Pour cette deuxième semaine du mois de novembre, Case Départ vous ouvre sa boîte à albums avec de très bonnes histoires. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Snapshot, un très bon polar à la sauce américaine sur fond des photos sanglantes dans un téléphone, une belle enquête fantastique au cœur du Moyen-Age : H.ELL, un album positif pour ados sur la vie d’une jeune fille orpheline : Goligo, la réédition d’un album gastronomique de Jirô Taniguchi : Le gourmet solitaire, Les zombies n’existent pas : un petit polar français, le premier album de la série humoristique de chez Bamboo : Les carnavaleux, le deuxième tome du manga western sanguinolent très réussi : Green Blood, la réédition en petit format de Calvin & Hobbes et le troisième tome de la série jeunesse : Prunelle. Bonnes lectures !
Snapshot : la mort au bout du fil
Jack Dobson est un jeune homme de San Francisco. Adepte des jeux vidéos et du BMX, il travaille comme employé dans un comics shop. Ce garçon d’une vingtaine d’années mène une ville banale et paisible. Alors qu’il pratique son sport favori dans le Golden Gate Park, il ramasse un smartphone perdu dans l’herbe. Cette trouvaille, il ne le sait pas encore, va bouleverser sa vie. Content, il décide de garder le téléphone et de rentrer travailler. A la boutique fermée au public ce jour-là, il retrouve son ami Steve, activiste politiquement engagé.
Piqué par la curiosité, Jack regarde la diaporama du téléphone, il y découvre la photo d’un cadavre ayant un doigt coupé. Pensant répondre à un appel d’un policier, il indique l’endroit où il se trouve son magasin. En réalité, point d’agent, mais un tueur à gages. Sentant le coup arriver, il s’enfuit au commissariat du quartier. Personne ne croit son histoire, pire, l’homme assassiné sur le la photo se tient devant lui, arguant que c’était une mise en scène pour un jeu de rôle.
Accompagné de Steve, Jack décide d’aller visiter l’appartement du mort ressuscité. A leur arrivée, celui-ci est réellement mort, une balle dans le crâne et le tueur les y attend. L’homme de main tue alors froidement Steve mais épargne la vie du jeune homme. Au prix d’une course-poursuite sur les toits, il échappe de peu à la mort. Lorsque soudain, le téléphone sonne de nouveau. Au bout du fil, Callie Twain, une jeune femme embarquée, elle aussi sans le vouloir, dans cette aventure sanglante.
Snapshot, dans sa version originale, était une mini-série de 4 numéros parue chez Image Comics. Le scénario de Andy Diggle est un polar haletant, accrocheur et vif. Le point central de l’histoire, le smartphone, est intelligent et très moderne. Le héros malgré lui, Jack Dobson, est au départ bienveillant, ayant une vie paisible et assez routinière et va se retrouver au cœur d’un système politico-financier proche d’une secte qui le dépasse. L’accumulation des cadavres autour de lui va le déstabiliser et même le faire culpabiliser. Raconté comme un vrai thriller américain à rebondissements, le lecteur entrera facilement dans l’histoire. Le trait anguleux de Jock (alias Mark Simpson) rythme assez bien le récit grâce à des cadrages et un découpage proche du cinéma.
- Snapshot
- Auteurs : Andy Diggle et Jock
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 15 €
- Sortie: 8 novembre 2013
H.ELL : sur la piste de La Mort Crue
Harmond Ellmander, H.ELL, jeune chevalier vivant dans un royaume moyenâgeux, est déchu de ses titres, des ses droits, perd sa femme et ses enfants ainsi que son épée. Pour quel crime commis l’homme a-t-il perdu son honneur ? Nul ne le sait vraiment. Pourtant, il échappe de peu à l’exil et devient questeur criminel. Il devient par la même occasion membre de l’Ordre des Veilleurs.
Pour sa première enquête, H.ELL se rend dans un établissement de charme où officient les Multiformes, des femmes capables de prendre l’apparence de tout être vivant. Au premier étage de ce bordel, on retrouve le corps mutilé d’une femme. Ce cadavre est à moitié dévoré. Les plus abominables Multiformes seraient accusées d’être porteuses de la Mort Crue. Cette mort qui ne laisserait derrière elle que ces corps mutilés sans vie.
Alors qu’il tombe sous le charme de Nayade, une multiforme, le chevalier ne se doute pas que dans le même temps, sa propre femme, Erline, donne son corps à Sir Allaman, le chevalier qui l’a battu et l’a fait tomber. Allaman fait même l’admiration de son fils.
H.ELL, soutenu par le maître Grezz de l’Ordre des Veilleurs, devra se méfier de Forlane et Verech, ses propres compagnons, afin de découvrir qui se cache derrière la Mort Crue.
Le récit de Stephen Desberg est un bon thriller fantastique se déroulant dans un Moyen-Age fantasmé et fantastique. Les personnages, nombreux, sont bien cernés ; le héros déchu, les chevaliers mystérieux fomentant dans l’ombre, les multiformes ou encore Sir Alleman. L’intrigue, bien menée, s’installe petit à petit au fil de l’histoire. Influencé par les séries américaines, l’ambiance de H.ELL tourne rapidement à la tragédie, une ambiance « fin de monde », comme le surnom de son héros H.ELL (l’enfer). Le scénariste retrouve avec bonheur son complice sur IRS, Bernard Vrancken. Ici, on est très loin de la saga politico-financière. Le trait élégant et les visages très doux du dessinateur, tranchent avec cette histoire sanglante. Les décors sont somptueux et la composition des vignettes est très équilibrée. Cette belle réussite graphique est aussi à mettre à l’actif des couleurs magnifiques de MiKl. Un excellent début pour cette saga.
- H.ELL, tome 1 : La mort, sous toutes ses formes
- Auteurs : Stephen Desberg et Bernard Vrancken
- Editeur: Le Lombard
- Prix: 14,45 €
- Sortie: 15 novembre 2013
Goligo
Archipel de Kapouaris, Ile de Louma. Lila, une toute petite fille d’à peine deux ans, arrive sur l’île par bateau avec son père, un jeune homme séduisant, lunettes de soleil sur le nez et habille en costume-cravatte. Il entre, pour quelques instants, dans une auberge tenue par Baba Rin’to, une vieille femme avenante. Se décrivant comme voyageur, il semble fuir quelque chose. Alors qu’il demande de l’argent à la mère de Lila, cette dernière lui raccroche au nez.
Puis profitant du soleil, le père et sa fille se prélassent au dehors. Dans un moment qu’il veut fixer sur une pellicule photo, l’homme trébuche dans le vide du haut d’une falaise. A la mort du père et sans aucun moyen de prévenir la famille, Baba et son mari décident d’adopter la petite fille et l’élèvent comme leur propre petite-fille.
Les années passent et Lila est devenue une vraie adolescente au caractère bien trempé. La jeune fille connaît tout de son passé, Baba lui ayant racontée très tôt ce qu’elle savait d’elle, de son père et de sa vie. Elle fut élevée comme une véritable native de l’île, dans le pur respect des traditions ; elle en connaît les légendes et les contes et notamment celle de La grande Ogresse, qui rythme la vie des habitants ou encore celle des Karaks, les premiers insulaires qui baptisèrent l’archipel Kapouaris un dérivé du nom d’une sorte de singe Kapouari. Elle sait apprécier la nature et les esprits qui la peuplent. Tout cela, elle le tient de sa grand-mère pour qui les légendes forgent la personnalité des habitants.
Mais au collège, Lila est la seule à croire à cela ; elle posent de nombreuses questions aux professeurs sur ces thématiques et refuse souvent l’enseignement qu’on tente de lui faire apprendre. D’ailleurs les autres élèves ne la comprennent pas et elle n’a que peu d’amis : Rosy, une jeune fille un peu ronde, Gnocko un petit génie qui se déplace en mini-véhicule volant ou Hugo, le petit blondinet amoureux d’elle.
Et il y a Victoire, vraie petite peste et sœur du maire, ce dernier aime se transformer en chanteur lors de la fête annuelle. Entre les deux adolescentes, c’est la guerre et elles vont de coups bas en coup bas.
En regardant la couverture, le lecteur peut se dire : encore une histoire girly gnangnan pour les petites filles ! Eh bien pas du tout ! Goligo est tout sauf cela ; même si le lectorat visé est plutôt les adolescentes. Le récit poétique et fantastique de Gobi est teinté de mélancolie plutôt doucereuse. Cette belle histoire de famille est d’une grande fluidité de lecture. La générosité des Ren’to, les parents adoptifs, apporte une belle forme de positivité agréable. Les personnages sont très marqués et le caractère fort de Lila permet de mettre de la folie dans cet album. Les couleurs acidulées et le dessin rond tout en douceur apportent du punch à l’ensemble. Les enfants et adolescents risquent d’apprécier ce premier album Goligo.
- Goligo, tome 1 : La grande chute
- Auteurs : Gobi
- Editeur: Glénat
- Prix: 14,95 €
- Sortie: 30 octobre 2013
Le gourmet solitaire :
voyage gastronomique au Japon
Ces 18 histoires sont comme 18 petits voyages autour de la cuisine japonais. Beaucoup d’entre-elles se déroulent à Tokyo et ont pour héros le même personnage. De lui, on ne sait presque rien. Travaillant dans le commerce, il n’est pas un homme pressé, véritable gastronome, il apprécie surtout la cuisine simples des quartiers populaires. Il travaille et se déplace beaucoup pour celui-ci, il achète à l’étranger pour revendre au Japon. Célibataire, il aime les femmes, d’ailleurs deux histoires font mention de deux ex. Chaque récit l’amène à goûter un plat typiquement japonais et fait émerger chez lui des souvenirs enfouis ou des pensées neuves.
A partir de moment où il a faim, il se met en quête d’un petit restaurant dans le quartier où il se trouve, quelque soit l’heure, même en plein milieu de l’après-midi.
Chaque récit est une sorte de petit voyage hors du temps dans un univers bien marqué : dans un parc, dans un des quartiers populaires de Tokyo, dans un d’Osaka, dans un train… A chaque fois, il semble être un vrai étranger dans toutes ces petites boutiques, puis s’adapte à l’univers qui l’entoure grâce aux plats variés qu’il déguste. L’homme nous fait part de ses pensées sur la qualité des mets mais aussi ses réactions émotionnelles. Le récit est touchant surtout lorsque le plat découvert est un met qu’il appréciait petit. Nous apprenons qu’au Japon, la relation entre le plat et l’alcool servi avec est très important.
La grande réussite de Le gourmet solitaire est que ce n’est pas un guide touristique mais une sorte de divagation, d’errements d’un homme affamé, mais aussi que le lecteur y apprendra beaucoup de choses sur le Japon. Très documenté, on y découvre toujours le plat dessiné lorsque le repas est apporté : noms des aliments et prix correspondant ; ainsi que la vie des quartiers de Tokyo : une note au début du chapitre explique ce que l’on trouve dans ce lieu. Ce manga est une véritable réussite, un très bel album.
- Le gourmet solitaire
- Auteurs : Jirô Taniguchi et Masayuki Kusumi
- Editeur: Casterman
- Prix: 16 €
- Sortie: 9 octobre 2013
Les zombies n’existent pas
Qu’ont en commun les villes de Rouen, Saint-Brieuc ou Paris ? Piquier. Cet homme est un assassin en puissance, qui tue les victimes anonymes selon le même rituel : un doigt de leur main gauche est coupé et un signe cabalistique est tracé sur un mur avec du sang ; vraisemblablement celui de la personne abattue. Piquier ignore lui même pourquoi il tue. Comme Jeanne d’Arc, il entend une voix dans sa tête qui lui indiquerait ses consignes meurtrières.
Pour résoudre l’énigme, l’enquête est confiée à l’inspecteur Kowalski, un flic dépressif et aigri. Avec l’aide de Marius, le spécialiste scientifique de la police, il commence à cerner les contours du tueur et met en corrélation tous les assassinats. Il arrive même à dresser le portrait-robot du suspect : un homme raté, dégoûté de la vie. Mais ses recherches vont être bouleversées par un nouvel indice : Piquer est mort depuis un an.
Le récit noir de Sylvain Escallon est une belle adaptation du roman d’Emanuel Dadoun. Influencé par les thrillers américains, Les zombies n’existent pas, n’atteint pas réellement son but : apporter du suspens avec une histoire à tiroirs. Si les caractères des personnages sont bien cernés, il manque ce petit plus pour en faire un très bon album. Le lecteur n’est pas emporté par l’histoire qui semble un peu déjà vue. En revanche, graphiquement le jeune auteur montpelliérain de 23 ans réussit parfaitement, notamment les cadrages et le découpage. Le noir et blanc avec de grands aplats est très bien maîtrisé et permet d’installer une belle ambiance de polar.
- Les zombies n’existent pas
- Auteur : Sylvain Escallon
- Editeur: Sarbacane
- Prix: 22 €
- Sortie: 6 novembre 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Les Carnavaleux, du chahut à Dunkerque
Il est un pays où les gens peuvent, le temps d’une chanson, d’un hymne, se prendre tous ensemble les mains sans jamais être ridicules. Il est un pays où pendant trois mois et grâce au déguisement, l’homme peut être femme, le pauvre être riche, le laid être beau. Alors, enfilez votre cletch, ouvrez votre berguenaere, mettez votre chapeau à fleurs et suivez les personnages de cet album. En essayant de vous faire sourire, ils vont vous faire visiter le carnaval de ce pays, le plus beau du monde. Ils vont vous faire connaître… la Bande de Dunkerque !
- Les Carnavaleux, tome 1 : Du chahut à Dunkerque
- Auteurs : Hervé Richez et Bloz
- Editeur: Bamboo
- Prix: 10,60 €
- Sortie: 6 novembre 2013
Green blood, tome 2
Fin du 19e siècle. Manhattan, quartier de Five Points. Dans cet immense ghetto tous les criminels et les laissés-pour-compte se croisent. La criminalité, la misère et la prostitution y sont légions. Toutes les autorités ont été corrompues par la pègre, qui y fait régner sa propre loi. De nombreux immigrants de New-York y transitent pour quelques temps. Parmi eux, il y a Luke Burns, originaire d’Irlande, s’efforce au maximum de rester honnête et travaille pour survivre comme docker.
Le clan mafieux, le plus dangereux du quartier, Grave Diggers assoit son autorité en faisant régner la terreur grâce à des assassins impitoyables. Le plus célèbre d’entre eux, Brad dit Grim Reaper n’est autre que le frère aîné de Luke.
Dans le tome 2 : Gene McDowell, le boss des Grave Diggers, a chargé son fils Kip de retrouver la personne qui a osé taillader l’une des filles de son saloon, mais il ignore que c’est Kip en personne qui a fait le coup ! Pensant être en sécurité, le fils à papa doit pourtant essuyer une attaque d’Emma, qui connaît la vérité et est décidée à venger son amie, quitte à voir par la suite sa vie menacée. Témoin de la tentative de vengeance d’Emma, Brad accepte, contre une somme d’argent symbolique, d’exécuter lui-même ce contrat. Mais tuer Kip signifierait se mettre à dos son patron, Gene, et quand ce dernier débarque et menace d’éliminer Luke si Brad exécute Kip, le Grim Reaper se retrouve acculé.
Comme dans Gangs of New-York, le film de Martin Scorcese, Kakizaki aborde un thème peu utilisé dans les mangas : les Etats-Unis du 19e siècle. Il dépeint sans concession ce quartier de Five Points, sorte de bidonville malfamé, violent et où les morts se comptent par centaines tous les ans. L’ambiance de Green blood est lourde et bien retranscrite par le mangaka. La tension du récit est souvent à son comble et le lecteur sera happé par cette histoire sordide, de vengeance et de mafia, grâce à un découpage vif proche du cinéma. Le trait sombre et très réaliste du japonais colle parfaitement à cette ambiance terreur et de sang. Belle série !
- Green blood, tome 2
- Auteur : Masasumi Kakizaki
- Editeur: Ki-Oon
- Prix: 7,65 €
- Sortie: 10 octobre 2013
Calvin & Hobbes, tome 22
Comme pour les deux tomes précédents dont Case Départ vous avez parlé (le tome 20 et le tome 21), cet opus numéro 22 reprend les thèmes développés dans l’univers pas si enfantin du célèbre petit garçon râleur et de son ours en peluche : les relations parents-enfants, les relations Susie-Calvin, la recherche du père idéal, le bain, les jeux en extérieur, les peurs enfantines au coucher, l’aversion de Calvin pour l’école et ses relations avec Mrs Wormwood, les voyages dans le temps…
Le lecteur retrouve toute la magie du monde de Calvin et Hobbes par le brillant Bill Waterson et dire que ces aventures se sont achevées en 1996 et n’ont pas pris une ride. On rit toujours autant des facéties du célèbre duo.
- Calvin & Hobbes, tome 22 : Le monde est magique !
- Auteur : Bill Waterson
- Editeur: Hors Collection
- Prix: 6,90 €
- Sortie: 10 octobre 2013
Prunelle : Le maître des forges
Prunelle est la fille unique du cyclope Argès et de la muse de la tragédie Melpomène. Alors que sa mère part en tournée, c’est son père qui en a la garde. Il intègre l’école des dieux et fait la connaissance d’Heraklès et du Minotaure. Avec ses deux nouveaux compagnons, elle va vivre des aventures hors du commun.
L’armée des Géants assiège l’Olympe et prépare sa destruction. Seule Prunelle pourrait les repousser, les Moires le lui ont révélé, mais pour cela elle doit accepter son destin et s’initier aux secrets des cyclopes forgerons dans la mythique forge-mère.
Soucieux d’effacer leurs fautes, Héraclès, Iris et le Minotaure s’en vont quérir un légendaire tueur de géant, reclus dans sa forteresse.
Même si l’on ne connaît pas sur le bout des doigts la mythologie grecque, on peut quand même lire cet album. Dans cette série jeunesse, les personnages sont les héros grecs comme Le Minotaure, Héraklès, Iris lorsqu’ils étaient petits. Les aventures enfantines de ces derniers sont écrits dans un style très contemporains et des expressions anachroniques apportent l’humour au récit. Pourtant la lecture n’est pas très fluide ; les idées, trop nombreuses, déroutent le lecteur. De plus, les anachronismes ne sont souvent pas très bien maîtrisés. Le dessin, quant à lui, n’est pas des plus aboutis.
- Prunelle, tome 3 : Le maître des forges
- Auteurs : Vicky Portail-Kernel et Cédric Kernel
- Editeur: Ankama
- Prix: 13,90 €
- Sortie: 24 octobre 2013