Résistance active : nouvelles méthodes pour se passer de l’État

Publié le 08 novembre 2013 par H16

On a vu, dans de précédents billets qu’il était possible d’alourdir considérablement la marche de l’État, et, lorsque l’idée est poussée à son paroxysme, le bloquer complètement voire le faire s’effondrer sous son propre poids. Un aimable lecteur m’a cordialement poussé vers une liste copieuse détaillant des méthodes qui s’inscrivent dans cette lutte en diminuant l’emprise du gouvernement et de l’État dans votre vie. Comme c’est en anglais, je vous en propose ici une version française, librement inspirée.

Grâce à l’avènement d’internet, on dispose maintenant d’un levier réel et puissant pour parvenir, justement, à se dépêtrer des griffes étatiques. On l’a vu, par exemple, avec le courrier standard : rapidement supplanté par l’e-mail, les papiers qui vous parviennent sont essentiellement publicitaires ou exclusivement légaux, l’administration et sa légèreté proverbiale n’ayant toujours pas trouvé de moyen plus adéquat pour vous contacter. Tous les autres courriers ont, eux, disparu. Les sociétés privés ont ainsi tout intérêt à vous diriger vers les facturations électroniques, les PDF récapitulatifs de commandes, et autres joyeusetés informatiques sans support.

L’idée peut donc être étendue à loisir : utilisons les technologies modernes et les habitudes en dehors des sentiers battus pour nous affranchir, au moins partiellement, de l’emprise de l’État.

Par exemple, on peut facilement combattre l’hydre en lui enlevant tout intérêt à supporter les lobbies, corporations et autres intérêts particuliers édictés en monopoles de droit par le graissage judicieux des « bons » rouages administratifs et politiques. Et dans les lobbies qui ont du souci à se faire avec l’arrivée d’Internet, il y a bien sûr les taxis ; j’en ai déjà parlé à de maintes reprises (ici par exemple). L’arrivée de concurrents indirects comme Uber ou Allocab constitue une véritable issue de secours pour se retirer du marché vicié que constitue celui du taxi.

Pour le logement, notamment hôtelier, on a les mêmes problèmes : cartels et corporatismes ont tout fait pour verrouiller le marché. S’y ajoutent les normes de plus en plus drastiques (obligations concernant les handicapés, les normes sanitaires, sécuritaires, etc…) L’arrivée de AirBnB les rend furieux ; leur rente s’amenuisant, on comprend vite pourquoi : chaque particulier peut devenir, de fait, un hôtelier d’un jour ou plus. Les prix, négociés directement entre le locataire et le loueur, échappent au corporatisme. Mieux : l’échange direct (je te laisse mon appartement, tu me prêtes le tien) permettent de voyager à moindre coût en survolant directement toute la paperasserie et les inévitables ponctions fiscales qu’une transaction monétaire aurait entraîné (pour les plus honnêtes d’entre nous).

En terme de lobbying, l’industrie lourdement centralisée et entièrement basée sur le droit de copie et la propriété intellectuelle est, quoi qu’on en pense, en train de vivre ses dernières années. Peu importe ici qu’on puisse ou non soutenir le principe qu’une idée deviendrait « privée » dès lors qu’elle répond à des critères légaux particuliers et saurait s’entourer d’une protection adéquate (et fort coûteuse), le constat qu’on peut dresser actuellement est sans appel : la notion même de droit d’auteur évolue progressivement au fur et à mesure des facilités d’usages offertes par Youtube et consorts. Quant au partage direct entre pairs (P2P), il a montré à la fois qu’il se passait des frontières et qu’il se riait des tentatives grotesques des corporations et des états pour le maîtriser. De la même façon que s’affranchir d’échanger des biens sur un marché contrôlé est maintenant non seulement possible, mais facile et loin d’être toujours illégal : organiser un marché de troc n’enfreint aucune loi et appauvrit l’État de la TVA qu’il aurait pu espérer collecter sur les transactions individuelles.

En outre, l’actuelle facilité dont dispose tout un chacun pour publier ses productions (blog, livre, vidéo, musique, ou n’importe quoi d’autre) provoque une remise en question fondamentale de pans entiers de l’industrie de la publication et de la distribution. En pratique, s’il est clairement faux que passer par Amazon tue des librairies, il est évident que chaque achat dématérialisé met un peu plus fin à ces grosses corporations et autres syndicats dont le cœur de métier s’était lentement déplacé de la publication ou distribution vers le lobbying intense de l’État. Avec la perte massive d’influence de ce dernier dans le domaine numérique, les joueurs qui avaient misé gros sur lui se retrouvent en chemise. Pas étonnant qu’on les entende à présent pleurnicher si fort : seuls ceux qui fournissent une vraie valeur ajoutée à la clientèle pour s’être déplacée dans leurs magasins peuvent espérer s’en sortir. En face, le libraire ronchon et méprisant, résolument anti-marché et délicieusement communiste, n’en a plus pour très longtemps…

L’extension de la lutte contre l’État passe aussi par des sentiers surprenants qui rappellent que non seulement, l’État ne fait pas forcément mieux que le marché, mais qu’il a même une tendance à faire systématiquement moins bien ; au point que chassé par la porte, ce dernier revient par la fenêtre, à la demande des acteurs qui n’en peuvent plus des contraintes que le Léviathan leur impose. Typiquement, c’est le cas de la santé, de la justice, de l’éducation, de l’aérospatiale, du capitalisme (crowdfunding), et de bien d’autres domaines.

Pour la santé, certains praticiens redécouvrent les bienfaits d’une privatisation complète de leur activité. En refusant purement et simplement la dictature de la paperasse, de plus en plus de praticiens décident de diminuer leurs horaires pour se consacrer exclusivement à leur métier et prendre le temps nécessaire à chaque patient. En échange, s’ils refusent la paperasserie des assurances et des administrations, ils offrent des prestations « low cost » (mais pas « low quality ») sur une base d’abonnement mensuel. Les frais, de plus en plus conséquents, de traitement administratifs étant éliminés, les patients peuvent remplacer leur assurance coûteuse (qu’elle soit privée ou publique) par un abonnement auprès d’un centre médical. Des initiatives (comme Atlas.md) se développent et trouvent rapidement une clientèle, qui n’est justement pas composée exclusivement de riches capitalistes (loin s’en faut). Alternativement, certaines cliniques ou praticiens proposent aux patients de s’assurer comme ils le feraient pour leur voiture : contracter une assurance pour les problèmes les plus graves, et payer pour les frais courants (bobologie médicale, jambe cassée sans complication) directement via les systèmes d’abonnements auprès des médecins de famille ou locaux.

Et en définitive, le calcul économique montre qu’ils ont raison puisque ce qui coûte le plus aux assurances est la couverture des petits actes d’entretien médical, individuellement peu coûteux, et non les accidents majeurs et maladies graves, qui, s’ils sont très coûteux, sont statistiquement bien plus rares. Ne s’assurer que pour les problèmes majeurs et payer soit un abonnement, soit directement les petits aléas médicaux de la vie est finalement bien moins cher. Mais surtout, les systèmes d’assurance santé collectifs actuels étant très majoritairement adossés à l’État, s’en affranchir revient à sabrer dans les pouvoirs du Léviathan, et diminuer ses propres dépenses.

Pour la justice, internet permet maintenant l’arbitrage et la réconciliation sans en passer systématiquement par les cours de justices républicaines, à l’instar de ce que pratiquent les assurances entre elles lorsque des litiges entre tiers sont engagés. On trouve ainsi Net-Arb qui verra peut-être un jour se développer son équivalent français.

Quant à l’éducation, j’ai déjà évoqué le développement fulgurant et de plus en plus symptomatique d’une demande précise en ce domaine : l’ensemble des MOOC (massive open online courses) à l’instar de Khan Academy permettent de distribuer un savoir jusqu’à présent difficile d’accès à un nombre croissant de personnes. La révolution qui se joue actuellement est si rapide et si importante que non seulement l’État est en retard de plusieurs générations à ce sujet, mais ni les politiciens, ni les enseignants n’ont encore pris l’exacte mesure du mouvement qui annonce ni plus ni moins que la disparition d’une éducation centralisée dans un très faible nombre d’années.

Du côté de l’espace, traditionnellement réservé aux militaires et aux grosses agences gouvernementales, l’apparition de plus en plus fréquente d’acteurs privés montre que là encore, l’État ne suit plus. Pour rappel, le saut de Baumgartner a été sponsorisé par RedBull, pas par l’ESA ou la NASA. Et le GrassHopper, une fusée réutilisable capable de décoller et d’atterrir à un endroit précis, n’est pas issu d’un programme spatial coûteux du public, mais d’un programme de bien moindre coût du privé. Et les économies d’échelles déclenchées par son concept vont singulièrement abaisser le coût d’une satellisation… Là encore, l’État va encore perdre du terrain ; et l’espace sans lui n’en sera que plus vaste.

À ces tendances discrètes mais tenaces s’ajoutent quelques autres technologies particulièrement disruptives pour l’État qui ne pourra pas s’y adapter. Ainsi en va-t-il de l’impression en trois dimensions, qui révolutionne complètement le rapport à la pièce unique, ou à la génération de pièces complexes et qui modifie radicalement certains paradigmes comme celui de l’arme à feu pour ne citer que celui-là (Allez lire ceci, édifiant). J’ai déjà évoqué Bitcoin, qui refonde complètement le rapport à la monnaie telle qu’on la connaît et sort purement et simplement l’entité étatique du tableau.

On voit mal comment l’État pourra concrètement lutter contre ces révolutions : à chaque fois qu’une loi semble vouloir encadrer la technologie ou la nouveauté introduite apparaît une dérivation surprenante, absolument imprévue par la loi ou permettant de la contourner outrageusement sans aucun risque pour le citoyen excédé. À chaque tentative des politiciens d’en tirer profit ou d’en limiter les usages, le peuple découvre consterné la nullité de ses élites (HADOPI, anyone ?)

La réalité qui se cache derrière ces évidences est que tout le monde peut, dès aujourd’hui, commencer à réfléchir concrètement à se détacher de l’État, à lui retirer effectivement le pouvoir qu’on lui accorde. Et moins d’État, cela veut surtout dire, avant tout, moins de cet impôt invisible qui nous touche tous et surtout les plus pauvres, c’est-à-dire plus de temps pour vous et ceux qui comptent dans votre vie.

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