le massacre des harkis, ainsi que dans l’échec de leur insertion dans la communauté nationale.
En refusant d’être courageux et de rendre justice aux harkis, l’Etat n’a fait que se discréditer une nouvelle fois.
…doublé d’un manque de considération
Ce texte, pris en dépit du bon sens, ne répond pas aux attentes des associations qui avaient pourtant fait des propositions nouvelles et claires pendant la campagne des élections présidentielles.
Ces propositions, confirmées lors de la réunion du 18 septembre 2012 avec Kader Arif, écartaient tout recours aux mesures spécifiques. Elles donnaient la priorité à la reconnaissance par l’Etat français de sa responsabilité dans l’abandon et le massacre des harkis après le 19 mars 1962, ainsi que dans l’échec de leur insertion dans la communauté nationale. Cette reconnaissance devait aboutir à la réparation des préjudices subis.
L’Etat, avec ce décret sur la formation, n’a pas écouté les associations. Non seulement, il ne retient aucune de leurs propositions, mais il prend une mesure à laquelle elles ne sont pas favorables. C’est là un manque évident de considération.
Mais, il y a pire : ce texte a été pris sans aucune concertation alors même que le ministre s’est engagé à travailler étroitement avec les associations.
Nous avons cru aux promesses de M. Sarkozy et nous avons été déçus, nous avons été séduits par le discours de M. Hollande et nous avons été trahis. Devons-nous aujourd’hui baisser complètement les bras ou écouter par lassitude le chant d’autres sirènes ?
Saïd Balah