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Gérer ses émotions : saisissez la balle au bond ! Episode 1

Publié le 10 novembre 2013 par Moralotop @moralotop
Gérer ses émotions

Gérer ses émotions

Je viens de coucher 55.000 mots sur le papier.

55.000 mots qui vous disent des choses.

Beaucoup de choses.

Sur votre vie et celle de vos proches.

55.000 mots chargés d’émotions et d’enseignements.

Beaucoup d’émois pour moi.

Beaucoup, je l‘espère, pour vous aussi.

Ces 55 000 mots vous seront prochainement proposés.

En attendant, voici 3000 autres mots (2 épisodes).

Pour divaguer un peu, se laisser aller, engranger les images, pour réfléchir et vous parler aussi.

Que voulez-vous, mon clavier ne voulait pas refroidir… juste vous divertir.

Voici donc :

Gérer ses émotions : saisissez la balle au bond !

Tournoi de tennis entre amis.

Alix et Tom, époux dans la vie, s’affrontent en finale : le vaincu fera les courses pour la totalité du groupe.

Tom mène 3/1, 40-15, Alix rate son retour et s’invective comme à chaque fois qu’elle commet une erreur.

- Mais non, nooooonn… RE-GAR-DE ta balle !

Le jeu est perdu, ça sent le roussi, 4 à 1 pour Tom.

Changement de côté.

Les joueurs regagnent leurs chaises. Près du filet, toujours galant, Tom laisse passer sa femme.

Furtivement, ils échangent un regard.

Ruisselant de sueur, pour titiller son épouse, Tom adopte l’attitude ambiguë de celui qui mène, façon Jules César.

Pire, il lui décoche l’arme fatale : son fameux sourire en coin.

Celui qui, précisément, irrite Alix au plus haut point.

D’ailleurs elle reçoit le message 5 sur 5 et, virtuellement, arracherait volontiers deux yeux à cet époux un brin provoc…

Eh oui, le sport, c’est aussi gérer ses émotions, installer une stratégie, jouer avec les pensées et sentiments de l’autre tout en maîtrisant les siens.

Sur sa chaise, Alix saisit la serviette tendue par sa copine Muriel, promue coach pour l’occasion.

Agacée, Alix lâche :

- Il m’énerve, il m’énerve à tout renvoyer, c’est un mur, Tom, un vrai crocodile (jargon tennis.). Et ce sourire en coin… il le fait exprès, t’as vu, il le fait exprès, je te dis. Chaque fois qu’il veut m’énerver il sort son sourire en coin.

Voyant combien sa copine a du mal à gérer ses émotions, Muriel lui tend une bouteille d’eau, Alix en boit une gorgée… et remet le couvert.

- En plus, il fait exprès de me faire des petites balles coupées qui s’écrasent, tu vois, j’ai horreur de ça, j’arrive toujours trop tard… ça me fait enrager.

Muriel lui rappelle que c’est le jeu et que… mais, intarissable, sous l’influence de divers sentiments et pensées, Alix se répand :

- Il me fait perdre mes moyens, c’est pour ça que je n’arrive pas à le battre.

Muriel va prendre la parole, mais se ravise pensant, qu’à cet instant, écouter son amie est plus précieux que toute autre intervention.

Alors, ôtant la sueur de son front, Alix laisse déborder son trop plein d’émotions.

- Ça me fout en rogne.  Il me bat toujours d’un chouia, de trois fois rien mais il me bat, c’est pénible… je suis nulle… et aujourd’hui j’ai déjà 3 jeux dans la vue. Ma fille, je sens que tu vas te taper les courses !

Alors Muriel calme le jeu, c’est le cas de le dire.

- Tu es bien émotive, Alix, allez, calme toi, souffle, reconcentre-toi, c‘est encore jouable, tu peux remonter.

Mais Alix reprend de plus belle.

- Tu parles…en plus, Tom ne râle jamais quand il rate un point, on n’entend pas une mouche voler, il ne dit absolument rien, c’est énervant… pfff, j’ai épousé un crocodile muet.

Et moi, je bouge comme un hippopotame… ras le bol.

Assis juste derrière les chaises des joueurs, et captant au vol cette dernière remarque, un joyeux spectateur, ami du couple, déclenche les rires de l’assistance.

- Un hippopotame contre un crocodile, c’est plus du tennis, c’est du cirque !

Dans son coin, Muriel tente de canaliser les émotions de « sa joueuse » et de la regonfler avant la reprise du match mais, rien à faire, émotive et tendue, Alix s’épanche à nouveau.

- T’as vu mon service de rouge-gorge ?

- Je sers comme une patate qui n’a pas la pêche.

Devant ce déluge de pensées négatives Muriel reprend l’initiative :

- Alix, ressaisis-toi. Tu te mets la rate au court bouillon pour rien. Si tu veux battre Tom il faut savoir gérer ses émotions. Et changer d’attitude.

D’abord cesse de te dénigrer constamment.
Ok, tu n’es pas Serena Williams, et personne ne te le demande. Mais prends exemple sur elle, crois-tu qu’elle se dévalorise en permanence ?

En bon coach, Muriel prend ensuite Alix par les épaules et solennise son message :

- Al, au tennis comme dans la vie, pour obtenir ce que tu veux la PREMIÈRE chose
est de CROIRE que tu VAS l’obtenir !

Agacée, Alix répond : Et ça suffit pour gagner ton truc ?

- Sûrement pas, répond Muriel.

Mais c’est l’IN-DIS-PEN-SA-BLE première marche.  Si tu joues battue, tu t’affaiblis toi-même et tu perdras : à toi le caddie du groupe, ma vieille !

Gérer ses émotions

Gérer ses émotions

La reprise du jeu s’annonce, Muriel « fait le job » et glisse un conseil technique à sa copine.

- Allez Al, joue son revers, il a horreur de ça.

Tu vas le rendre fou.

Et, en stratège avisé, elle en ajoute un autre, plus « subtil ».

Fixant Alix dans les yeux :

Al, en retournant sur le terrain, lance-lui un truc pour le déstabiliser, genre « t’as pas un peu grossi toi » ?

On va voir si ton mari sait gérer ses émotions.

L’arbitre annonce la reprise.

Les joueurs se lèvent, et se recroisent au filet.

Bien sûr, Tom chambre à nouveau son épouse.

- Dis Mauresmo, quand tu feras les courses à l’hyper et qu’on t’attendra tous autour d’un verre, prends-nous 2 boîtes de balles, s’il te plaît, merci chérie.

Puis il ponctue cette demande de son fameux sourire en coin, histoire d’achever «l’adversaire».

Touchée.

Ne sachant ni gérer ses émotions, ni cacher ses troubles, Alix est visiblement touchée par cette simili boutade et ne sait quoi répondre sur l’instant.

Pourtant c’est une battante, émotive certes, mais une fille intelligente qui entend bien répliquer à son époux.

 Au fond, quelle plus belle complicité entre deux êtres qui s’aiment que d’échanger quelques « piques » ?


Et la complicité n’est-elle pas un des grands plaisirs de l’amour ?

Alors, se souvenant du dernier conseil de Muriel, à son tour, Alix dégaine et adresse un missile à Tom :

- Dis-moi, je te regardais là sur la chaise… euh… t’as pas un peu grossi toi ?

Surpris, Tom, réagit :

- Quoi, co-comment, grossi moi ?

Alors Alix le dévisage, de haut en bas, comme si elle reluquait la bête, et laisse tomber la sentence :

- Mmouuais, je confirme… t’as grossi.

Puis, comme si de rien n’était,  elle rejoint sa partie de terrain, laissant Tom, interloqué, planté comme un feu rouge au milieu d’un carrefour.

Toutefois l’arbitre s’impatiente.

- Oh les amoureux, sans vous déranger, on pourrait peut-être reprendre le match ?

Dans la foulée, il annonce le score :

Bon, alors 5/1 pour Tom… pardon… 5/2…  4/3… aaah, zut, y’a combien ?

Le spectateur turbulent saisit cette occasion pour faire monter l’ambiance et chahute l’arbitre sur un air connu :

- Il est des nôooootres, il a bu son verre comme les au-au-tres (bis)

Rire général dans les travées, les commentaires fusent, les propositions de score aussi, plus fantaisistes les unes que les autres, l’arbitre a perdu le fil et se mélange les crayons.

- Silence le court ou je fais évacuer la foule !

Explosion de rire des spectateurs.

Dans la confusion l’arbitre, lui aussi plié de rire, se reprend :

- Désolé, je voulais dire : Silence la foule ou je fais évacuer le court.

Ovation du public qui l’encourage à reprendre le contrôle de la situation.

Ce qu’il fait joliment en annonçant, sur un ton de pro :

- Tom mène par 4 jeux à 1, service Alix.

Belle autorité saluée par les applaudissements des spectateurs, enrichis d’un sonore « Aaaaaahhhhh »

L’arbitre apprécie ce retour en grâce et, d’un geste auguste, salue le public, ses amis.

La partie reprend.

Appliquant les conseils de son coach, Alix pilonne le revers de Tom et recolle à 4/2.

Le jeu se poursuit.

De sa chaise Muriel lève le pouce droit pour encourager sa championne à chaque coup gagnant.

Et, fait inhabituel, Tom s’énerve à son tour… sous l’influence du missile finement adressé par son épouse.

Gérer ses émotions

Gérer ses émotions

Comme anticipé par Muriel, Tom a du mal, lui aussi, à gérer ses émotions.

La preuve, presque en colère, il rugit :

- C’est pas vrai ça, 3 fautes de revers !

Qu’est-ce que j’ai aujourd’hui, je suis nul… elle me canarde, en plus, un vrai tir aux pigeons.

Et justement, Tom s’apprête à servir, quand soudain… une déjection de pigeon s’abat sur sa raquette.

Splassshhhh….

Le public, déjà aux anges, n’en demandait pas tant, et le joyeux spectateur bondit sur l’occasion pour faire le show.

- Ta da da dam, les pigeons parlent aux pigeons, je répète, les pigeons parlent aux pigeons…

L’arbitre interrompt le match.

Fulminant, Tom se dépatouille comme il peut avec cet apport venu du ciel et va chercher sa raquette de secours.

Sentant que les émotions sont la clé de ce match, Muriel, souffle ses consignes à Alix.

- Garde ton sérieux, concentre toi, continue, c’est du gâteau Al, même le ciel est avec toi !

Et alors que Tom ouvre son sac pour prendre sa deuxième raquette… rien !

Le sac est vide, pas de deuxième raquette… un oubli de sa part.

Irrité, un peu vexé même, las, très las, Tom s’exclame :

- Et merde..

Le joyeux spectateur ami, qui pourrait être animateur au Club Med en profite.

- C’est le mot Tom, c’est le mot, t’es dans la m___ !

Nouveau fou rire des spectateurs.

L’ambiance est au beau fixe.

De celle qu’il fait bon vivre entre amis, quand les tensions de l’existence s’apaisent,

que la convivialité, le partage, et les petits bonheurs prennent la main.

Et justement, les mains dans le cambouis, Tom, n’a plus qu’à se faire prêter une raquette sans quoi il perdra le match et devra faire les courses pour tout le groupe d’amis.

Or les spectateurs n’avaient pas prévu de jouer et n’ont donc pas de raquette disponible.

La poisse, la guigne, décidément…

Mi-colérique, mi-dépité, sous l’influence de ses émotions, Tom, râle, rouspète, s’emporte… quand une voix se fait entendre.

C’est Laurent, un de ses bons copains :

- J’en ai une… je vais la chercher dans la voiture, elle doit être enfouie dans le coffre.

Soulagement pour Tom qui remercie Laurent : les affaires repartent, il va pouvoir se remobiliser et conclure favorablement le match.

Revenu avec le précieux trésor, Laurent tend donc sa raquette à Tom :

- Tiens.  C’est du lourd, elle a passé un tour à Bécon Plage.

Rassuré, Tom joue le jeu :

- Wouaahhh… un tour à Bécon Plage, c’est pas rien, en effet. Et combien « lui as-tu mis » à ton adversaire ?

Un peu embarrassé Laurent répond :

- Ben… il est pas venu, j’ai gagné par forfait.

Devant cette révélation, les spectateurs repartent dans un délicieux moment de rire, décidément, quel match, on ne s’ennuie pas autour du terrain.

Alors Tom saisit l’engin, l’ôte de son fourreau et là… consternation : la raquette a dû être fabriquée au temps des dinosaures !

En bois, elle est rongée de partout et les cordes sont usées… jusqu’à la corde.

Grrr… nouveau coup de blues pour Tom qui se dit qu’il n’est pas au bout de ses émotions et que ce n’est décidément pas son jour.

S’adressant à Laurent :

- Merci, merci bien pour cette raqu… enfin… pour cette épave.

Le spectateur animateur n’en perd pas une miette et met son grain de sel :

- Une épave d’accord, mais qui a passé un tour à Bécon plage quand même !

L’ambiance est au top, les spectateurs multiplient les plaisanteries, tout fuse dans tous les sens, et dans ce brouhaha, personne n’entend que Tom a choisi Laurent comme coach pour la fin du match.

Le but : l’aider à mieux gérer ses émotions, gagner la partie et s’éviter ainsi la virée à l’hypermarché, une vraie corvée, enjeu de la rencontre.

Très imprégné de sa mission, l’arbitre tente d’émerger de ce bruyant et remuant chahut collectif.

- S’il… s’il vous… Mesdames, Messieurs… s’il vous plaît… un jeu de pilence.

Sa langue a de nouveau fourché, c’en est trop, dans les travées, on est plié en quatre.

L’occasion pour le “meneur” des spectateurs amis de nourrir cette chaude ambiance, grâce à une célèbre réplique de film :

- L’a… l’al… l’alcool… NON… l’eau… l’eau fe… l’eau ferrugineuse OUI !

Confus mais souriant jusqu’aux oreilles l’arbitre s’excuse et tente de se faire entendre.

- Après… chuuut… après cet épi… chuuut s’il vous plaît… après cet épisode du pigeon, et toutes ces émotions fortes, reprenons le match.

Bon, le score : 5/2, non 4/3… ah ah ah… zut… ça recommence… y’ a combien ?

Pour la deuxième fois, des travées fusent plusieurs propositions fantaisistes, les amis de Tom et Alix étant heureux d’ajouter à cette conviviale confusion.

Comme un seul homme, ils en profitent pour reprendre en chœur et bruyamment : il est des nôootres, etc.

Au point d’attirer l’attention des spectateurs du court voisin – eux, très sérieux -
qui se demandent si cette horde de gaulois
ne confond pas court de tennis… et cour d’école !

Alors le spectateur turbulent en rajoute une couche :

- On est gâtés aujourd’hui. Un crocodile muet, un hippopotame joueur, un pigeon bombardier et un arbitre qui plane, appelez PINDER j’vous dis… on va s’ faire du blé !

L’arbitre, d’une voix affirmée :

- Silence la balle… ou je fais évacuer la foule !

Quoi ? C’est pas encore ça ? P’tête bien, j’sais plus moi… c’est un match de fou, j’en perds mon latin… lâche-t-il entre deux rires incontrôlables.

Se ressaisissant, il annonce :

- Le score : 5/1, non 5/3,  c’est ça… bougez pas,  j’le tiens… 4/3.

Bingo, c’est le bon score qui déchaîne le public : YEEEAAAAAAH… ainsi que de nouveaux et frénétiques applaudissements.

Quelle ambiance, Roland Garros et ses grandes heures peuvent aller se rhabiller !

Le calme revient enfin et la partie reprend.

Les deux coachs, Laurent et Muriel, assis côte à côte, échangent.

- Que d’émotions aujourd’hui...

Laurent à Muriel :

- Bravo, consoeur, bravo, bien vu le pilonnage du revers de Tom.

Bien joué aussi la petite phrase sur son tour de taille.

Ça l’a travaillé.

Il est vert de rage et Alix remonte au score.

Et avec ma raquette pourrie, il est encore plus énervé, il se voit déjà remplir le caddie de tout le groupe.

Beau boulot Muriel, la gestion des émotions, tu sais faire, on dirait…

Nous en sommes là de ce match, le deuxième set dans le prochain article.

Comment va se terminer cette partie si riche en émotions ?

Et, à ce sujet,

  Savez-vous gérer vos émotions ?

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