Hier à 13h45 la Banque Centrale Européenne a annoncé sa décision d’abaisser son principal taux directeur de 25 points de base, de 0,50% à 0,25%. Le taux de rémunération des dépôts est quant à lui resté inchangé à 0%. Tout de suite après l’annonce, l’Euro/Dollar perdait près de 1,5 cents, passant de 1,351 à 1,337, c’est dire si cette décision a surpris le marché.
Lors de la conférence de presse qui a suivi, Mario Draghi a annoncé que le conseil des gouverneurs s’attendait à ce que les principaux taux directeurs de la BCE restent à un niveau inférieur ou égal à leur niveau actuel pour une durée prolongée. M. Draghi a justifié cette décision par un niveau d’inflation en zone Euro actuellement inférieur au taux cible de 2%. L’inflation estimée en octobre est en effet de 0,7%. Cette décision est de plus, selon lui, en ligne avec la forward guidance décidée en juillet dernier.
Répondant à la question d’un journaliste, le président de la banque centrale a affirmé qu’il ne voyait pas de risque déflationniste en zone Euro, mais seulement un taux d’inflation faible à court terme, tout en se rapprochant (mais en restant en dessous) des 2% sur le moyen-long terme.
Il a également expliqué que la mise en place d’une prochaine LTRO (Long Term Refinancing Operation) n’avait pas été discutée lors de la réunion. Cette autre option dont dispose la BCE pour dégripper la chaîne de crédit au secteur privé était revenue dans le débat parmi les économistes, et était même, selon eux, plus probable qu’une baisse des taux. En effet, les banques ont remboursé prématurément début octobre la précédente LTRO contractée fin 2011, et la liquidité excédentaire est peu de temps après passée en dessous du seuil « fatidique » des 200 Mds€. Au-delà duquel le spread entre l’Eonia et le taux de rémunération des dépôts s’écarte significativement.
Cette décision inattendue d’abaisser le principal taux directeur intervient dans un contexte de tension sur le marché des changes, au sein duquel l’Euro était considéré comme « trop fort », et après que la Fed ait récemment reporté son « tapering », ce qui pouvait constituer un risque pour la reprise économique.
Certains y verront donc un moyen pour la BCE d’influer sur la croissance sans pour autant déroger au statut de la banque qui se limite au maintien de la stabilité des prix.
Etienne