En grève depuis mi-octobre, aujourd’hui, 7 novembre, les Sages-femmes ont décidé de faire entendre, aux Pouvoirs publics, leur manque de reconnaissance, aussi bien en termes de statut médical et hospitalier, de reconnaissance dans le parcours de soin des femmes, que de rémunération et de responsabilité dans la gouvernance hospitalière.
6 organisations professionnelles ont appelé ces professionnelles de la santé de la femme à défiler jusqu’au ministère de la Santé. La délégation espère être reçue par la Ministre de la Santé,…en déplacement en province.
Les Sages-femmes réclament depuis plusieurs années,
- une reconnaissance de leur statut, une reconnaissance à la hauteur de compétences médicales très particulières, accompagnées de nombreuses responsabilités médicales et légales, un rôle important de conseil, d’éducation et de prévention;
- la revalorisation de leur rémunération, bloquée depuis 2002, qui dans le privé, reste proche de 30.000 €- Aujourd’hui, 10 % des sages-femmes libérales percevraient moins de 20.000 europar an-;
- la visibilité de leur activité et de leurs responsabilités en structures hospitalières, et plus de moyens, car leur responsabilité va bien au-delà de l’accouchement. Cela passe aussi par l’augmentation du nombre de sages-femmes formées et des formations autonomes et distinctes de la filière médecine.
Des données confirment leur rôle majeur sur la santé des femmes, tout au long de la vie:
· Une enquête du Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) confirme la qualité de l’information pour la très grande majorité des femmes ayant accouché, délivrée par les Sages-Femmes lors de la préparation à l’accouchement.
· La même enquête confirme qu’1 femme sur 3 sera suivie par une Sage-Femme durant sa grossesse et l’unanimité sur la qualité du suivi est confirmée par des taux de satisfaction dépassant les 80%.
· Une récente étude de la Cochrane Review, parue en août 2013, affirme que « les soins obstétriques qui impliquent une sage-femme en tant que principale prestataire de soins entraînent de meilleurs résultats chez la plupart des femmes, selon une revue systématique publiée dans The Cochrane Library :
- Les femmes ayant bénéficié de soins continus tout au long de la grossesse jusqu’à l’accouchement dispensés par un petit groupe de sages-femmes sont moins susceptibles d’accoucher prématurément
- ont nécessité moins d’interventions pendant le travail et l’accouchement que lorsque la prise en charge de leurs soins était partagée entre différents obstétriciens, médecins généralistes et sages-femmes ».
· Pourtant, conséquence d’un statut réducteur des Sages-femmes en France, la morbimortalité maternelle et néonatale reste élevée en France, avec un taux de mortinatalité (naissances d’enfants sans vie) le plus élevé en Europe (9,2 pour 1.000 naissances).
L’organisation des soins dans d’autres pays tels que la Suède, les Pays-Bas ou encore l’Angleterre, aboutit à de meilleurs résultats en donnant une plus large place aux sages-femmes dans le parcours de soins des femmes sur l’ensemble de la vie.
Face à ces déficiences françaises, les sages-femmes ont organisé leurs "Etats Généraux de la Naissance" dans toute la France et remettent un cahier de doléances aujourd’hui à la Ministre de la Santé.
Sources: Organisation nationale des syndicats de Sages-Femmes (ONSSF) ou Ordre des Sages-Femmes, Union Nationale et Syndicale des Sages-Femmes (UNSSF)
Rapport EURO-PERISTAT 2013
Cochrane Review 2013, DOI 10.1002/14651858.CD004667.pub3. Midwife-led continuity models versus other models of care for childbearing women
Accéder aux autres actualités sur la Profession