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Chronique: Arcade Fire – Reflektor

Publié le 07 novembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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(Merge/Sonovox Records)

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Il faut dire la vérité, les fans de musique indépendante, que l’on peut aussi assimiler au mouvement de la hype, sont la pire espèce de carnes existante sur cette Terre. Il suffit que vous vendiez un peu de disques, que vous soyez adulés partout ou que vous glaniez une récompense pour qu’on commence à vous trouver des défauts alors qu’on vous portait aux nues au début de votre carrière.
A dire vrai, il n’y a qu’un seul groupe qui échappe encore aujourd’hui à ce courant de pensées dégueulasse et il s’agit d’Arcade Fire. Pourtant, les canadiens remplissent les conditions sine qua non de la rage gratuite. Un premier disque (Funeral) considéré comme l’un des tout meilleurs de la décennie précédente, puis un troisième (The Suburbs) acclamé par la critique et récompensé aux Grammys. Alors pourquoi cette immunité ? Peut être parce qu’ils mettent tout en œuvre pour faire de la bonne musique, tout simplement. Et ce Reflektor, nouvel opus, ne déroge pas à la règle.

Ce quatrième album en un peu moins de dix ans prouve que l’on peut traverser cette décennie de folie où la musique est devenue une consommation fast food, sans perdre de son éclat. Pas besoin de multiplier les sorties, pas besoin d’en faire des tonnes, il suffit d’utiliser les moyens adéquats du moment pour réussir son coup, que ce soit dans la communication autour du disque et, bien sûr, dans la qualité de l’album en lui-même.
L’équipe à Butler s’est rappelé à notre bon souvenir à la fin de l’été avec un premier single, au titre éponyme, censé montrer la voie de ce que Arcade Fire allait proposer pour ce nouveau bébé. Une promo réussie avec un clip interactif sur un morceau co-produit par James Murphy de LCD Soundsystem avec une apparition de David Bowie. Joli coup.

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Arcade Fire – Reflektor

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La venue de deux habitués de l’électropopdisco sur ce premier extrait n’est pas qu’un simple coup marketing mais vient présenter la direction musicale prise par le groupe pour cet album. D’ailleurs Murphy se retrouve à la co-production des trois-quarts du disque. Le but, apporter des couleurs un peu plus chaudes à une équipe plus habituée à nous emporter dans des torrents de pop certes belle mais pas franchement joyeuse.
Et le mariage des genres entre gens talentueux marche quasiment toujours, preuve ici. Les nappes de synthés, le son rond du bidouilleur de LCD se mélangent parfaitement avec l’instrumentalité d’Arcade Fire. Le plus dur est en fait de trouver un équilibre entre les deux, sans que l’un n’empiète trop sur l’autre. C’est sûr que si vous n’aimez pas la musique discopop à pleine basse de Murphy, c’est dérangeant, mais rien que pour voir nos amis canadiens s’éclater sur le petit bijou Here Comes the Night Time et sa mélodie des îles, ça vaut forcément le détour.

Mais les deux camps ont l’intelligence de ne pas vouloir en faire trop. Au lieu d’imposer leur musicalité respective, ils laissent de la place pour que l’autre vienne s’intercaler, ce qui ne rend la chose qu’encore plus riche, plus épaisse au niveau de l’orchestration. C’est tout à l’honneur d’AF de se laisser guider ainsi pour mieux apprivoiser un univers qu’il n’est pas tout à fait le sien au départ du jeu. Ne pas croire pour autant qu’ils restent passifs, se reposant sur leur habile capacité d’adaptation.
Si on peut difficilement ne pas reconnaître la patte LCD sur des Porno ou Supersymmetry, Arcade Fire garde bel et bien les rênes la plupart du temps. Les trois morceaux finaux de la part.I (l’album est séparé en deux cd’s) s’inscrivent dans un registre pop-rock plus « naturel » pour le groupe, notamment You Already Know à l’étiquette AF bien attachée. Mention au passage pour l’excellent et énervé Joan of Arc, petit tube décomplexé qui risque de faire bien mal en live.

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Arcade Fire – Here Comes the Night Time

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Arcade Fire – Joan of Arc

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On retrouve également l’esprit poétique et finalement sombre du groupe, notamment sur la part.II, un peu moins grandiloquente dès l’introduction. AF revisite par exemple le mythe grecque d’Orphée à sa sauce sur deux titres successifs. Pour les moins érudits, l’histoire du poète et musicien n’est pas la plus joyeuse de l’histoire (checkez sur Wikipédia si ça vous intéresse). Les thèmes abordés sont souvent liés à l’amour et tout un tas de trucs mélancoliques qui collent toujours à la peau de la bande.

Sur ce genre de titres et sur la fin du disque, Murphy a pour rôle d’enrober le tout d’une sorte de pâte un peu lourde mais nécessaire pour apporter de la profondeur. Un peu comme les nouveaux Milka. Le chocolat suffit à la gourmandise mais l’apport du caramel derrière ne fait que rajouter une autre couche de plaisir gustative. Le tour de force ici c’est que ce n’est jamais écœurant, on est dans le tout juste. Lorsque le groupe a déjà fait le travail, le producteur n’a pas besoin d’en rajouter énormément et vice versa. L’exemple le plus marquant est sans doute Afterlife, second single lancé avant la sortie du disque, où les univers d’Arcade Fire et Murphy viennent se rencontrer au point le plus central. Un morceau parfaitement intelligent juste entre folk et électro-disco.

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Arcade Fire – Afterlife

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Avec ce disque réussi en tout point, Arcade Fire continue son ascension sur le toit de la musique actuelle. Loin des strass et des paillettes mais proche des étoiles, le couple Butler-Chassagne et leurs amis viennent peut être de réaliser leur disque le plus accompli et le plus complet. Avoir l’intelligence de se renouveler tout en gardant le socle de départ, c’est très fort. Les jaloux peuvent jalouser.

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4.5

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Tracklist:
1. Reflektor 7:33
2. We Exist 5:45
3. Flashbulb Eyes 2:56
4. Here Comes the Night Time 6:13
5. Normal Person 4:26
6. You Already Know 3:59
7. Joan of Arc 4:58
8. Here Comes the Night Time II 2:53
9. Awful Sound (Oh Eurydice) 6:15
10. It's Never Over (Oh Orpheus) 6:40
11. Porno 6:02
12. Afterlife 6:00
13. Supersymmetry 11:17

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