A l’année prochaine…

L’hiver pointant le bout de son nez, les marmottes de l’arc jurassien ont disparu de la surface depuis quelques semaines pour débuter une hibernation qui devrait durer jusqu’au mois d’avril. Pour survivre à un long hiver, elles transportent d’importantes quantités d’herbes sèches à l’intérieur de leurs terriers durant les derniers jours d’automne. Ces herbes ne constituent pas des réserves alimentaires mais plutôt une litière qui leur permettra de s’installer douillettement pour hiberner. Les marmottes s’enrobent également avant l’hiver. Elles emmagasinent une solide couche de graisse (environ 1.5 kg) qui leur offrira les calories nécessaires durant leur retraite souterraine.

Une fois le terrier rebouché, les marmottes se regroupent par familles afin de partager leur chaleur, puis plongent dans une profonde léthargie. Afin de réduire au maximum leurs besoins métaboliques, elles diminuent progressivement leur température corporelle de 30 degrés. Ainsi au coeur de l’hiver, la température d’une marmotte avoisine les 7 degrés, son coeur ne bat que 20 à 30 fois par minutes (contre un rythme cardiaque supérieur à 200 bpm en période d’activité) et elle ne respire plus que 2-3 fois par minute. Pour éviter de mourir de froid, son métabolisme se remet en marche quand la température passe sous les 5 degrés. De plus, la marmotte se réveille toutes les 2 ou trois semaines pour uriner, mais elle ne mangera rien avant le printemps.

A la fonte des neiges, on peut voir les marmottes sortir le bout de leur nez. Déshydratées et amaigries, elles lècheront alors activement la neige restante et se dirigeront vers les herbages apparents pour reprendre des forces avant la période des amours.

Pour ma part je n’ai souhaité approcher et potentiellement déranger les marmottes durant les derniers jours d’automne afin de ne pas compromettre leur survie durant l’hiver. Dérangées, elles resteraient cachées dans leur terrier, ce qui leur empêcheraient d’accumuler de précieux grammes de graisses importants pour la survie hivernale. Je vous propose donc de (re)découvrir une photo prise ce printemps. Surprises par un sifflement de milan royal, 3 marmottes se sont retournées vers la source sonore pour identifier la localisation du prédateur. La quatrième, visiblement trop occupée à récolter des herbes pour sa future nichée de marmottons, ne semble pas avoir compris ce qui se passait…

Neuchâtel, le 10 novembre 2013