La haine des arbres n'est pas une fatalité

Alain Baraton : "les arbres sont victimes de la folie des hommes"

La forêt recule en France ! La certitude inverse, vérité dominante, est balayée par Alain Baraton. Parce qu' « aucune loi ne protège l'arbre. La forêt, l'alignement, le bosquet sont protégés. Mais pas l'arbre. Sauf s'il y a nidification dans ses branches au printemps, sachez-le. »
 Alain Baraton publie "La Haine des arbres n'est pas une fatalité" aux éditions Actes Sud.
S’il est connu pour ses ouvrages sur le jardin au ton souvent humoristique, Alain Baraton change pour une fois de registre dans son nouveau livre. Car, dans “La Haine de l’arbre n’est pas une fatalité”, il parle d’un sujet qui lui tient particulièrement à   cœur : la protection des arbres remarquables. «Je suis toujours effondré de constater que les arbres sont victimes de la folie des hommes, explique-t-il. Pour des projets immobiliers ou des parkings, on n’hésite pas à abattre des arbres parfois centenaires !»
Une véritable enquête
Depuis dix ans, le jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand Parc de Versailles travaille sur le sujet. Il a ainsi recueilli de nombreux témoignages, notamment par le biais des auditeurs de ses chroniques du week-end sur France Inter mais aussi et tout simplement en lisant la presse. «C’est une véritable enquête, poursuit le jardinier. J’avais commencé ce livre avant “Le Jardinier de Versailles”… De tous ceux que j’ai écrits, c’est celui qui me tient le plus à cœur. J’aurais pu écrire un millier de pages !»

Car au fil de ce petit ouvrage qui tient dans la poche, les exemples défilent et attristent : ici, la mairie de Paris coupe un arbre pour faire gagner quelques secondes à un trajet de bus, là, dans un petit village, on coupe un arbre pour agrandir un parking… passant d’une à deux places ; à Montluçon, place Jean-Jaurès, on abat 25 arbres plus que centenaires.

Ailleurs encore, on coupe des arbres dans un cimetière car les oiseaux qui y nichent défèquent sur les tombes, on étrangle des troncs de platane avec du bitume ou bien on abat un arbre pour obtenir une vue sur la Méditerranée dans le cadre d’un projet immobilier… Jackpot pour le promoteur. Mais qu’en est-il du végétal ?


«Mon propos n’est pas de dire qu’il faut garder tous les arbres, souligne Alain Baraton. Mais je souhaiterais que les arbres historiques soient mieux considérés et qu’on arrête de me dire qu’il y a d’autres priorités ! Je rêve par exemple qu’il n’existe qu’un seul collège d’experts indépendants qui puisse décider du devenir d’un végétal.» 
Alain Baraton souligne aussi «le comportement d’une majorité d’élus qui estiment avoir le droit pour eux et ne reviennent jamais sur leur décision. Il est grand temps de donner à l’arbre un statut historique. c’est un élément de notre patrimoine et un être vivant ô combien utile. La France est l’un des pays au monde où l’arbre est le moins aimé. Ce n’est pas seulement un livre, c’est une déclaration de guerre.»

Avec cet ouvrage, Alain Baraton ne va sans doute pas se faire des amis, bien au contraire. Mais qu’importe. Comme disait Victor Hugo, “qui n’a pas d’ennemis n’a pas d’amis”.
Né le 10 septembre 1957 à La Celles-Saint-Cloud, Alain Baraton a choisi de devenir jardinier en hommage à son grand-père. Il entre comme aide-jardinier au Parc de Versailles en 1976. Quelques années plus tard, en 1982, il devient le jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles. Chaque semaine, il fait partager sa passion du jardinage aux auditeurs de France Inter dans sa chronique La main verte les samedis et dimanches matin (et pendant la grille d'été de France Inter, La main verte devient Jardin d'été). Il est membre du Conseil national des Parcs et Jardins et correspondant national de l’Académie d’agriculture de France.


“La Haine de l’arbre n’est pas une fatalité”, Alain Baraton, Editions Actes Sud, 160 pages, 17,50 euros.