Jonathan hickman et les avengers : un avis personnel
Publié le 10 novembre 2013 par Universcomics
@Josemaniette
Jonathan Hickman est-il vraiment un
des tous meilleurs scénaristes de sa génération? A défaut de l'encenser mois
après mois, comme c'est le cas dans les éditos et les rédactionnels de Panini,
force est de constater que ce ne sont pas les idées qui font défaut à cet
auteur. Qui a toutefois deux petites tares évidentes. La première, c'est son
besoin compulsif de tisser des trames qui demandent une vingtaine, une
trentaine de numéros pour apparaître dans toute leur pertinence. C'est dans la
durée, et dans un format librairie, qu'on aime encore d'avantage Hickman, ce
qui est parfois une tare, dans un média comme le comic-book, basé sur une
production sérielle, mensuelle le plus souvent, où le lecteur novice, qui tente
de raccrocher les wagons en choisissant un numéro au hasard, peut très vite se
sentir largué et dérouté. Le second défaut, c'est son absence d'humour, de
glamour. Les modes de narration ont changé, aujourd'hui, et celui de Hickman
est un poil trop guindé, sérieux, pour tout dire, rétro, dans la forme. Pas sur
le fond, car il n'a pas son pareil pour développer des concepts futuristes,
pour allier la science, l'évolution, et le petit monde super-héroïque qui a
toujours été en avance de plusieurs coups sur son temps. Après avoir donné sa
pleine mesure sur les Fantastiques, Hickman a pris en main le destin des
Avengers (deux séries publiées dans le mensuel Avengers, en Vf) en
complexifiant d'emblée les enjeux, en saupoudrant son récit de pistes
secondaires qui devraient fournir assez de matière pour de nombreux mois à
venir. D'un coté (dans Avengers) il a convoqué la race des Bâtisseurs,
ces extra-terrestres qui laissent aux mondes qu'ils visitent deux possibilités
: mourir, ou évoluer, comme ils tentent de le faire avec notre planète, qui
serait sur le point de devenir consciente, après le largage de plusieurs bombes
qui sont en train de modifier l'écosystème naturel de la Terre (à lire ce
mois-ci en kiosque). Les Avengers ont complété leurs rangs en assimilant un tas
de nouveaux héros, et Hickman met l'accent sur des personnages nouveaux ou
rafraîchis, comme Nightmask, Starbrand, Captain Universe, ou encore Hyperion.
D'un autre coté (New Avengers), Hickman récupère les Illuminati de Bendis,
et les place dans une situation terrible, où pour stopper les incursions de
mondes parallèles dans le notre (ce qui risque de détruire notre réalité), les
plus grands héros de la Terre vont être obligés eux-mêmes de se salir les
mains, quitte même à trahir, ou modifier le libre arbitre de certains d'entre
eux (Captain America, à qui on a fait oublié certains événements
désobligeants). Là encore le scénariste utilise de nouveaux personnages qu'il
va faire évoluer de son empreinte, comme les Black Swan, par exemple. Dans les
deux cas, c'est un vaste mélange entre science, conclusions cataclysmiques, et
secrets trop lourds à porter, qui menace le microcosme des Avengers. Avec
Hickman la menace n'est pas le criminel du coin de la rue, où une double identité
qui risque d'éclater au grand jour, mais bien la fin de l'univers, le cosmos en
danger, la Terre qui vit ses derniers jours. Hickman comme visionnaire de
l'Apocalypse, marionnettiste de talent qui jongle avec mille idées et autant de
trames potentielles, avant de retomber sur ses pieds, de longs mois plus tard,
avec un run riche, dense, intense en héritage. Incontestablement un Auteur,
avec un A majuscule, mais qui aura peut être toujours un peu de mal, dans une
vision feuilletonesque des comic-books, à faire l'unanimité mois après mois, et
à attirer à lui de nouveaux lecteurs qu'il effraie probablement, et déroute.