CINEMA : Het Diner, la violence est un plat qui se déguste en famille

Inspiré du bestseller éponyme d’Herman Koch (2009), Het Diner met en scène deux frères issus de la classe aisée d’Amsterdam. Le premier est un ancien prof d’histoire viré de son collège suite aux propos tenus devant ses élèves, le deuxième est un arriviste, politicien ambitieux en pleine campagne électorale. Par un soir pluvieux, ils se retrouvent dans un restaurant chic, accompagnés de leurs épouses. Entre les plats gastronomiques et les dialogues faussement anodins, on finit par découvrir le véritable motif de ce dîner sous haute tension : leurs fils respectifs, deux ados d’apparence tranquille mais en réalité perturbés, viennent de commettre l’irréparable. Au JT, les images insoutenables passent en boucle, sans que l’on puisse reconnaître les visages des coupables.

Les quatre adultes se retrouvent alors en total désaccord face à ce drame de société qui menace leur clan familial. Jusqu’où seront-ils prêts à aller pour défendre leurs enfants ? Et, plus largement, quelle réponse apporter à une violence qui s’est généralisée ? Qu’elle soit extrême, comme dans l’acte gratuit et abjecte qu’ont commis les deux garçons, ou plus insidieuse et subtilement distillée, comme dans le couple et la vie quotidienne.

Het Diner aurait pu être un film très réussi si la mise en scène avait pris la forme d’un huis clos, oppressante radioscopie de la société névrosée qui est la nôtre. Malheureusement, ce n’est pas le cas. La tension psychologique se disperse au gré de l’action, passant sans arrêt du moment présent au flashback. Partagé entre les dialogues pas toujours percutants et les pensées intimes des protagonistes, le propos, pourtant très prometteur, se perd à son tour… Dommage.

Het Diner, de Menno Meyjes, Pays-Bas 2013, sorti le jeudi 7 novembre.