Ca y est, les bans ont été
publiés, l’Alternative est née !
Faut-il s’en réjouir ?
Peut-on aller jusqu’à s’exclamer dans une allégresse béate, le MoDem est
mort vive l’Alternative !
Tout d’abord une précision, le MoDem n’est pas, à strictement parler mort,
puisque il s’agit, comme le dit lui-même François Bayrou, « d’un
rapprochement, d’une entente, d'une coopération, et pas d'une fusion
».
L’Alternative est donc la réunion de l’UDI et du MoDem dans le cadre d’une
organisation coopérative qui prendra la dénomination :
« UDI-MoDem : l’Alternative ».
Le MoDem n’est donc pas mort mais ce qui est bien mort par contre c’est le
concept sur lequel il a été bâti et autour duquel se sont retrouvés ses
adhérents. La définition du Centre par le MoDem, n'est pas celle de l’UDI. Le
centre pour l’UDI c’est celui qui s’est toujours affirmé à Droite et partenaire
obligé de l’UMP. Le Centre pour l’UDI ce n’est que le prolongement logique de
l’UDF…avant que François Bayrou ne cherche à lui donner un tant soit peu
d’autonomie.
Le Centre façon MoDem est très différent, au moins en matière de
positionnement politique. Ce centre est un « vrai » centre, ni un
Centre gauche, ni un Centre droit, mais une sorte de trait d’union entre deux
camps qui se combattent sans vraiment échanger, sans véritable débat, sans un
enrichissement mutuel qui puisse faire progresser la collectivité.
Le MoDem a été créé considérant qu'il fallait sortir de cette vision
manichéenne de la politique.
Le scrutin majoritaire et les mentalités ont rendu cette tâche trop
difficile. Sans élu (ou presque), déçu par le résultat de la dernière
présidentielle, déçu également par François Hollande et par le PS en général,
François Bayrou a jeté l’éponge considérant que la troisième voix n’était en
fait qu’une impasse.
Le rapprochement du MoDem et de l’UDI sonne le glas de expérience originale
et courageuse issue de la volonté de son fondateur d’aller au-delà du clivage
Gauche/Droite qui sclérose la vie politique française depuis des décennies. Et
c’est bien dommage. C’est d’autant plus dommage que ce tournant majeur pour le
MoDem a été pris par François Bayrou sans concertation auprès de ceux qui l’ont
fidèlement suivi depuis 2007. Encore une manifestation de ce que l’on savait
depuis longtemps, l’homme ne sait pas jouer collectif !
Ce mariage est un constat d'échec.
Pour autant, il faut être lucide.
Le MoDem a été créé par François Bayrou, pour François Bayrou. Plus
précisément, il a été créé pour amener François Bayrou à la Présidence de la
République. Entre deux élections présidentielles, peu importait que le MoDem
végète tranquillement dans une relative indifférence, du moment qu’il serve de
support efficace le moment venu. L’élection de 2012 a été un échec et a montré
à François Bayrou les limites de son isolement.
Pour avoir une chance de satisfaire son ambition présidentielle, il lui
fallait plus de visibilité, il lui fallait disposer de relais plus nombreux
dans les medias et être soutenu par une organisation plus riche. Pour y
arriver, il lui fallait être le candidat d’un Centre élargi quitte à franchir
le rubicond pour s’installer durablement sur sa rive droite. Et c’est ce qu’il
a fait.
Sans être le mariage de la carpe et du lapin puisque l’UDI et le MoDem
partagent un certain nombre de valeurs et de convictions, cette alliance
n'avait rien d'une évidence et ne sera d'ailleurs pas nécessairement
aisée à mettre en oeuvre. C’est donc un mariage de raison,et plus
précisément un mariage de raison personnelle que nous avons là. Un mariage
voulu par François Bayrou pour François Bayrou qui apporte dans sa dot un MoDem
dont il ne s’est pas préoccupé de savoir s’il était consentant.