Comment ne pas être interpelé par un petit livre au titre aussi insolite que : “LA PATIENCE DES BUFFLES SOUS LA PLUIE“, surtout quand l’auteur David THOMAS est un parfait inconnu, qui signe son premier opus qu’il publie en 2009 chez Bernard Pascuito, maison d’édition créée quelques années auparavant.
Le livre est une suite de soixante-treize textes, d’inégales longueurs et abordant les sujets les plus inattendus.
Ce ne sont pas des nouvelles, plutôt des captures d’écran de la vie, qui en quelques lignes, une ou deux pages, rarement plus, nous mettent face à une situation donnée!
L’auteur nous offre des textes percutants, drôles ou dramatiques, en tous cas émouvants, qui mettent en scène des personnages inattendus dans des situations parfois très banales.
J’ouvre le livre au hasard :
- “Qui mène la danse“, le premier texte nous plonge dans l’univers du livre en posant d’entrée cette question existentielle:
“Je me demande parfois ce que je serais devenu si j’avais vécu d’autres choses que celles que j’ai vécues jusqu’à aujourd’hui.”
- “Petite fille“, à la page 73, la dizaine de lignes se termine par cette phrase pathétique :
“Moi non plus, je ne dors pas la nuit.Mais ce n’est pas à cause d’une petite fille. C’est justement parce que je n’en ai pas”.
- “Arnaque” à la page 103, je prends cette phrase qui résume bien le statut de romancier:
“Ah çà, pour écrire de jolies choses, t’es le premier, mais pour les vivre, ya plus personne”.
- “Loin“, à la page 142, après une litanie de “j’aimerais…..” qui va de “vivre sur une île” à “chasser le grizzli” ou “boire du thé avec des Touaregs” ou encore “manger du phoque”, l’auteur conclue son petit texte par “Ce qui est sûr, c’est que j’aimerai être loin de moi”.
- “Dernier mail“, à la page 95, nous tisse la montée en puissance de la méchanceté entre deux êtres qui s’aimaient et qui au fil d’un échange de message à propos d’une rupture en viennent vite à atteindre ce qu’il y a de plus odieux en eux. Le premier message de la femme qui annonce son départ commence par “Mon chéri” et finit “Je t’embrasse tendrement” et son dernier daté de 15 jours plus tard ne comporte que deux mots : “Crève, espèce d’enculé”. Les message du monsieur éconduit ne sont pas en reste : de “Mon Agnès chérie” et “Je t’embrasse, je t’aime” à un cinglant “Salope” pour clore la liaison!
Je pourrais citer encore quelques exemples, mais je ne veux pas vous priver du plaisir éventuel de la lecture de ce petit bijou où la nature humaine est décortiquée avec une certaine férocité, mais aussi avec humour et parfois avec tendresse!
Je pourrais quand même vous parler du texte qui a donné son titre au livre, “La patience des buffles sous la pluie“, à la page 74……Mais je vous laisse la surprise de le découvrir! Comme celle de découvrir les trois “Suite” (1, 2 et 3) qui constituent pour le coup une véritable nouvelle!
Donc lecture que je vous recommande fortement!