C'est à la Maison Rouge que j'ai découvert Mary Sibande, jeune artiste sud africaine, qui expose une oeuvre au MAC-VAL et des photos sur la Route Départementale où le MAC-VAL a son adresse. Il y avait Sophie, figure de toutes les femmes qui l'ont précédée, mère, grand-mère. Sophie, servante, parce qu'il n'y avait pas d'autre choix dans l'apartheid pour une femme noire des townships. La chance de Mary Sibande est d'être née dans les années 1980, et d'avoir eu d'autres possibilités. Elle a rendu hommage aux femmes des générations précédentes à travers les représentations de Sophie, immobilisée dans sa tenue bleue, tablier blanc, attachée par la laine aux murs qui l'entouraient. Aujourd'hui, et sa résidence à Vitry-sur-Seine a favorisé cette évolution, elle a choisi de se mettre elle-même en scène. Toujours le lien avec le mur, comme avec des racines dont elle se libère sans les renier, un lien qui ressemble à un cordon ombilical qu'il faut bien couper un jour. Mais, cette fois, son personnage n'est plus immobile, elle est plutôt dans une danse qui effiloche son vêtement (qui, de ce fait, ne l'entrave plus). Et il y a la couleur, élément important en Afrique du Sud, la couleur mauve, celle qui a été utilisée par la police lors d'une manifestation pour distinguer les manifestants, celle que Mary a choisie comme une signature, pour s'affirmer et s'engager délibérément dans l'avenir. Le mauve aura le pouvoir.