Dialogues désaccordés : Eric Naulleau seul et impuissant face à Alain Soral

Par Sergeuleski


Si les imbéciles osent tout, et c'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît... avec l'ouvrage "Dialogues désaccordés", Eric Naulleau - ancien critique littéraire-éditeur, aujourd'hui animateur télé et football -, a pris le risque de monter sur un ring qui ne manquera pas d'exposer, dès le premier round, juste avant un K.O et la fin des hostilités faute de combattant, non seulement sa propre vacuité intellectuelle et autres insuffisances mais aussi, chez toute une frange dite " de gauche " qui se résume le plus souvent à un engagement auprès du PS et accessoirement aux côtés des Verts (ce qu'il faut bien appeler maintenant : la 2e droite), l'absence totale d'instruments et d'outils d'évaluation critique ( 1) d'une modernité pourtant mille fois passée au crible d'une lecture et d'une interprétation sans concessions, de Marx le prophète à Michel le penseur prémonitoire au jugement sûr, sans oublier de faire un détour par dont les analyses n'ont fait que se bonifier au fil du temps, Jean-Jacques Rousseau couvrant d'une aile protectrice tout ce beau petit monde...

Une frange indissociable des médias dominants - médias qui n'ont pas cessé de sonner le glas de l'intelligence et de la création ( 2) depuis trente ans -, sous le haut patronage des procureurs d'un Parti dont le terrorisme d'une bien-pensance de tartuffe - terrorisme qui cache mal un abandon des classes populaires jetées en pâture à une autre forme de terreur, nommément... la jungle ultra-libérale -, a figé les consciences, gelé les esprits, épuisé les personnalités, dompté les caractères, fait taire ceux qui hurlaient à la douleur, jusqu'à la promesse d'un verdict de mort sociale contre quiconque refuserait de s'y conformer.

Un tel coup porté à l'individu dans ce qu'il y a de plus imprévisible dans son développement et dans sa perfectibilité, individu qui sera toujours bien plus que ce qu'il croit savoir de lui-même qui n'est que ce qu'on aura bien voulu daigner lui enseigner et lui laisser espérer pour lui-même... un tel coup porté à l'intelligence, au courage et au talent est très certainement sans précédent dans l'Histoire.

Et Naulleau, aussi fragile que soit sa position, aussi terne que soit sa personnalité et falot son esprit, à la fois victime et acteur, Naulleau, consciemment ou non, s'inscrit sans l'ombre d'un doute dans cette stratégie de " dynamique du déclin " - défaite et épuisement : épuisement dans le sens de " se vider " -, qui n'a qu'un seul objet : verrouiller toute remise en cause d'une organisation de l'existence qui, depuis trente ans, ne recueille plus l'assentiment de ce qui pourrait ressembler à une majorité d'individus privés de citoyenneté : " Allez ! Par ici l'humain-marchandise et l'humain-optimisation des moyens de production planétaire ! Et que ça saute ! "

Quant aux autres intervenants des médias, animateurs d'audimat à la césure publicitaire... à force de faire l'âne pour avoir de l'avoine ne finit-on pas bourricot ?

Si la littérature auquelle Naulleau prétend consacrer sa vie peut aider à penser le monde tel qu'il est et tel qu'il a été, force est de constater qu'il semblerait que cette littérature soit impuissante à former des esprits affûtés, coupant comme des couteaux, tranchant comme des rasoirs ; une littérature d'une lucidité terrifiante face à cet avenir qui nous guette et nous attend à tous les tournants ; d'où son déclin au bénéfice d'une écriture de l'anecdote et d'un quotidien sans passé ni avenir ; un quotidien absent de son propre présent pour s'en être retiré : il est vrai que la réalité intéresse les utopistes seuls ; de là leur désir d'en changer ; les autres l'ignorent pour mieux s'en accommoder.


Naulleau en entretien - autopsie d'un coma éthylique : la tension artérielle intellectuelle est basse, la fréquence respiratoire et la température analytique ne cesse de diminuer. Le coma éthylique de type "critique" nécessite alors une hospitalisation en urgence car il peut, faute de soins, provoquer un épuisement proche de la connerie ; épuisement aux lésions cérébrales quasi irréversibles".

Dans cet entretien réalisé par le collectif "Les non-alignés", Eric Naulleau, tendu, le sourire crispé, le regard inquiet, tente manifestement d'assurer ses arrières et de verrouiller son avenir - pour peu qu'il lui en reste un après cette association lexicale de malfaiteurs qui ne manquera pas, et ne manque déjà pas, de susciter une indignation qui confirme, une fois encore, l'indigence morale et intellectuelle dans laquelle toute une classe médiatico-politico-intellectuelle a sombré ( 3); indigence à la racine de laquelle on trouvera, pour certains d'entre eux, des décennies de désintérêt, voire de mépris, à propos de la question sociale, lieu de tous les dangers pour des esprits fébriles, apeurés, aux préoccupations principalement carriéristes et vénales.

Jugez plutôt : pour Naulleau... à propos des évènements du 11 septembre 2001 : " Non vraiment, à moins de chercher la petite bête, tout va bien. Tout a été dit. Rien à redire. " En ce qui concerne Dieudonné : " Il me donne envie de gerber ". A propos de sa propre éviction de France 2 : " J'ai beau chercher... je ne sais toujours pas pourquoi on m'a remercié. C'est arrivé comme ça sans doute."

Pour sûr ! Il n'y a pas de hasard car, aujourd'hui plus personne ne peut nier que tous ces avis aussi tranchés qu'automatiques, sorte de jugements-réflexes, sont bel et bien la véritable, la première et sans doute la seule condition sine qua non pour quiconque souhaite continuer de manger à la gamelle de l'audiovisuelle et des autres médias (radios, journaux, revues) ! Un Naulleau qui n'a rien oublié et qui a pris goût au caviar des années durant alors qu'il appartenait, grassement payé, au staff de l'émission " On n'est pas couché " de Laurent Ruquier (autre pilier de bar de l'audiovisuel, relève de Drucker ?) dans laquelle notre critique littéraire proposait le plus sérieusement du monde, et donc... sans rire, de défendre la littérature face à des auteurs-invités qui, pourtant, n'affichaient que rarement une ambition que l'on pouvait qualifier sans ironie... de " littéraire ", jusqu'à s'acharner sur une pauvre Mathilda May et un Francis Lalanne qui n'avaient rien demandé (à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire) ... alors qu'un Nabe, un Houellebecq, le dernier Le Clézio ou Queffélec sur lequel on n'en finit pas de bâiller ou bien un Sollers, un ouvrage de plus, sans intérêt, bâclé, vantard et paresseux, un Yann Moix courant après sa queue et un G. Dantec après une science fiction déjà passée et repassée, auraient quelque peu permis à Naulleau de sortir la tête haute d'affrontements aussi salutaires que fructueux, et les téléspectateurs plus avisés encore.

Aujourd'hui Eric Naulleau oeuvre avec Zemmour sur un canal de diffusion audiovisuelle plus confidentielle - Paris première ( Ah les médias ! Quand ça vous tient !) ; situation plus enviable que celle d'un d'éditeur plus intimiste, Naulleau lui-même... avant son incursion-intrusion dans les médias ; et pour rien n'arranger... un éditeur spécialisé dans la littérature d'Europe de l'Est, avec une préférence pour la Bulgarie ; pitance plus qu'incertaine donc puisqu'elle condamne Naulleau à vivre de subventions de l'Etat et des Régions en faveur du livre : aides à la traduction, à l'édition et à la diffusion.

Pour revenir à cet entretien-vidéo, s'il nous est d'une utilité quelconque... il nous permet de présumer ceci : après cette interview, contrat rempli, Eric Naulleau sortira très certainement sain et sauf de cette publication avec Alain Soral ; publication casse-gueule pour quiconque souhaite éviter une relégation médiatique quasi automatique. Faut dire qu'il y a des expériences, culinaires ou non, qui sont irréversibles - un avant et un après -, car, une fois le caviar passé, le pâté et les rillettes, voire même le foie gras, ont alors un sale goût : celui d'un retour à la case départ, à une petite vie, petite et terne. Aussi, il y a fort à parier que Naulleau n'ait aucune envie d'y retourner : la littérature est un vrai sacrifice ; et tout le monde n'a pas l'étoffe d'un martyr...

En revanche, par l'auteur lui-même, cet ouvrage, à n'en point douter, récompense le talent, le flair, l'intelligence, la prise de risque et des années de travail de lecture et de réflexion qu'un bannissement des médias a favorisés, alors que ces mêmes médias en ont épuisé plus d'un et lassé plus d'une, téléspectatrices et téléspectateurs confondus ; comme quoi, tout comme pour et tant d'autres, le bannissement est porteur de vertus insoupçonnables et surprenantes, le piège se refermant sur ses instigateurs ! Et l'on n'oubliera pas de s'intéresser à une hypothèse folle mais prometteuse d'un Alain Soral sortira de cette association éphémère mais riche en enseignements, plus fort encore : ce qui n'est que justice. Puissante synthèse du système d'analyse soralien Julien Gunzinger avec ou sans conditionnel : " Les verges qu'il (Naulleau) tend à Soral pour se faire battre sont trop nombreuses pour être le fait du hasard. Naulleau est (serait-il - ndlr) le cheval de Troie de Soral dans le système (?). "

Tout un programme ! Programme vaste d'une ruse d'une perversité déjà délectable.

1 - D'où leur incapacité à tous à " affronter " Alain Soral. On retrouvera la même impuissance face au FN. L'esprit humain, tout comme la nature, a le vide en horreur ; or cette bien-pensance et la soumission de tous les partis de gouvernement à la dictature d'une mondialisation qui n'est in fine qu'une guerre contre les salaires, les droits sociaux et démocratiques et la culture humaniste des Peuples d'Europe, ont créé un tel appel d'air que c'est à un véritable ouragan auquel on doit faire face.

2 - de Cyril Hanouna à Yves Calvi (d'une extrême à l'autre : de la bêtise et l'allégeance sans condition car on ne mord pas la main qui vous nourrit), en passant par Laurent Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron ; puis l'inénarrable Michel Drucker, le doyen des doyens, tout juste capable de parasiter, des années durant, la notoriété et la célébrité de ses invités pour assurer sa propre promotion et avancement de carrière : en effet, qui Drucker a-t-il sorti de l'ombre en 40 ans de Télévision, sinon lui-même ? Sa personnalité étant bien en mal de nous donner une raison, une seule, de vouloir l'en faire sortir autrement.

3 - Pierre Jourde - ancien compagnon de route de Naulleau dans l'édition et la critique littéraire -, choisit dans son blog sur Bibliobs de botter en touche à propos de l'ouvrage Naulleau-Soral ; une fois encore, on assiste à la faillite de la pensée chez cette frange : cette fois-ci, il ne s'agira pas de journalistes ou bien d'animateurs de télé mais... d'auteurs sans lecteurs, mais néanmoins présents et actifs dans les médias dominants. Tout en recourant à l'insulte, Jourde préfère donc botter en touche mais pas n'importe comment ni n'importe où non plus puisqu'il choisit à dessein de se vautrer, tout se prenant les pieds dans le tapis au passage, dans la dénonciation hors sujet d'un " révisionnisme" qu'il prend pour un "négationnisme" dont, pour son malheur, il ne maîtrise manifestement ni les tenants ni les aboutissants, et ce très certainement dans le seul souci de continuer de s'assurer la bienveillance de France Culture à son égard (entre autres médias), auprès de Finkielkraut en particulier, sans oublier des vacances tous frais payés à Jérusalem sous le prétexte de travaux de recherches au Centre Français. Et quand on sait ce qui se passe dans cette ville aussi sainte que convoitée mais... d'un appétit vorace - annexion des quartiers dits " arabes " et expulsions sans nombre par la puissance dominante, et sans partage, dans cette région, Israël pour ne pas la nommer, en violation de toutes les lois internationales -, c'est à se demander comment font des gens comme Jourde pour regarder ailleurs.

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