Deux rencontres, deux histoires d'amour.
Jeanne rencontre un homme à la Saint-Sylvestre : le maître de la corneille, le chevalier, dont un oiseau de cette espèce hante l'atelier. On se trouve quelque part dans une vallée, que la maison de Jeanne domine, si bien qu'elle doit traverser la forêt pour aller dans la ville industrielle qui étend sous elle une usine chimique, des cheminées, une décharge, des bennes, et cet atelier où il se trouve...
Dans la deuxième partie du livre, Jeanne part vers l'Italie sur les traces de son premier amour. Une trentaine d'années plus tôt,elle travaillait dans une colonie de vacances près de Bologne, et avait rencontré L. Sorgente. Mais son premier amour est mort dans l'attentat de la gare de Bologne, (une attaque terroriste d'extrême-droite qui fit 85 morts et 200 blessés en 1980), un drame national.
La fin, dynamique, laisse supposer un espoir d'avenir. « Jeanne ôte ses gants, lève les bras vers le ciel et se met à courir. » L'apaisement est suggéré aussi. « Une seule mouette passe, celle qu'elle a été sur la mer démontée quand elle levait un bras, une main, que sa bouche prenait l'eau et s'est tue. »
Corneille et mouette, ailleurs un moineau. Des oiseaux et des voitures. La vitesse importe. La lenteur aussi.
L' histoire est vague, elliptique, délibérément floue : Béatrice Monnard préfère l'évocation poétique à la précision de l'anecdote racontée.On peut se laisser bercer par sa musique, qui a beaucoup de charme. Une langue travaillée dit la mélancolie, les voilés de la relation, les incertitudes, les attentes, les incompréhensions et les contrastes.
Béatrice Monnard, Des oiseaux et des voitures, L'Aire